Poissy Triathlon venant d’annoncer sa nouvelle formation, on a profité de l’occasion pour faire le point avec Gregory Rouault et parler de ses nouvelles fonctions de manager et d’entraîneur avec le club de Poissy Triatlhlon. Voici donc notre entretien avec cet ancien gagnant d’une coupe du monde (Edmonton 2013).
Ta carrière s’est arrêtée brutalement, suite à des problèmes abdominaux, tu t’es rapidement tourné vers le coaching, est-ce que c’était quelque chose que tu avais envisagé longtemps à l’avance ?
J’ai dû m’arrêter à cause d’un problème au ventre qui m’a handicapé une grande partie de ma carrière. En 2014 la douleur est devenue insupportable et j’ai donc décidé d’arrêter. Je n’avais pas prévu de me lancer dans cette expérience d’entraîneur pour être honnête. J’avais surtout prévu de faire une belle saison en 2014 après la meilleure préparation de ma carrière :/ Après il fallait rebondir et trouver un nouveau challenge et c’est donc venu naturellement car j’étais très attaché à mon club, aux dirigeants et aux adhérents. Je suis quelqu’un de passionné et je me suis toujours intéressé à l’entraînement et à mon sport. Dans ma carrière, j’ai toujours aimé partager avec les plus jeunes. Quand je m’entraînais sur Poissy, j’allais souvent voir les compétitions des jeunes… je me rappelle, du reste, de la première fois que j’ai vu Tom en compétition… sur un sélectif de Duathlon à Epinay en 2009.
As-tu l’impression que ton passé d’athlète de haut niveau te permet d’avoir un avantage sur des coachs sans passé, en terme de connaissance des sacrifices, de développement et sur l’aspect psychologique du sport. J’imagine aussi que c est à ton avantage d’avoir un palmarès, cela permet d’obtenir un lien de confiance avec tes athlètes…
Je ne pense pas… la clef c’est ma passion pour la performance et pour le partage avec ceux que j’aide. Etre coach c’est un job ingrat… je pense que celui qui veut le faire et être bon doit l’avoir dans le sang. Il doit se donner à 100%, avoir ses convictions et sans cesse trouver des moyens de progresser… il ne faut jamais s’endormir… Après c’est certain, j’ai un certain vécu et j’ai pu côtoyer de très grands athlètes à travers ma petite carrière ce qui me donne une expérience fournie mais je reste convaincu que l’important c’est le feeling avec les athlètes et le niveau d’investissement qu’on leur donne afin qu’il progresse dans le sport et dans leur vie d’hommes et de femmes.
D’ailleurs, ton rôle ne s’arrête pas juste au élite, non ?
Je suis aussi impliqué dans l’entraînement du groupe compétition avec Laura Cormier et je donne des coups de main sur les groupes masters ou jeunes. Cette diversité est un avantage à mon avis… ça permet de prendre du recul et d’enrichir mon expérience et de percevoir certains détails différemment. Après ça ce n’est que la partie entraînement… lol
Il a fallu apprendre très vite, non ?
Je suis un compétiteur dans l’âme… je veux être bon… je veux être le meilleur dans mon domaine… ça veut dire qu’il faut apprendre vite et surtout ne pas s’arrêter après les erreurs… j’en ai fait et j’en ferai d’autres mais j’essaie de les analyser à chaque fois pour ne pas les reproduire.
Est-ce que je me trompe mais Poissy multiplie les gestes pour être impliqué dans l’entraînement des élites ?
Ca a toujours été le cas du club… je me rappelle de ma première saison au club où nous étions au stage d’Antibes avec Tony, Jess, Brice, Jodie Swallow et d’autres. La force du club est dans ce mélange… Tom, Jérémy et bien d’autres avant en ont profité. Ça permet de montrer l’exemple au jeunes ou aux adultes et garder les élites sur terre. C’est une des valeurs du club qui m’est chère.
Profiter d’un environnement d’entraînement en regroupant plusieurs élites avec des objectifs communs, cela ressemble de plus en plus au D squad, non ?
L’entraînement en groupe est un de mes traits de caractère, je pense. Je l’ai énormément développé lors de mes années aux USA. Je pense qu’on peut faire tellement plus en travaillant ensemble. Ce n’est pas toujours évident car il vaut gérer les égos et les susceptibilités des individualités mais le travail en groupe permet de développer une réelle force qui fait la différence lors des grands objectifs. Ce n’est pas une squad mais ma vision du sport. Aujourd’hui, j’adore quand les cadets se mêlent aux séances des grands… c’est ça le sport pour moi… tout le monde s’y retrouve.
J’imagine que tu es influencé par le travail que tu as effectué sous Darren Smith. En matière de squad, as-tu l’impression que les mentalités sont en train de changer en France puisqu’on voit encore beaucoup d’athlètes s’entraîner dans leur coin.
