Pour développer un athlète, il faut évidemment un coach compétent, mais pas seulement. Il y a ces fameuses étapes à franchir qui sont généralement dictées par une fédération, un processus de sélection. Au Québec, par son bassin plus réduit, les choses sont légèrement différentes, on parle plus d’accompagnement. Avant de sélectionner les meilleurs, il faut s’assurer que tous les athlètes peuvent atteindre leur meilleur. Depuis plusieurs années, le Québec place fréquemment des athlètes en équipe nationale et dans les tops 10 juniors et U23 au monde. Cette période correspond à l’embauche de Francis Sarrason-Larochelle au sein de Triathlon Québec. On s’est donc entretenu avec lui pour mieux comprendre son rôle et les futurs enjeux.
Peux-tu nous parler de ta fonction à la fédération provinciale?
J’occupe le poste de coordonnateur technique à la fédération depuis l’automne 2013 et mon mandat consiste à coordonner le programme de développement d’excellence. C’est un mandat assez large que je divise en trois axes principaux, soit les projets (suivi des athlètes, camps ponctuels, testings, etc.), la formation des entraîneurs et le calendrier de compétitions domestiques (coupe du Québec jeunes et Série Grand Prix) sur lequel je travaille étroitement avec mon collègue Éric Noël.
Mon objectif est donc de mettre en place des opportunités qui permettent à la fois aux athlètes et aux entraîneurs de répondre aux exigences de la compétition à tous les stades de développement et de performer jusqu’au plus haut niveau (JO).
Dis-moi si je me trompe, mais ce mandat a pris de l’ampleur avec toi, je veux dire par là que ton niveau d’intervention est avec les athlètes et coachs est plus élevé de ce qu’il se faisait avant.
C’est effectivement le cas, mais il faut dire que Triathlon Québec n’a pas compté sur une ressource à temps plein sur ces programmes pendant plusieurs années. Par le passé, on se concentrait essentiellement sur l’équipe du Québec, soit une quinzaine d’athlètes de 16 à 23 ans et on faisait très peu au niveau de l’identification de talent et de la structure de développement.
Depuis un peu plus de deux ans, j’ai multiplié les activités où clubs, athlètes et entraîneurs sont rassemblés pour des camps ponctuels, des séances de testings, des formations continues en dehors de la saison estivale. Avec pour résultat que l’on a maintenant un bassin d’athlètes beaucoup plus important. On apprend à connaître ces jeunes, leur entraîneur, leur environnement et on peut commencer à mesurer leur progression dès l’âge de 12-13 ans et cible les forces et faiblesses. Je suis convaincu que ce processus aura des impacts significatifs à long terme.
Mais, comment expliques-tu ce boom?
Il est difficile de pointer un facteur en particulier, mais voici quelques pistes de réponses. Il y a une cinquantaine d’événements au calendrier québécois pour la prochaine saison, un chiffre qui croît d’année en année et dont la majorité offre des épreuves pour les jeunes, soient de U5 à U15. On compte également une soixantaine de clubs un peu partout au Québec et qui sont une porte d’entrée pour les jeunes. On a aussi développé les triathlons scolaires qui touchent 15 000 jeunes annuellement sans oublier les initiatives de grande envergure pour promouvoir l’adoption de saines habitudes de vie chez les jeunes comme le Grand Défi Pierre Lavoie, dont le porte-parole est un… triathlète. Enfin, la portée médiatique accrue des événements Ironman de Mont-Tremblant y est pour quelque chose aussi. Je crois que le triathlon génère de l’engouement chez toutes les tranches d’âge, ce qui favorise la diffusion de la pratique et le recrutement de participants.
Est-ce que cette génération t’étonne? Toi qui es un ancien athlète élite…. Tu dois forcément te comparer et relever les différences…
C’est sûr que c’est intéressant de comparer avec le passé pour apprécier le progrès réalisé. Par exemple, en 2008, année où j’étais encore sur l’Équipe du Québec, le meilleur athlète québécois du côté masculin occupait le 372e rang mondial du classement ITU à la fin de celle-ci. Au terme de la dernière saison, c’est trois athlètes qu’on avait dans le top 200.
