Il est dix heures trente ce matin lorsque je chausse mes running pour partir me dégourdir les jambes.
Je sais que je suis un privilégié car mon point de départ se situe au 70 avenue de Paris, à quelques encablures du château de Versailles, 800m pour être précis. Autour de 0°, le froid mort, le vent est glacial et il me faut bien ces quelques minutes pour me réchauffer un peu sur le chemin qui m’emmène vers la demeure de Louis « the Sun King ». En passant devant les imposantes grilles du château, je m’aperçois qu’aujourd’hui c’est bien une journée à découvrir « activement » les jardins du château. Tous les touristes sont emmitouflé de la tête aux pieds et semblent littéralement frigorifiés. Pendant qu’ils font la queue pour prendre un billet leur donnant le droit de se réchauffer un peu dans les appartements de Louis et la Galerie des Glaces, je descends en direction du grand canal en passant devant le bassin de Latone fraichement rénové (en franchement sublime…). Ma chaudière naturelle fait son office, et ça va mieux, il fait presque bon, je me délecte de la fumée qui s’échappe de mon enveloppe. Je compatis aussi du sort de toutes ces statues de marbres et de tous ces bronzes qui se voient couvert d’austères bâches grises chaque hiver pour les protéger du froid… Et dans ma folie romantique, je rêve qu’elles puissent un jour s’animer et déchirer leur camisole pour partir courir dans les jardins avec moi…
Mais nous ne sommes pas dans « Une nuit au musée » et je ne suis pas Ben Stiller…Je vais devoir m’acquitter de mon tour du grand canal tout seul… Pas plus mal sans doute, j’adore ça en fait… Un petit six kilomètres et malgré les années, toujours le même étonnement : au château et sur le parvis, ça grouille de monde quelque soit la saison mais dès que l’on s’éloigne ne serais ce qu’un peu, il n’y a pour ainsi dire plus personne… Les gens ont tord et cette « flémmardise » les perdra, je le sais bien… Car c’est du bout du canal que le panorama est le plus beau, une perspective avec une vue incroyable… La majesté, l’immensité et… la démesure de Louis XIV prend ici, « si loin si proche » tout son sens.
En remontant en direction du château, je ne peux m’empêcher de penser que, décidément, tous ces monarques n’étaient pas bien raisonnables… Certes… Mais c’est un peu grâce à eux que ma balade prend une telle dimension « culturo-mystique ». J’opine donc du chef en passant devant le statue de Louis XIV sur son cheval à l’entrée du parvis pour le saluer avant de m’éloigner sur l’avenue de Paris en direction de mon Lycée.
En partant, Je laisse aussi derrière moi la même file d’attente avec les mêmes touristes frigorifiés dont la majorité va sans doute passer à côté de l’essentiel de ce lieu incroyable aujourd’hui…
C’est ainsi, et pour être honnête, je n’en suis même pas vraiment triste…
Lorsque j’arrive devant Marie Curie, il y a là une partie de la classe que j’ai eu de 8h à 10h, j’ai aussi un petit geste pour eux. C’est normal, avec cette classe, tout tourne tellement bien que c’est aussi un peu grâce à eux que je chausse si aisément mes baskets chaque vendredi après leur avoir fait cours. Je leur dois bien ça!
Je le sais, beaucoup de gens diront en parlant de ce vendredi que c’était une journée bien pourrie avec un froid de canard, du grésil et une bise qui vous transperce de part en part… Moi, je retiendrais de cette journée qu’elle m’aura permit de « partir » librement pour contempler des siècles d’histoire et de culture. Pendant 1 heure et 5 minutes exactement, j’ai voyagé dans le temps en quelque sorte…
Sans DeLorean, avec juste une paire de basket, un jogging, un bonnet et des gants…
Pas si mal non ?