Caroline Martineau se fait trimer > Nouveau souffle sur le longue distance québécois féminin

Après une longue disette en triathlon longue distance au Québec, le niveau s’élève progressivement avec des athlètes fraichement arrivés sur le circuit, mais dont la progression semble très prometteuse. Avec son 9h37 à Ironman Arizona en novembre 2015, Caroline Martineau fait partie de ces athlètes.

En 2012, tu t’es lancé dans l’aventure de l’Ironman, et fin 2015, tu as impressionné avec ton 9h37 à Ironman Arizona. Quels sont les secrets d’une telle progression ?

J’ai commencé par avoir un peu plus de constance. Ensuite j’ai commencé à me faire coacher : Au début Jérôme Bresson, puis ensuite Julie Dibens. En réalité il y a pas de secret il s’agit de prendre pas trop le sport au sérieux mais de faire les entraînements adéquats et surtout se reposer mentalement et physiquement. J’ai aussi eu accès à Boulder Colorado pour pouvoir prendre du temps en juillet et octobre pour moi-même et faire un focus.

Est-ce que tu es passée par des courses où ça n’a pas bien été et qui auraient pu initier le doute ?

Si je pense à mes deux premières courses en tant que professionnel (Ironman Texas et Ironman Mt Tremblant), je ne savais pas trop…. Doute non…? car j’avais aucun doute que j’avais peur! Lol, mais à l’intérieur  de moi je savais que je devais être patiente et apprendre. Ironman Arizona était « Ça passe ou ça casse » et, merveilleux, 9h37, alors là j’ai su que je peux y arriver, yeah !

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Face à une si belle progression, on imagine que tu avais un background dans un autre sport avant de te lancer dans le triathlon ?

J’ai commencé le triathlon à 30 ans et en une saison je suis passé du triathlon sprint au demi-ironman. La deuxième année je me préparais déjà pour la longue distance Ironman (Lake Placid). Dès le début je voulais être professionnelle au niveau longue distance. Dire que ça paraissait farfelu pour beaucoup ! Mais quand je suis convaincue je le suis! Bon, ça n’est pas arrivé aussi vite que je voulais. ? J’ai commencé  à nager à 30 ans, j’ai commencé le vélo à 30 ans, mais j’ai toujours un peu couru après 17 ans pour relaxe ,un lendemain trop arrosé (pour me réveiller ) me recentrer, mais comme beaucoup de jeunes femmes, pour essayer d’être en forme.

Lorsque tu étais encore amatrice, tu t’es qualifiée et a participé à l’Ironman d’Hawaii, le graal du triathlon longue distance. Avec ton talent, tu aurais pu multiplier tes apparitions sur l’ile, mais tu fais le choix de prendre ta carte élite et de courser chez les pros, ce qui est plus ingrat en termes de visibilité de tes performances à cause des plateaux élites très relevés sur le circuit Ironman. Qu’est ce qui a justifié ce choix à ce moment-là ?

Je crois que j’aime le risque. Je demande à mes athlètes de toujours sortir de la zone de confort et j’aime être un exemple pour ceux-ci. J’aime être inspirée et inspirer même si j’avais peur du regard des autres je me dois de comprendre mon égo et rester humble… Je veux être une athlète « full circle » et surfer simplement la vague ne rencontre pas mes inspirations. Je voulais et je veux toujours m’améliorer de façon réaliste et surtout travailler qui je suis. J’apprends dans les belles journées de compétition et de training et les journées plus difficiles, j’apprends encore plus. Mon chemin à travers le triathlon est créé surtout par l’aide des autres pour moi, alors je me dois de faire de grandes choses.

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Les gens pensent souvent que « professionnel » signifie que l’on fait de l’argent avec le triathlon, mais la réalité est qu’il y en a plus à perdre qu’à gagner lorsqu’on n’est pas dans le top 50 mondial. La plupart des pros ont un travail à côté du sport. C’est d’ailleurs ton cas. En quoi consiste-t-il et comment s’articule ton emploi du temps de sportive autours de ton travail ?

