À quoi s’attendre > ITU Abu Dhabi – L’opportunité à prendre pour les Francais? Coninx, Viain, Raphael

Ce samedi aura lieu la première étape de la série mondiale. Elle est marquée par plusieurs absences remarquées comme les Français, Vincent Luis et David Hauss, les britanniques, Alistair et Johny Brownlee et l’espagnol Javier Gomez. Tous ces athlètes ont une chose en commun, ils sont déjà présélectionnés pour les Jeux olympiques. Ils ont préféré ne pas interrompre leur préparation hivernale.

Logiquement, Mario Mola et Richard Murray sont par défaut les grands favoris. Les deux athlètes du squad de Joel Filliol ont l’habitude de truster les podiums de la série mondiale WTS. Dans un circuit où les invités à recevoir une médaille constituent un club très select et régulier, les nouveaux venus sont des phénomènes très rares.

Mais en ITU, rien n’est jamais simple. Les résultats ne sont pas dictés par le niveau athlétique pur des athlètes dans les 3 sports, mais bien le résultat d’une dynamique de la course. Dans les dernières années, les meilleurs athlètes ont su utiliser de plusieurs stratagèmes pour que la course tourne de leur côté.

Le parcours. 

Il a subi plusieurs modifications. Le départ se fera désormais sur un ponton et non sur la plage. Cette solution est toujours favorisée par l’ITU puisqu’elle permet d’avoir un départ plus juste. De plus, cette configuration permet d’avoir un parcours avec deux boucles. La première sera de 1000 m et la seconde de 500 m.

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Cela signifie que la première bouée sera plus éloignée. Il y a donc plus de place pour créer une sélection. Par ce fait, le virage devrait être abordé avec moins de densité et diminuer les contacts. Cela reste de la théorie. Un passage plus fluide sera à l’avantage des nageurs en milieu de peloton.

Généralement, lorsqu’il y a congestion, ce sont les meilleurs nageurs qui sortent gagnants. En arrière, le passage se fait plus difficilement et les athlètes perdent du temps et le rythme.

Kris Gemmell nous a renseignés sur le parcours. La natation se fait dans une eau très claire et chaude (22C). Étant dans une baie protégée, il ne devrait pas y avoir de vague ni de courant. Le parcours vélo doit être vu en deux parties. La première est un out and back avec le centre ville long de 13 km, après on passera à 6 tours de 4.5km ou le positionnement sera la clé. La chaussée est neuve alors cela devrait aller très vite (aucun dénivelé). La course à pied sera aussi très place, mais avec 10 kilomètres et à la fin d’un effort porche de 2 heures, la chaleur deviendra un aspect important. Je crois que les athlètes qui conserveront le plus d’énergie où c’est possible tout en conservant leur positionnement s’en sortiront le mieux. 

Pourquoi on risque de voir une course d’attente?

Des vents modérés d’environ 25 km/h sont attendus, on rentra donc logiquement dans un processus où l’athlète aura peur de donner plus que ses adversaires. Un manque de collaboration dans ces conditions aura rapidement des conséquences. De plus, par l’absence de plusieurs protagonistes du circuit et ce nouveau parcours, il existe une grande incertitude sur les possibilités tactiques.

De plus, il est difficile d’identifier des athlètes reconnus pour leurs talents en natation qui suivront leur effort en étant très offensifs à vélo. À force de vouloir attendre quelqu’un prendre le contrôle du groupe de tête, un regroupement est très possible et tournerait rapidement à l’avantage d’un Mario Mola et Richard Murray.

Des objectifs très différents. 

Il y a les athlètes qui sont déjà présélectionnés pour les JOs (Mola, Riederer, Murray et probablement des Mexicains) et les autres. Pour beaucoup, cette course aura une double influence pour leur quête olympique. Comme on l’a mentionné, les Canadiens doivent aller chercher un top 8 pour remplir la moitié de leur mandat. Mais pour des athlètes allemands, britanniques, français, australiens, c’est une occasion de se faire bien valoir pour influencer les sélecteurs s’ils doivent rentrer dans un processus discrétionnaire.

Rentrée des classes, les gammes. 

Pour beaucoup, cela sera la première course de l’année. Il faut donc retrouver les réflexes de courses. On observe généralement des erreurs inhabituelles dans ce contexte. Il est certain que les athlètes préfèrent jouer la carte de la sécurité à ce niveau de l’année.

Le niveau de préparation est donc très aléatoire. Pour certains cela sera un simple exercice de remise en forme, pour d’autres, la course est déjà déterminante pour le reste de leur aventure.

Les nageurs. 

Fabian (ITA), Schoeman (AFS), Coninx (FRA), Raphael (FRA), Polyanskiy (RUS), Van Riel (BEL), Ryan Fisher (AUS) sont les nageurs attendus pour faire la sélection dans l’eau.

Du panache? 

Si on doit donner un nom pour tenter quelque chose à vélo, c’est certainement Kristian Blummenfelt (NOR).

Les favoris. 

