Avec la récente saga concernant la joueuse de tennis Maria Sharapova, un chapitre particulièrement intéressant dans le livre de la lutte contre le dopage est en train de s’écrire.
Celle qui a gagné 5 tournois du Grand Chelem avait fait un « excellent » plaidoyer. Nombreux ont cru qu’elle était une victime d’une banale erreur d’inattention, rejetant la responsabilité de la survenue de son contrôle positif, sur le fait que la substance incriminée, le meldonium, est devenu un produit interdit depuis le 1er janvier de cette année (après avoir été placé dans un premier temps par l’AMA sur son programme de surveillance, pour vérifier s’il y avait bien usage abusif par les athlètes).
Ce médicament venant de la Lettonie est vendu uniquement en Russie et dans l’est de l’Europe. Apparu en 2000, le meldonium – aussi connu sous le nom de mildronate – est conçu pour traiter le diabète ou l’ischémie.
Selon le Dr Bassidnale, cela permettrait à l’athlète de mieux utiliser son énergie en stimulant le metabolisme des glucides. Cela améliorait donc le mouvement d’oxygène vers les muscles. L’athlète profite alors d’un effet positif sur le stamina et son endurance.
Plusieurs sources font mention que ce médicament était utilisé par l’armée russe. Il permettrait d’améliorer sa concentration et de se soustraire au stress. Mais pour les athlètes, ce produit aiderait avant tout à la récupération.
Contrairement aux premiers rapports, cette substance est nettement plus commune que l’on pouvait croire. Inside the games vient d’ailleurs d’émettre un communiqué que plus de 99 cas ont été reportés aux agences antidopages depuis le début de l’année. D’autres noms devraient donc être dévoilés sous peu.
On y retrouve déjà la championne du monde de 1500m, la suédoise Abeba Aregawi. Le gagnant du marathon de Tokyo l’année passé, Endeshaw Negesse (KEN). Trois biathlètes, Eduard Latypov, Olga Abramova et Artem Tyshchenko (RUS). Une patineuse artistique, Ekaterina Bobrova (RUS).
Face à ce tableau de chasse, est-ce que les athlètes savaient que les autorités avaient en leur possession un test pour déceler la présence de cette substance dans l’urine ? On est très loin d’un dopage sophistiqué avec un produit expérimental.
D’ailleurs, un article du British Journal of Sports Medicin avait déjà alerté les autorités en déclarant que son usage avait été massif lors des premiers jeux européens à Bakou. 66 cas sur 762 tests urinaires. Parmi les cas positifs, on y retrouve 6 médaillés d’or qui garderont d’ailleurs leur titre puisque la substance n’était pas encore interdite à ce moment là.
Lorsque Maria Sharapova se dit victime d’une maladresse puisqu’elle ne savait pas que le produit était désormais interdit, cela vient avant tout relancer un débat.
Ces athlètes détournaient tout simplement un système. Prendre un médicament sans véritablement avoir la pathologie lui correspondant est sans conteste un acte de triche, que la substance soit sur la liste ou pas.
Le cas est similaire pour un athlète qui se munira d’une exception médicale afin de prendre du prozac ou des corticoïdes.
Mais le second mythe à revoir est que le dopage est inaccessible. Dans le cas du mildronate, il faut compter environ 30 euros pour 40 tablettes de 250 mg. De plus, même si le produit n’est pas approuvé dans certains pays, rien n’interdit leur importation. Son prix accessible vient du fait que le gouvernement russe l’a déclaré comme substance essentielle et a donc imposé un prix plancher pour assurer son accessibilité. Certains ont déjà flairé les bonnes affaires.
De plus, d’après la BBC, il n’y aurait aucun danger à prendre cette substance. Aucun contre effet n’a été reporté. Maintenant, il faudrait savoir si d’autres substances sont aussi détournées par des athlètes.
Pour l’AMA, afin de déclarer un produit interdit, il faut qu’il réponde au moins à l’une de ces trois raisons : présente t-il un risque, offre t-il un avantage ou est-il contre l’esprit du sport ?