Du côté féminin, Amélie Kretz et Sarah-Anne Brault étaient toutes deux dans le top 50 mondial et ont terminé à plusieurs reprises dans le top 20 lors des deux dernières années. C’est motivant, mais en même temps, il faut surtout regarder devant et continuer de monter les échelons et accroître notre profondeur. Sur des indicateurs de natation et course à pied, je peux évaluer que nos meilleurs athlètes réalisent des chronos de 3 à 4% inférieurs aux athlètes de ma génération et que nos athlètes de 16 ans réalisent aujourd’hui ce que nous faisions à 19-20 ans à l’époque.
En fait, des athlètes comme Alexis Lepage, Jérémy Briand, Xavier Grenier-Talavéra et Charles Paquet sont à un niveau de performance qui n’a jamais été atteint par des athlètes québécois masculins dans le passé à ma connaissance. Cela s’accompagne aussi du fait les exigences du sport sont nettement plus élevées qu’il y a quelques années et que tout le monde s’améliore partout, mais disons que nous sommes de plus en plus compétitifs et que nous nous approchons de plus en plus de l’élite internationale. Sans oublier que nous avons une génération d’athlète très jeune (tous âgés de 23 ans et moins à l’exception de Sarah-Anne qui a 27 ans), donc d’autant plus prometteuse.
Même si le bassin est nettement plus important, j’imagine qu’il a fallu changer votre façon d’accompagner les athlètes
Un déclic s’est vraiment opéré en 2013 lorsque la directrice de haute performance de Triathlon Canada, Libby Burrell, a donné l’opportunité à Kyla Rollinson de passer quelques semaines sur la plate-forme de l’Équipe nationale en Espagne. Kyla avait déjà fait ses preuves en amenant Amélie à une 6e position aux Championnats du Monde junior en 2012.
Ce stage a été très enrichissant pour Kyla, qui a ensuite partagé cette expérience avec moi et d’autres entraîneurs à son retour. Cela nous a donné des perspectives beaucoup plus éclairées sur l’exigence du niveau international.
J’y suis ensuite retourné avec Kyla en 2014 ainsi qu’un groupe de 7 athlètes. Encore là, la possibilité de côtoyer Jamie Turner (entraîneur de Gwen Jorgensen – entre autres) et son groupe d’athlètes a été instructive aussi bien pour nous que pour les athlètes. C’est aussi à partir de cette année-là que des Québécois ont commencée à joindre des équipes françaises de Grand Prix.
Le scénario s’est répété en 2015 et sera poursuivi cette année. Il reste que, à la base, cette plate-forme est davantage le fruit de l’initiative de Kyla, que de Triathlon Québec. Ces opportunités ont été très bénéfiques dans le développement de plusieurs athlètes.
Sinon, on a initié le Projet Winipeg 2017 l’automne dernier, un programme qui rassemble 16 jeunes athlètes de 15 à 18 ans que l’on a ciblés pour les Jeux du Canada de 2017 et à plus long terme comme étant des espoirs de faire partie des Équipes du Québec / nationale / Championnats du monde. Ces athlètes ont des camps mensuels à l’Institut National du Sport, ce qui permet de créer un environnement de grande qualité. L’ancien entraîneur de Kathy Tremblay, Alex Sereno, est impliqué étroitement dans ce projet et on voit déjà les bénéfices de cette initiative.
Et vu la grandeur du Québec où certains athlètes sont très isolés, vous avez décidé de multiplier les camps…
Oui, parce que les camps ne sont pas tous destinés aux mêmes athlètes. Ils sont répartis sur 4 niveaux.
1) Les camps et compétitions des athlètes identifiés niveau national, continental, international (Équipe du Québec junior et U23). Ils sont soient coordonnés par Triathlon Québec, soient initiés par des entraîneurs. Selon le cas, nous fournissons un support logistique et/ou financier aux athlètes impliqués en fonction de leur niveau et du soutien médico-sportif.
2) Les camps des athlètes ciblés en vue des prochains Jeux du Canada (juniors en 2017), tenus sur une base mensuelle.
3) Les camps provinciaux qui rassemblent des athlètes de 13-17 ans sélectionnés sur la base de leur performance en triathlon, natation et course à pied et qui ont lieu à raison de 3-4 fois par année.
4) Les camps régionaux, que l’on tient une fois par année en début de saison et qui sont la porte d’entrée des jeunes pour les étapes subséquentes. On en tient cinq quasi simultanément dans cinq régions différentes au mois demain.
