Édito > Boucler la boucle.

Le titre n’est pas de moi, mais, repris du dernier édito d’un journal local que j’aimais bien. En fait, j’ en étais assez admiratif et donc jaloux. Vu la conjoncture actuelle des médias, avoir l’audace d’offrir un magazine imprimé, gratuit et en couleur, c’est devenu un combat en soi.

Dans cette vague où tout est buzz, pour se faire une place, il ne faut plus dans le journalisme, mais bien marquer son territoire avec des procédés de vendeurs de voitures. C’est quelque chose qui tourne d’ailleurs en boucle dans ma tête et je rêve toujours de trouver une parade.

Enfin bon, dans cette publication, on retrouvait de la publicité supportive, un ton très littéraire qui ne prenait pas ses lecteurs pour des cons, des articles distincts, étonnant, non? N’est-ce pas aussi le but de Trimes? Un ovni dont j’étais jaloux et qui me faisait aussi croire qu’il y avait encore de la place pour une presse différente (ou comme avant) et qui respectait les règles avec honneur.

Malheureusement, ce fameux « boucler la boucle » exprimait la fin de leurs aventures. Seconde ironie, l’un de ses contributeurs est un acteur de la scène triathlétique québécoise avec qui je travaille régulièrement. Tu sais, une personne discrète qui ne se vante jamais, mais dont tu apprends par ses collègues qu’il court le marathon sub 2:40 et qu’il est assez utopiste pour être à la tête d’un club de course à pied gratuit… Lorsque je lui ai parlé de cet arrêt, aucune déception, au contraire, au lieu de se plaindre des éléments extérieurs, il sait que l’avenir lui appartient.

Le constat est pourtant toujours le même, comment créer un environnement stimulant pour une nouvelle publication. Est-ce qu’il y a tellement la place pour faire de la qualité? On ne veut pas devenir la publication la plus populaire du triathlon, mais bien celle qui se contente d’être plus curieuse.

Tout cela m’a fait réfléchir… Et puisqu’on vient de boucler l’année 2015, voici notre bilan pour l’avenir.

La boucler…

J’ai passé les deux dernières semaines en retrait pour m’accorder du temps et faire le point. Comme dans le sport, le recul permet souvent de se retrouver. Durant les temps des fêtes, j’ai retrouvé un espace pour regarder de la télévision intelligente. C’est drôle, mais je suis tombé deux fois sur des documentaires sur la danse classique. Un portrait de l’intérieur fascinant où les défis sont pratiquement les mêmes que dans le sport d’élite sous une fédération. À la fin, ce sont des belles expériences humaines. Tout cela pour dire que je me suis rappelé de ces moments de lectures ou télé qui m’ont changé et qui ont créé des vocations en moi. Ce n’est surement pas dans la proposition populaire qu’on inspirera les grands hommes et femmes de demain. Malheureusement, il y a des sacrifices à faire pour être le messager. Tout cela pour dire qu’on est plus décidé que jamais à jouer ce rôle parce que l’on est conscient de ce qu’on apporte (ou pas).

Budget pas bouclé.

À force de vouloir la boucler sur notre réalité, et parce qu’on ne voulait pas jouer en boucle la même chanson. Trimes a toujours besoin de trouver un financement. Même si la situation s’améliore, on a atteint le cap des 200 abonnés. C’est seulement 20% de notre objectif annuel. Faites le calcul, à 20 euros la contribution, avec nos déplacements, il ne reste pas lourd. À vrai dire, sans l’aide de Triathlon Québec, le voyage à Chicago n’aurait pas eu lieu. Couvrir des courses sur place n’est pas l’idéal, mais cela reste un exercice nécessaire pour reprendre contact avec les acteurs.

Malheureusement, sans publicité et VOUS, Trimes ne peut pas vivre. On est conscient qu’on doit livrer la marchandise avec du contenu distinct. Évidemment, on est conscient que vous êtes très sollicités, mais on sait aussi que Trimes est devenu un rendez-vous quotidien…

De plus, sans votre aide, l’aventure serait en danger, mais aussi son indépendance. Publier des communiqués de presse où des articles avec des arrangements commerciaux et se vanter d’être gratuit, ce n’est vraiment pas le chemin que l’on veut prendre.