Je dois te dire que j’aimerais avoir 28 heures par jour mais je travaille beaucoup je fais beaucoup de sacrifices pour pouvoir rejoindre les deux bouts mais j’ai une équipe de commanditaires extraordinaires qui me donnent le coup de main dont j’ai besoin ! Mais même en camp à Boulder ou autre, je travaille tous les jours en plus de m’entraîner. Je comprends que les athlètes comme Miranda ou Rachel etc… peuvent ne focuser que sur le training mais ce n’est pas ma réalité pour le moment et j’adore mes athlètes. Alors ça n’arrête jamais, mais je dois reconnaître que j’ai beaucoup d’aide! J’aime penser que je serai championne grâce à tout le monde dans un sport où tous se préoccupent d’eux-mêmes. Moi je n’y crois pas. Une expression que j’aime : « Seule on va vite, ensemble on va loin ».

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Le cheminement d’un athlète est souvent parsemé d’améliorations, autant dans son entrainement que dans son environnement. Depuis 2012 quels ont été les grands changements, tant dans ton entrainement que dans ton environnement, que tu as fait et qui t’ont permis de livrer la marchandise en novembre 2015 ?

Les changements dans mon entraînement furent tout simplement d’avoir de la constance et de la patience … De mentalement rester calme et positive, pas de surentrainement mental. Je m’entraîne et ensuite je redeviens Caro. J’aime pas trop parler de mes trainings je les ai dans le corps alors pas besoin de repenser à ceux-ci. Ensuite, de toujours apprécier les opportunités : dernièrement j’ai eu accès à Boulder, Colorado. Il y a là-bas une dynamique merveilleuse mais je crois surtout que je me recentre un peu plus là-bas. Je suis une fille de bois. Ne vous demandez pas où je suis l’été à Montréal, je suis toujours sur l’île  Sainte-Hélène (ndlr, un parc sur une île sur le St Laurent, avec un complexe aquatique et un circuit de formule 1 ouvert aux vélos à l’année). Le changement est surtout dans mon attitude qui est plutôt du genre a vraiment essayé de tout mon être même si ça peut me rendre inconfortable. Par exemple, je nage les 4 nages, OMG ! Je dois avoir l’air de faire une crise d’épilepsie à chaque fois que je fais le papillon, et la brasse, ouff, aucun contrôle de la jambette mais je le fait point. J’écoute aussi vraiment les coaches je ne pose pas de questions je me laisse prendre  en charge … Je paie pour ça, non?!

2016 va être une année très complète pour toi puisque tu es déjà à Boulder, Colorado pour t’entrainer. A quoi ressemble ton calendrier de compétitions et de camp d’entrainement ?

2016 sera une année d’apprentissage, de risque, de plaisir et de nouveautés. Alors je serai à Hawaï fin février pour me préparer pour l’Ironman New Zealand le 5 mars. Ensuite Ironman Texas en mai, Ironman Lake Placid en juillet et Ironman Mt Tremblant en août. Les camps ne sont pas tout à fait déterminés. Mais je serai à Boulder au printemps et cet été au Québec avec mes athlètes.

Et quels sont tes objectifs pour 2016 ?

Avoir tous les points pour Kona. Je ne choisis pas de de course facile si je me rends à Hawaï en automne prochain ce sera parce que la chance est avec moi mais aussi parce que j’ai livré des batailles incroyables. Un jour no matter what j’y serai. La ténacité est ma clef de voûte. Je dois être patiente et persévérante.

A 35 ans, certains pourraient penser que tu es dans ton pic, et que ta marque personnelle de 9h37 sera dure à battre. On voit cependant au Québec des athlètes élites qui ont commencé sur le tard, comme David LePorho, et qui battent encore des records personnels sur toutes les distances à 38 ans (2h19 sur marathon fin 2015). Est-ce que c’est une question que tu te poses ?

Je crois que cette marque est un début. Je crois que tout est possible mais définitivement je veux être plus près des 9:00. Cela prendra temps, patience et bien sûr des changements donc une période d’adaptation. Mais je suis en train de créer mon style à la nage avec de la technique et je retouche mon vélo alors je sais qu’il y aura amélioration dans l’année qui suivra. Je me dois de laisser mon corps se transformer à son rythme. Mais j’ai confiance !

Et voilà c’est fini !

Merci Sacha de ton temps et de m’avoir choisie.

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