Je trouve important d’avoir une structure graduelle qui est inclusive, c’est-à-dire qu’il y a des possibilités pour des athlètes de divers âges et divers niveaux de s’y intégrer. Parallèlement, les athlètes les plus performants ont la possibilité d’évoluer dans le système et d’atteindre un niveau de soutien, reconnaissance et encadrement supérieur lorsqu’ils remplissent nos exigences. De cette façon, on donne envie aux athlètes de progresser pour passer au prochain niveau. Au final, cela crée de l’initiative tout en permettant d’inclure un maximum d’entraîneurs et de clubs dans les diverses activités du programme.
Qui dit développement des jeunes, dit aussi développement des coachs. À chaque fois que je suis venu à vos camps, je me suis rendu compte qu’il y avait justement une sorte de synergie entre les entraineurs…
À l’instar des athlètes qui sont contents de se rencontrer à d’autres moments qu’aux compétitions, je crois que les entraîneurs apprécient ces opportunités qui leur permettent de travailler avec d’autres coachs, d’échanger, de sortir de leur zone de confort également. C’est constructif et enrichissant à plusieurs égards et ultimement, notre objectif est commun est de développer les meilleurs athlètes possibles, peu importe leur club de provenance.
Les entraîneurs des athlètes sont toujours invités à prendre part à ces camps. Je m’occupe de la logistique, des sélections et invitations, puis l’encadrement est assuré de façon collaborative par les entraîneurs présents. Cela permet le partage de connaissances et d’idées, mais aussi aux athlètes impliqués de travailler différemment et d’essayer de nouvelles choses. Un second regard sur une faiblesse identifiée peut apporter une autre perspective et aider un entraîneur et son athlète à la corriger.
As-tu l’impression que la culture d’excellence est en plein changement au Québec? Je veux dire par là qu’il n’y a pas si longtemps, sortir de la province était une victoire en soi… et souvent synonyme de fin.
Oui, assurément. Si je retourne quelques années en arrière alors que j’étais athlète, on avait très peu de balises. À l’époque, Triathlon Canada avait fixé les standards minimaux pour prendre un départ de Coupe du Monde à 9’36 pour 800 mètres de natation et 15’40 pour 5km de course à pied. Je me rappelle que plusieurs athlètes de ma génération visaient ces standards pour avoir ce fameux départ, sans même réellement performer sur des courses continentales, ce qui aurait été une étape intermédiaire à la fois évidente et cruciale dans le cheminement.
Aujourd’hui, ces temps permettent à peine de faire top 20 en course continentale nord-américaine si tous les autres ingrédients sont réunis (transfert en eau libre, habiletés et capacités en cyclisme, choix tactiques appropriés, etc..). De plus, on ne faisait que deux ou trois courses continentales par année, ce qui n’est pas non plus suffisant pour espérer gravir les échelons dans le classement mondial.
C’est donc dire qu’on n’avait pas une idée très précise de ce que ça prenait. Cela étant dit, les choses ont changé. Maintenant, nos athlètes qui commencent sont plus rapides, mieux préparés et connaissent davantage les exigences du haut niveau. Ils performent beaucoup mieux au niveau continental, sont exposés à des courses relevées comme les Grand-Prix français, les coupes européennes et font leur entrée progressive sur la Coupe du Monde et la WTS. Plusieurs s’entraînement quotidiennement avec des partenaires de niveau international.
Ce qui est ironique dans tout cela, c’est que leurs connaissances de la série mondiale sont très limitées. Fréquemment, je me rends compte que nos jeunes ne connaissent même pas les athlètes qui évoluent sur le circuit. Je suis toujours étonné par ce manque de curiosité parce que cela reste la vitrine de notre sport…
La WTS demeure encore méconnue au Québec et peu médiatisée à grande échelle. On essaie d’instiller la curiosité chez les jeunes et ça passe aussi par les entraîneurs. Si les athlètes québécois deviennent de plus en plus présents et performants sur la série mondiale et que le projet de WTS se concrétise à Montréal dans les prochaines années, ça aidera assurément la cause.
Mais ce qui est inquiétant, c’est que cela donne une impression que l’athlète n’est pas en recherche de savoir et que finalement, sa connaissance se limite au partage avec son coach… toi et moi, on sait que les Français parlent justement d’athlète qui doivent prendre possession de leur environnement. On est encore très loin de cela, non?
