Lorsqu’on invite un élite à nous soumettre une séance, on lui laisse champ libre. Léo Bergère, 3ème mondial chez les juniors en 2015 en a pris acte en nous offrant une sortie inusitée mais qui démontre bien le plaisir qu’a un athlète à être actif. Merci pour le roman photo !
J’ai décidé de présenter une session un peu spéciale qui sort de la routine d’entraînement habituelle : la rando/trail en montagne. On a repris le chemin de l’entraînement depuis quelques jours après une coupure bien appréciée, l’hiver pointe le bout de son nez et on a l’impression de réapprendre à nager, pédaler et courir.
En fin de semaine, on a prévu une petite sortie en montagne pour aller chercher le soleil au dessus de la couche de brouillard qui plane sur Grenoble. Quelques pâtes de fruits, un paquet de biscuits, des baskets, une paire de gants et nous partons en direction de Belledonne. Dans les derniers lacets, la visibilité est réduite à une vingtaine de mètres et n’apercevant pas le moindre rayon de soleil au dessus de nous, notre motivation en a pris un coup. En partant, on croise des marcheurs qui s’étonnent de nous voir partir dans l’après midi et sans le moindre équipement de montagne.
On part en marchant sur un bon rythme et les mollets brûlent dès les premières pentes raides. La mise en route se fait rapidement et avec le sentiment de liberté de se retrouver en pleine nature on se met à courir en sortant de temps à autre de la trace. La montée est intéressante pour renforcer les chevilles et les tendons d’Achille avant de commencer les premiers entraînements avec des intensités en course à pied. On court la plupart du temps mais on n’hésite pas à marcher lorsque la pente devient trop forte.
Après une heure passée dans une épaisse couche de brouillard on aperçoit enfin une faible éclaircie au dessus de nos têtes. Quelques mètres plus haut, un superbe panorama nous attend avec un soleil radieux éclairant les sommets enneigés. Après avoir passé un lac gelé nous courons sur une épaisse couche de glace qui rend les appuis extrêmement fuyants.
Nous avons passé les deux premières heures sur un sentier balisé et très fréquenté mais à présent, à cause de la neige qui est tombée la veille on doit suivre notre instinct pour atteindre le sommet qu’on aperçoit au dessus de nous. Il parait très proche mais après une demi heure à courir dans 50cm de neige on ne s’en est guère rapproché.
Deux gars du groupe sont restés bloqués en contrebas et nous sommes plus que deux à continuer. La pente est si forte qu’elle nous oblige à monter à quatre pattes en plantant nos mains gelées dans la neige. Les cuisses brûlent mais c’est un des moments les plus agréables car on fait notre trace comme on le veut (tout droit), proche de la montagne et cette fois le sommet n’est plus qu’à quelques minutes. Le vent a formé des congères qui nous barrent le chemin pour ces derniers mètres d’ascension. On y est. Face au soleil et au dessus d’une mer de nuage avec le vent qui nous fouette le visage c’est la liberté totale, je ne peux m’empêcher de crier un gros WOUHOUUUU!!
Le soleil est déjà bas. À peine le temps d’avaler quelques biscuits et on entame la redescente dans une poudreuse d’un blanc immaculé qui amortit nos pas. On se lâche totalement dans la pente, cet épais manteau nous assure une chute tout en douceur quand on trébuche sur une pierre. Lorsque la vitesse devient trop importante on se laisse glisser sur les fesses.
Lorsque la neige se fait plus rare quelques centaines de mètres plus bas les appuis sont plus délicats et les chevilles doivent être solides pour ne pas tourner dans la caillasse. Les cuisses commencent à se plaindre de tout ce travail excentrique, courbatures assurées le lendemain ! Lorsqu’on aperçoit enfin le parking désert, la nuit est tombée, nous sommes exténués mais l’esprit libre et léger, plein de belles images de cette après midi. Nous rentrons en voiture avec des airs de reggae bien roots pour clore la journée.