Mario Mola et Richard Murray sont les deux grands favoris tout simplement parce qu’ils sont reconnus pour se présenter à toutes les courses et qu’ils sont les meilleurs coureurs. Seule une dynamique de course non favorable pourrait les priver de podium. Historiquement, ces athlètes sont ceux qui jouent le plus le jeu de la série mondiale en prenant le plus de départs durant l’année.

Les Français. 

Comme mentionné, cette course pourrait avoir une influence sur le processus de sélection. Vu la situation actuelle de l’équipe de France, elle cherche une troisième démontrant une capacité à monter sur le podium. Dorian Coninx, champion du monde U23 et junior a démontré qu’il était déjà à son meilleur en course à pied en courant 29:11 lors d’un 10k à Cannes. Dorian à toutes les cartes dans ses mains afin d’aller chercher un gros résultat. Évidemment, vu ses qualités de nageurs, en se distançant de plusieurs bons coureurs jusqu’en T2, il pourrait aller chercher un très gros résultat.

Aurélien Raphael, auteur de plusieurs Top 10 en WTS aura le choix de faire la sélection dans l’eau et sur la route. Le sociétaire de Poissy profitera de son expérience. Il ne faudra pas l’oublier.

Simon Viain sera le troisième français. Même si l’athlète âgé de 22 ans est dans l’ombre de ses coéquipiers, il est très loin d’avoir terminé son développement. Cela sera pour lui sa deuxième saison sur le circuit de la série mondiale, il n’y a aucune raison pour qu’il ne progresse pas dans la hiérarchie mondiale. En 2015, il avait déjà réussi à percer dans le top 20.

Le pilote anglais qui fausse. 

Est-ce que les Britanniques pourraient venir « hacker » la course. Voilà la situation, Adam Bowden et Thomas Bishop sont deux athlètes identifiés pour jouer le rôle de domestique aux prochains JOs. Les règles sont claires, pour être le souffre-douleur des Brownlees, l’athlète devra démontrer qu’il est en mesure d’avoir un impact sur la course. Il se doit donc de sortir de l’eau à l’avant et d’avoir un impact à vélo. Dans ce contexte, le résultat final n’aura pas d’intérêt pour le sélectionneur. On pourrait donc voir les deux Britanniques prendre le contrôle de la course…

Les autres attendus.

Fernando Alarza, un coup à jouer. on ne monte par sur un podium en WTS par accident. Cet athlète qui est entrainé par l’ancien coach de Gomez (Gomar) devrait continuer de progresser. Sa natation lui permet d’accrocher à l’occasion le premier groupe. De plus, il doit toujours se battre pour obtenir le 3e dossard pour les JOs. Il sera en lutte avec Vincente Hernandez et David Castro Fajardo (2e U23 monde 2015). La densité est clairement au rendez-vous.

Le portugais, Joao Pereira est aussi un excellent courir qui pourrait profiter d’une course moins sélective avant la T2. De plus, les Mexicains sont très attendus cette année. Crisanto Grajales avait terminé à la 4e place à la grande finale de Chicago. Profitant du groupe de Javier Gomez, le retrouvé sur le podium serait une demi-surprise.

La nouvelle génération. 

Le triathlon est un sport qui continue à évoluer. On voit des athlètes plus complets. Une illustration parfaite à cela est Dorian Coninx ou encore Tyler Mislawchuk.

On retrouve aussi d’excellents coureurs à pied qui se doivent de mieux nager pour gagner en constance. Jacob Birtwhistle (AUS), Jelle Geens (BEL) auront sans aucun doute leur moment de gloire sur le circuit.

Le mystère russe. 

À notre grand étonnement, la fédération russe n’a aligné que 2 athlètes, soit les frères Polyanskiy. Excellents nageurs et capable de suivre à vélo, ils pourraient être les grands gagnants si un groupe réussi à rentrer en T2 avec une avance.

L’expérience. 

À force d’espérer les nouveaux talents, il ne faudrait pas oublier les vétérans. C’est souvent à l’approche des JOs que l’on assiste à une renaissance. Tous ces athlètes pointeront leur bout de nez si on assiste à une course d’attente. On vous aura averti.

L’ancien champion du monde Courtney Atkinson (AUS) sera à nouveau là (36 ans). Il faudra aussi surveiller le retour de Justus Steffen (ALL). Joao Silva (POR) sera aussi une grande interrogation, lui qui a quitté le groupe de Joel Filliol, il pourrait avoir retrouvé la recette magique. Il ne faudrait pas oublier Sven Riederer (SUI), sans conteste l’un des dix meilleurs coureurs à pied du circuit. On assistera aussi au retour de Jarrod Shoemaker (USA). Une chute à vélo tout juste avant le test event de Rio lui a couté la fin de saison. N’oublions pas Kyle Jones (CAN), accumulant les malchances en 2015, il est à nouveau fin prêt pour se battre avec les meilleurs.

Russell Pennock (CAN) fera ses débuts en série mondiale. Avec Tyler Mislawchuk et Alexis Lepage, il est sans aucun doute l’avenir du Canada.

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