C’est juste, mais on parle d’athlètes qui sont encore assez jeunes dans leur cheminement, qui ont besoin de direction et d’encadrement. Je crois qu’il faut un haut degré de maturité, d’expérience, de confiance, et souvent aussi des moyens…, pour vraiment prendre possession de son environnement et, si on va même plus loin, créer sa propre structure autour de soi. Donc, non, nous ne sommes pas rendus là, mais on doit effectivement faire en sorte que les athlètes développent cette capacité et cette ouverture.
As–tu le sentiment qu’il y a eu un tournant avec Amélie Kretz. Sa réussite a démontré à nos athlètes que cela était possible et qu’être Québécois n’est plus vu comme un obstacle pour réussir…
Oui, je pense qu’on peut parler d’un déclic. Amélie est certainement un modèle à suivre pour la génération actuelle ainsi que la prochaine. Je ne pense pas qu’être Québécois constituait un obstacle pour réussir, mais plutôt qu’on n’arrivait pas à préparer et soutenir adéquatement le passage de nos juniors aux rangs élites. On a longtemps fait le constat que la transition de juniors à U23 était une de nos faiblesses et on s’enlisait un peu là-dedans. Les choses ont évolué dans le bon sens et Amélie est la première d’une nouvelle génération très prometteuse.
D’ailleurs si l’on regarde le succès des Québécois en junior et U23 (Alexis, Jeremy, Xavier, Emy, Charles) sur la scène internationale, on peut parler d’une génération décomplexée…
Oui, on peut dire que l’on tire de plus en plus notre épingle du jeu. Plusieurs de nos athlètes font le saut chez les U23 avec de plus en plus d’assurance et sont nettement plus compétitifs que par le passé. Ces deux derniers championnats du monde, il y a eu un nombre record d’athlètes québécois sélectionnés et les performances ont été au rendez-vous avec plusieurs tops 15.
Peux-tu nous parler de ton travail avec Triathlon Canada? C’est souvent compliqué de comprendre ce qui est de votre ressort (provincial) ou de leur…
Je suis en relation avec Triathlon Canada pour divers dossiers, que ce soit la formation d’entraîneurs, les événements de la série nationale, les processus de qualification aux compétitions ou encore le suivi des athlètes émergents et ceux sur les équipes nationales. Mon objectif est toujours de desservir le mieux possible nos athlètes et de maximiser certaines opportunités (ex : mettre de l’avant nos événements pour avoir les championnats canadiens ou les épreuves juniors nationales). Évidemment, le roulement de personnel et leur manque de ressources n’aident pas à l’avance de certains dossiers. Par contre, la possibilité d’échanger avec Alan Carlsson, Jamie Turner et Libby Burrell au court des deux dernières années a été hautement enrichissante et a influencé plusieurs décisions et initiatives que nous avons prises au niveau provincial.
Lorsqu’un triathlète québécois est sur l’équipe nationale, est que TQ a réellement encore un rôle à jouer?
Oui, on continue de supporter ces athlètes de diverses façons de façon complémentaire à Triathlon Canada. Ils étaient quand même six en 2015. Ils reçoivent par exemple un soutien financier pour certains camps et compétitions en plus de se mériter des bonus en fonction des performances réalisées. Ils peuvent également prendre part aux projets que nous mettons de l’avant si cela s’agence avec leur calendrier. Dans plusieurs cas, on assure certains services médico-sportifs ponctuels (évaluation médicale, physiothérapie, massothérapie, nutritionniste) en collaboration avec l’INS (Insitut national du sport) ou d’autres intervenants. On fait aussi un suivi régulier avec l’athlète et son entraîneur et on s’assure évidemment de diffuser leurs résultats de compétitions, les articles de presse, etc, en plus de soumettre leurs candidatures pour divers programmes de bourses. Mais il demeure que notre capacité financière est beaucoup plus limitée que celle de la fédération nationale et que nous avons aussi comme responsabilité de soutenir la prochaine génération et de développer le sport dans son ensemble.
Je sais que tu es allé visiter la FFTRI, est-ce que tu échanges fréquemment avec eux?
J’ai effectivement rencontré Benjamin Maze, adjoint au directeur des responsables des équipes de France à l’automne, soit quelques jours avant la Conférence Science et Triathlon de l’ITU. Cette rencontre a été très enrichissante pour moi. Je communique avec Benjamin lorsque j’ai des questions et il est très ouvert à partager sa vision et son expérience. La structure de la FFTRI est très différente de celle qu’on voit au Canada, avec un système beaucoup plus centralisé et étatisé. On ne peut donc pas tout transposer, mais je suis ressorti de là inspirer par leur vision et avec plusieurs idées en têtes.
