Bilan 2015 > Où se place le triathlon dans sa lutte contre le dopage.

2015 sera une année record en terme de performance en Ironman. On compte 11 sub-8 cette saison, soit pratiquement le double de l’ancienne marque (6 en 2009 et 2013). Ce chiffre peut s’expliquer par un circuit de plus en plus compétitif et dense, ajoutez une offre plus grande avec des parcours rapides comme Ironman Brésil.

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Si le triathlon avait la même culture que le cyclisme, certaines données devraient leur permettre de mettre en doute la propreté de notre sport, non? Est-ce que le sport triple est vraiment différent des autres sports? Notre sport ne peut pas compter sur des journalistes où des scientifiques du sport analysant tous les gestes et méthodes de nos pros. Pourtant, certaines données sont très alarmantes puisqu’un amateur sur cinq avouait se doper lors d’une étude allemande (sous anonymat).

Retour sur le passé, une histoire pas si propre.

La première championne olympique de l’histoire du sport triple, Brigitte McMahon sera contrôlée positive en 2005 pour EPO, Nina Kraft gagnante en 2004 Kona sera aussi contrôlée positive à l’EPO un mois après son titre mondial. Double champion du monde ITU, Dmitry Gaag, tombera aussi cette substance en 2008. On était alors dans une logique où gagner pouvait appeler à la suspicion.

Plus tard, les rares pros qui tomberont seront des athlètes moins titrés comme Virginia Berasetgui, Lisa Hutthaler et Mark Fretta. Dans ces cas, on ne parle plus d’athlètes familiers à la victoire, mais à des élites dans la précarité qui se battent pour se faire une place au soleil.

Dans ces cas, c’est généralement leur agence antidopage nationale qui est l’investigateur et non l’agence mondiale. Autre exemple, José Jeuland se fera contrôler positif (accidentellement ou pas…) lors d’une compétition nationale alors qu’il évoluait sur le circuit Ironman.

Septembre 2009, profitant d’une réforme de son circuit, en supprimant l’accès gratuit à ses courses aux pros, la WTC introduit un système d’adhésion afin de financer un programme antidopage. Coïncidence ou pas, il y aura un recul dans le nombre de sub 8 cette année-là.

Ironiquement, quelques mois plus tard, Lance Armstrong sera invité par Andrew Messick (CEO Ironman et ancien organisateur du Tour de Californie – cyclisme) de prendre part au circuit Ironman malgré les suspicions sur le septuple vainqueur du tour de France. C’est finalement le propriétaire de le WTC qui mettra un terme à l’accord avec le cyclisme texan.

Cet épisode aura scindé la communauté en deux. Certains pros critiqueront ouvertement l’initiative d’Ironman et mettront en doute leur sincérité dans leur lutte contre le dopage.

Dans les faits, malgré son association avec la AMA (agence mondiale antidopage), le programme n’a toujours pas trouvé d’athlètes positifs majeurs. La dernière en date est la professionnelle, Morgan Chaffin pour stéroïde lors d’un test d’après course à Ironman Boulder.

Comme en athlétisme ou en cyclisme, les athlètes qui tombent sont ceux qui sont les moins sophistiqués dans leur dopage. De plus, connaissant les conséquences financières suite à la dévaluation d’un contrôle positif, on se demande toujours si les annonces des cas positifs ne sont pas simplement des opérations marketing. Il est nettement plus facile de faire tomber des petits que des gros.

Alors, est-ce que l’on peut réellement parler d’une culture plus saine en triathlon? Certains aiment avancer que le dopage serait trop cher pour accéder à de l’EPO. Bruno Lanzaretti et Thomas Lawaetz, deux AGs superstars dans leur pays (Brésil, Danemark) se feront pourtant attrapés avec cette substance. Il ne faut pas oublier cette fameuse étude allemande qui évoque le chiffre d’un athlète AG sur cinq.

Il est donc très facile de tomber dans un certain scepticisme puisqu’il est très facile de contourner le système et qu’il n’y aucun désir de re-tester des échantillons sous de nouveaux protocoles. Les hormones de croissance et stéroïdes sont très facilement accessibles sur internet. Certaines substances ne laissent aucune trace après quelques heures, sachant qu’un athlète sous ADAMS (système de localisation) doit se rendre disponible à des tests à une heure fixée, l’exercice est logistique. Il est donc totalement justifié que certaines instances comme l’UCI souhaitent désormais tester durant la nuit. À cela, il faut ajouter des pratiques où l’athlète s’assurent de se baser dans les lieux très difficiles d’accès (Iles, hotels en altitude).

Les chiffres pour 2014.

Malheureusement, et comme toujours, ils sont très difficiles à interpréter puisque les agences nationales n’ont pas de pratiques uniformisées. Certaines nations ne reconnaissent le circuit Ironman et ne testent donc pas ces athlètes élites. Dans le cas où l’athlète n’est pas sur le « pool » Ironman, il est impossible de le contrôler hors compétition. Il est donc libre d’utiliser des substances durant son cycle de préparation. Durant notre enquête, on a découvert que certains produits ne doivent pas être consommés pour plus de 4 mois où les effets sont alors néfastes.

Dans le cas où un athlète est reconnu pour ses performances et représente une nation avec des moyens ou une mauvaise réputation, l’ITU dispose d’un groupe ciblé d’athlètes pour faire face à cela. Pour mettre en perspective, des nations comme l’Azerbaïdjan ou l’Ukraine ont fait moins de 10 tests tous sports confondus. D’après son rapport financier, l’ITU investit plus de 200 000 euros pour la lutte contre le dopage.

Pour Ironman, impossible de connaitre les détails comme la répartition entre amateur et pro. De plus, les agences nationales n’ont aucun intérêt à mettre leurs athlètes Ironman sous le passeport biologique.

Dans la lecture de ce graphique, il faut donc faire très attention puisque les tests des agences nationales sont en très grandes majorités à attribuer au circuit ITU et non Ironman.

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À la fin, on est toujours dans le flou, et dire que la lutte antidopage en triathlon est sous contrôle est très questionnable. Les chiffres d’Ironman sont probablement gonflés sur des contrôles hors compétitions qui sont désormais devenus des exercices de style à Ironman Frankfort et Kona.

Cela ne signifie pas que les meilleurs athlètes ne sont pas propres, mais bien qu’un athlète avec de mauvaises intentions à de l’espace pour agir.

 

1 commentaire
  1. …ce n’est le des monde bisounours, la lutte contre le dopage coûte cher, beaucoup trop cher, les instances quelles qu’elles soient ne veulent pas gréver leur budget, uniquement dédié à leur enrichissement et à leur promotion, la santé des athlètes, ils s’en foutent complètement, pour « marcher » le passage est obligatoire par des substances qui ont déjà fait leur preuve en période des tristes guerres passées, des produits terriblement efficaces, disponibles et toujours d’actualité… puisque toujours utilisé notamment par les kamikazes qui se font exploser, cela va bien au delà du monde sportif….toutes sorte de dérivés de méthamphétamine…..
    Pervitine, Bezédrine, Scopolamine, Captagon, Ritaline…..une liste bien sûr non exhaustive à la portée de n’importe quel abruti !