Petite information, Trimes n’a jamais reçu de compensation pour écrire sur un sujet. On n’a aucun arrangement…

La boucler…

Y a pas mal de sujets où il faut nous retenir tant qu’on déplore certaines attitudes, pratiques et récupérations de certains faits. L’expression, réécrire l’histoire n’a jamais été aussi populaire.

Trimes n’est pas parfait, mais on préfère se rappeler de nos bons coups comme celui sur le fameux José. Sans Trimes, on peut imaginer que la tournure médiatique aurait été très différente. À plusieurs reprises, il y a eu des initiatives pour nous la boucler. Se retrouver au poste, même en n’ayant rien à se reprocher, cela fait réfléchir. D’autres personnages notoires semblent être dérangés par nos propos. Malheureusement, on ne peut pas contrôler le climat par les communiqués. Si le sport n’évolue plus, faut-il s’en contenter?

Certains font les malins en s’auto proclamant la seule publication francophone… Vu nos chiffres, Trimes est aussi gratuit et surtout libre… on se comprend, ou pas.

Dans la boucle…

Alors, pourquoi continuer? Nous les selfies, cela ne nous intéresse pas, le traitement du sport ne passe pas par des romans-photos. Dans cette aventure, se faire accepter par des gens qu’on apprécie a toujours été une reconnaissance fondatrice du projet. Lorsque des scientifiques du sport, des techniciens de fédérations étrangères ou des élites te félicitent pour ton travail, savoir que tu contribues à quelque chose de bien, ça fait du bien…

À Chicago, on faisait le calcul, en tout, dans les abonnées, on retrouvait deux champions du monde de leur catégorie. 2 médaillés au classement de la série mondiale, pour un total de 6 sous 3 nationalités différentes (Jr, U23, elite). À cela, tu peux en ajouter 4 qui ont fait top 8 en WTS.

Évidemment, dans tout cela, la plus belle reconnaissance qu’on a eu est celle d’une personne qui est récemment disparue. Cela aussi, cela tourne en boucle tant cela reste difficile à accepter. Et pour être honnête, je me passe aussi en boucle ses conseils. Il y aura toujours cette loi Lolo sur trimes, soit celle de partager et de donner une vision positive et juste du sport. Le plaisir est dans l’accomplissement et la liberté.

Trimes a aussi accès à certaines ressources. On apprécie pouvoir dialoguer et échanger avec eux. Pour certains, notre ton éditorial a changé. Dans les faits, on est tout simplement mieux informer. Est-ce que l’on devrait critiquer plus les institutions, évidemment, mais pour cela, il faut des vrais arguments et non juste des impressions. Nous, on veut surtout questionner et ouvrir les débats. À la fin, certains gestes sont plus réfléchis et tout le monde y gagne.

La boucle Trimes…

Une autre très grande fierté, c’est que Trimes regroupe de plus en plus de collaborateurs. La liste devient de plus en plus longue. Xavier Garcin est toujours à l’origine de tout, sans lui… Il est le rêveur et moi le rationnel, tous les deux, on a le besoin de se convaincre et de raconter des histoires. D’autres se rajoutent et on est vraiment heureux d’offrir plusieurs opinions.

Le bouclage…

L’actualité du triathlon est quelque chose qui tourne en boucle ronde. Il est facile de boucler tout cela puisque le lecteur est en renouvellement constant, les anciens sont constamment remplacés par les jeunes. Les sujets tournent en boucle. À chaque année, retour des plans, retour du questionnement sur ce qu’il faut faire durant l’hiver, les triathlètes de l’année à élire, vaste blague. Sérieusement, le triathlon est tellement riche, pourquoi tomber dans cette facilité et continuer à tourner autour du pot quand on peut y plonger?

Notre boucle…

Est-ce que Trimes peut développer un propre savoir-faire? Honnêtement, on est très fier de certaines de nos pratiques comme les fameuses, on refait la course avec ou les sessions d’élite, la chronique de Xa’. On n’a rien inventé, mais notre curiosité nous a probablement permis de remettre tout cela dans la chaine. C’est d’ailleurs notre objectif pour 2016, que tout cela tourne plus rond.

Fin de la boucle.

On vous souhaite une excellente année pleine de liberté et de dépassement personnel.

2 commentaires
  1. Bon courage, même si ce n’est pas facile, mais votre ton est le seul qui parle vraiment du triathlon et de ses facettes, donc je vous souhaite du courage pour l’avenir!