Ton rôle demande une grande curiosité et beaucoup d’ajustement, est-ce que tu t’influences des autres institutions?
Je regarde effectivement ce qui se fait ailleurs en termes de structure de développement et d’encadrement, d’identification de talent, de politiques de sélection, de programme de soutien aux athlètes. À l’international, je regarde beaucoup ce que font les Français (pas besoin de traduire!), mais aussi les Australiens et les Américains. J’échange aussi avec les autres fédérations provinciales et Triathlon Canada en plus d’avoir des contacts avec des entraîneurs de natation, cyclisme, athlétisme. D’ailleurs, un gros merci à Trimes de favoriser certaines recherches et d’interviewer des gens du milieu ! Bref, il y a de bonnes idées partout et plusieurs façons de procéder, il faut ensuite déterminer ce qui est applicable ici avec les moyens et ressources dont je dispose.
Quelles sont les prochaines lignes directrices que tu voudrais faire dans un court et moyen terme?
Le défi pour l’instant est de solidifier la structure de développement que nous avons mis en place. De plus en plus d’athlètes et entraîneurs sont impliqués, ce qui est très positif, mais en même temps génère une logistique plus complexe et nécessite l’implication de ressources additionnelles. Mon but est donc de développer des mécanismes de sélections clairs, objectifs et transparents et que l’on continue de générer de l’engouement chez les athlètes à se développer au sein de notre structure. Pour ce qui est de haute performance, on doit poursuivre l’objectif d’avoir un centre établi au Québec pour mieux desservir nos meilleurs éléments, qu’il soit de passage temporaire au Québec ou de façon permanente. Je me dois aussi de trouver un équilibre entre le support de la génération actuelle (les U23) et la prochaine génération. C’est un défi qui va se poser d’autant plus cette année étant donné que, d’un côté, j’ai de beaucoup multiplié les camps pour les athlètes en développement et de l’autre, que l’on vient d’apprendre que Triathlon Canada pourra soutenir beaucoup moins ses athlètes dans les prochains mois/années. On veut également continuer à améliorer la formation d’entraîneurs en donnant des occasions de formation continue, car le cursus actuel de Triathlon Canada est loin d’être suffisant pour les entraîneurs aspirants à coacher de l’élite. Bref, je ne risque pas de m’ennuyer dans les prochains mois.
On parle souvent de l’importance d’un centre régional d’entrainement. Contrairement aux autres provinces, le Québec n’en a toujours pas ce qui est d’autant plus problématique vu l’obstacle de la langue. Où en est le Québec sur ce point ?
Je reconnais que c’est un dossier qui avance péniblement, mais je suis sûr d’annoncer des développements sous peu, et ce, malgré le fait que Triathlon Canada nous a dit qu’ils ne pourraient nous supporter financièrement (à court terme du moins). C’est dommage, car c’est la première fois qu’ils reconnaissent réellement qu’il nous en faudrait un. Ceci étant dit, plusieurs athlètes se sont bien développés au sein de structure de club. Il suffit de penser aux athlètes de Kyla Rollinson, comme Xavier Grenier-Talavéra et Emy Legault, qui évoluent au Club Tri-O-Lacs. Alexis Lepage a aussi fait un bon bout de chemin au Rouge et Or pendant ses années juniors et Charles Paquet à Port-Cartier avant de rejoindre le Rouge et Or où il évolue toujours.
Mais est-ce que tu crois qu’il faut toujours accepter de voir nos athlètes partir à l’extérieur de la province pour continuer leur développement?
Je pense que centre ou pas, il faut soutenir nos meilleurs athlètes dans leur projet de performance. Si l’exil d’un athlète lui garantit un meilleur environnement d’entraînement et un encadrement de qualité, je crois qu’il faut l’accepter et travailler en collaboration avec les intervenants de sa structure rapprochée. On exige un certain niveau d’imputabilité, peu importe où l’athlète se trouve. De plus, avec l’hiver qu’on a et les exigences du calendrier international qui débute en mars et qui offre beaucoup de possibilités en Europe, il est dans la logique des choses qu’un athlète fasse plusieurs séjours à l’étranger dans une année.
Est-ce que tu veux ajouter quelques choses?
Je crois que ça fait pas mal le tour, merci à Trimes pour la tribune et pour l’ensemble de votre travail dans la communauté du triathlon!