Tout d’abord Darren, comme Jérome Dimitri, Boris Gros ou Dave Smith (mon coach d’athlé aux US) ont eu une influence sur le coach que j’essaie de devenir. Pour moi, le français a une culture individualiste et d’assistance avec le système associatif et les pôles. Il me paraît donc normal qu’ils ne soient pas beaucoup à s’entraîner en groupe. Le système français est un système qui marche pour beaucoup et qui ne coute pas très cher… partir dans une « squad » c’est un sacré budget, c’est un système privé… c’est un investissement énorme pour un résultat qui n’est pas assuré pour tous.
Maintenant, l’important pour un athlète est de trouver son équilibre. Certains ont besoin d’être seuls, certains ont besoin d’une structure resserrée autour d’eux, et d’autres ont besoin de partir… il faut juste déterminer quelle structure te convient le mieux aux bons moments de ta carrière car la vérité d’un athlète de 18ans ne sera pas nécessairement la même 5 ou 10 ans plus tard.
Et en matière d’entraînement, est-ce que tu penses qu’il faut modifier la répartition entre les sports ?
Encore une fois, c’est propre à chaque athlète. Moi je suis persuadé qu’il ne faut pas simplement courir énormément pour aller vite par exemple. Je pense qu’il y a des moyens pour « tricher » sur le km et éviter ou réduire le risque de blessure en impliquant les autres disciplines et la technique à pied. Après chacun est différent et il faut trouver le bon mix. Il n’y a pas de recettes magiques… il faut surtout savoir jouer avec les cartes que l’on a en main.
Peux-tu nous parler des nouvelles recrues qui arrivent à Poissy ?
Chez les filles, nous gardons notre base française avec Léonie, Cassandre, Sandra et Alexandra appuyées par nos petites jeunes (Florrie et Marine). Je pense que nous possédons de sacrées athlètes françaises épaulées par de super athlètes étrangères comme Andréa ou Vicky. En 2016, on va bénéficier de nouvelles recrues étrangères avec l’arrive de Gillian Backhouse et de Taylor Knibb. J’ai hâte de voir Taylor sur GP… ses qualités de nageuse-rouleuse pourraient vraiment bien se prêter au format du GP.
Chez les hommes, on ne va pas se cacher… on veut jouer la gagne. Avec Dorian, Aurélien, et Tom nous avions déjà trois français solides. On a fait un choix stratégique et c’est avec plaisir que nous accueillons Raoul Shaw et Anthony Pujades qui ont les crocs. C’est une bonne bande de potes et ils veulent faire un truc ensemble. Ils ont tous quelque chose à prouver. Ils pourront compter sur l’appui de Jérémy Quindos et des jeunes U23 comme Sam Laidlow et deux petits nouveaux Max Stapley et Aurélien Jem. Nous parions donc aussi sur l’avenir avec des recrues jeunes qui devraient briller chez cadets, juniors et U23.
Recruter des juniors, c’est un aspect nouveau, non ?
Non, ça a toujours été le cas. Il y a trois années le club a fait le pari d’aider Sandra Dodet (encore cadette) ou Cassandre (cadette) par exemple. Il y a 7 ans, le club avait fait le pari avec moi alors que je n’étais qu’un triathlète groupe d’âge vivant aux US. Avant, il y avait eu Etienne Diemunsch. Le club a toujours eu la vocation d’aider des projets jeunes ou des « challenges ». Max, Aurélien Jem rentrent dans cette lignée et je pense qu’ils vont en surprendre plus d’un en 2016.
Quels sont les athlètes qui s’entraînent la majorité du temps à Poissy ?
Il y a Tom, Jérémy et Léonie (qui passe aussi du temps sur montpellier) et des petits jeunes du groupe compétition. Après certains nous rejoignent durant des stages ou alors durant les weekends.
Est-ce qu’il y a réellement une volonté à investir plus dans les français ? C’est un choix qui peut paraître étonnant sachant que le règlement est devenu plus permissif l’année dernière et un club comme Sartrouville ne s’en prive pas.
Le recrutement des garçons est la meilleure réponse. Nous souhaitons une base française comprenant les valeurs du club appuyée par quelques étrangers (Andréa, Vicky par ex). qui sont au club depuis de nombreuses années et qui sont fiers de porter les couleurs jaunes et bleues
Est-ce que l’ambition et projet de Poissy a finalement changé ? Je veux dire par là, est-ce que l’ambition de Poissy dépasse désormais celle des Grand-Prix…
L’ambition est plus ou moins la même chaque année : être performant sur les deux tableaux au niveau des GP, être performant chez les jeunes, avoir des athlètes performants au niveau international, et avoir un club qui se maintient en bonne santé. C’est pour cela que l’on a recruté Dorian, Aurélien, Léonie, Anthony etc…Attention par contre, au niveau international, on ne pense pas que JO…il y a aussi les WTS, les championnats d’Europe etc…
Donc pour 2016, on souhaitera juste d’avoir des résultats à la hauteur de notre investissement à tous les niveaux du club et que tous nos athlètes s’épanouissent dans leur pratique. Il y en a plusieurs qui attendent 2016 pour se relancer ou bien pour enfoncer des portes…on est à fond derrière eux.