Il y a des époques où c’est comme ça, ma fille de 5 ans a décidé qu’elle avait peur du noir, je dois obligatoirement l’accompagner pour passer du salon aux toilettes. Tout cela s’est développé naturellement, parce qu’elle sait qu’il faut être prudent dans la vie, elle n’a pourtant vécu aucune situation traumatisante dans cet environnement. Elle sait très bien qu’aucun monstre n’émergera. Cela reste un besoin. Et il y aura un retour à la raison…
Dans les derniers mois, il y a beaucoup de choses qui sont arrivées et l’on va préférer dans notre cas, se concentrer uniquement sur le sport, enfin sur le fameux sport business. Tu sais le secteur d’activité dans lequel tu voudrais faire carrière, avec le simple rêve de vivre de notre passion, mais paradoxalement c’est aussi lui qui même sans cesse ton amour pour le sport en danger. Il génère des peurs, jusqu’à en perdre la raison. Mais, c’est quoi au juste?
C’est la commercialisation de l’activité physique. Malheureusement, qui dit argent, dit prise de contrôle et jeu d’influence sur les masses. L’objectif est sans cesse de rassembler les masses et pour cela, il faut faire dans l’impression. Le sport business ne se contente pas de vous voir actif, il vous veut dans ses rangs.
À ce jeu, les différentes disciplines sportives sont en compétition entre elles, les organisations ne se contentent plus de développer une discipline, ils se font compétitions. Comment rendre attirant un sport à un type de clientèle, tout est emballé et segmenté.
Les derniers scandales en matière de corruption démontrent bien que dans ce rapport, sport business, c’est bien le côté mercantile qui l’a emporté. Les décisions sont trop prises sur des aspects financiers et on se retrouve dans un jeu de pouvoir constant.
Il y a de quoi avoir peur sur l’avenir, mais dans la réalité, cela a simplement réveillé notre instinct de prudence, la raison l’emportera. À ce niveau, on voit désormais un réveil dans le monde journalistique. Les vrais ne veulent pas tomber dans la didacture du Buzz. On doit se réjouir qu’il n’y a plus de jardin secret. Le journal anglais, The Gardian multiplie les papiers attaquant les fiertés britanniques. On peut déjà imaginer que le nouveau président de l’IAAF, Sebastian Coe et pourtant britannique, ne restera pas longtemps à la barre.
C’est aussi grâce à eux et à un journaliste de l’ARD si la Russie s’est fait exclure des jeux Olympiques de Rio en athlétisme. Action, réaction. Des événements négatifs suscitent des changements qui sont plus souvent positifs.
Il ne faut jamais oublier cette règle, si les instances craignent tant de dévoiler des athlètes positifs, cela démontre bien que notre perception face à un sport peut très rapidement changer.
Enfin, revenons au triathlon. Ironman qui organise des courses de la série mondiale (ITU) en 2016. C’est une nouvelle majeure. Le groupe chinois Wanda, vient tout simplement d’avaler deux organisations majeures, soit la WTC (Ironman) et Lagardère (organisatrice de 5 courses de la série mondiale ITU). Chose certaine, cette acquisition n’est pas pour l’amour du sport, mais bien une occasion d’affaires. Le consensus est là depuis longtemps, il existe un boom face au sport d’endurance, dans la réalité, c’est surtout le plus profitable. On est clairement dans le sport business. Il est donc évident que les décisions seront faites pour atteindre une rentabilité. À ce jeu, plusieurs courses ironman ont disparu parce qu’elles n’étaient pas rentables et dévaluaient l’expérience. À ce fameux terme insaisissable qui créé tant d’attente.
Dans mon entourage, cette acquisition de Lagardère est très mal vécue, certains m’ont dit que cela signifiait tout simplement la fin de la mission de l’union internationale soit de développer la popularité de ce sport. Pour beaucoup, cela signifiait que les inscriptions pour la courte distance allait exploser.
Face à tout cela, il faut prendre du recul. Est-ce qu’il a réellement de quoi avoir peur? Le succès d’Ironman est basé sur des événements dit « premium » avec des tarifs en conséquence. Ce qui est le plus étonnant, c’est qu’à peine le rachat de la WTC effectué, Wanda sport a fait son rapport. Le marché de la longue distance est en pleine saturation et qu’elle doit donc acquérir des événements premium en courte distance avec la série mondiale.
Cela risque d’étonner certains, oui, Ironman est sur le déclin, enfin disons que la demande ne dépasse plus l’offre. La réalité est très simple, à quelques exceptions, faire un ironman, c’est l’expérience d’une fois. C’est un peu comme sauter au parachute ou à l’élastique, rares sont ceux qui sont multirécidivistes. Cette clientèle s’est rapidement tournée vers d’autres sports comme le trail, et même le Swin-Run.
En fait, pendant toutes ses années, Ironman ne pouvait pas faire directement la promotion du sport, mais uniquement de son offre, soit de l’ironman. À ce jeu, cela a développé une culture très exigeante, avec ses codes et ses contraintes et qui n’exprime plus la liberté. Lorsque le dépassement de soi est acquis et consommé, l ‘investissement sur plusieurs domaines n’est tout simplement pas tenable. L’amour ne dure que 3 ans? Probablement. Est-ce que cela pourrait être différent, probablement, mais pour cela, il faudrait changer tout une culture. Dans les couloirs, on nous dit que c’est d’ailleurs la véritable raison de l’université Ironman. Mieux former l’athlète pour que son expérience soit plus saine et donc plus fidèle. Ah!
Les chiffres sont pourtant là, à chaque course Ironman, c’est tout simplement 1 athlète sur 2 qui en sera à sa première expérience, cela signifie tout simplement que le taux de rétention est très faible. Demander 700$ pour un ironman, c’est une folie que tu peux faire, mais après? Malheureusement, c’est aussi le cas pour la courte distance. Démographiquement, rares sont ceux qui s’alignent à plus de 2 courses par an.
Alors, en tout logique, Ironman a désormais le sentiment que pour développer une clientèle plus fidèle, elle doit se diverser en proposant plusieurs distances. Rassurez, comme l’a mentionné Andrew Messick, leur but n’est pas d’organiser tous les triathlons du monde et de prendre le dessus sur l’ITU. On est plutôt dans la logique de l’aphone. Le but d’Apple n’est pas de s’accaparer tout le marché, mais d’être considéré comme le produit référence par sa qualité, mais aussi comme un signe de reconnaissance sociale.
Comme beaucoup de gens le savent, si Apple ne reste pas un innovateur ou ne répond pas aux besoins de certains, cela laissera de la place aux autres.
Le système est donc simple, Ironman veut les courses qui sont les plus rentables au monde. Mais qu’est ce que cela signifie réellement pour la WTS?
On ne se le cachera pas, la série mondiale de l’ITU sont des courses qui coûtent extrêmement chers à produire. Rares sont les villes qui ont su garder leurs courses au calendrier. D’ailleurs, les villes américaines ne se précipitent plus à la porte. Ces courses sont donc à considérer comme un investissement où seules des villes comme Hambourg et probablement prochainement Leeds se démarquent. On est toujours dans un marché à potentiel qui doit surtout bénéficier du financement des gouvernements. Du sport business, au sport tourisme.
Lagardère n’a probablement pas lâché le morceau pour rien. Ironman veut jouer la carte de la synergie et réunissant deux mondes qui étaient avant opposés. D’ailleurs, dans le passé, l’ITU a poursuivi Ironman pour une histoire de mot. L’actuelle président de l’ITU est plus ouverte, et elle sait très bien que cette division historique ne fait que de diluer le message.
Alors pourquoi Ironman voulait tant ces courses ? D’après les propos d’Andrew Messick at TBI (Triathlon Business International), c’est avant tout l’aspect médiatique de la série mondiale qui les intéressaient. Ils prennent effectivement le contrôle sur les images et les diffusions télévisées du sport. Plus que jamais, ils seront responsables de la visibilité du sport.
Est-ce qu’ils pourront contrôler le message pour le propre intérêt (business) et non selon du sport (ITU). Autre aspect important, l’ITU reste le chef d’orchestre puisque les deux partis sont liés par un contrat. La WTC doit organiser aux minimum 5 courses de la série mondiale par saison et jusqu’en 2020. Ils ne peuvent pas prendre la main sur tout.
L’ITU garde donc le pouvoir et pourrait donc se séparer si les choses ont des mauvaises tournures. Cette peur qu’Ironman prenne le contrôle sur l’intégralité de notre sport n’est ni fausse ni vraie.
Il faut voir Ironman comme un fournisseur et non un décideur. Tout changement au fonctionnement de la série mondiale placera cette nouvelle union en danger.
Mais à la fin du compte, si la WTC se trompe dans le produit qu’elle offre en rendant l’accès au sport trop difficile, elle en payera les conséquences. Chez Trimes, on préfère voir cela comme un nouveau départ pour cette nouvelle organisation qui englobe trois géants du sport (Lagardère, Infront et la WTC). Avec tout ce savoir, est-ce que l’on peut rêver?
N’oublions pas qu’avec l’annulation de 5 courses en Amérique du Nord pour 2016, la WTC a reconnu ses erreurs. Est-ce que l’on peut effectivement parler d’un retour à l’équilibre? Malheureusement, la rentabilité a primé avant l’accessibilité. Est-ce que se modèle pourra se justifier aussi pour la courte distance, on ne le croit pas.
Tout cela pour dire que oui, cela peut alimenter nos peurs, mais que la raison finira tout de même par s’imposer. Il faut espérer que cet équilibre se manifestera rapidement.