Xavier Grenier Talavera a réussi le double exploit de devenir le premier québécois à gagner un coupe continentale mais aussi le premier champion panaméricain (élite) venant de la belle province. D’une certaine manière, on pourrait parler de continuité puisqu’il avait déjà remporté cet honneur chez les juniors, pourtant le développement n’est rarement un long fleuve tranquil.
Pour le sociétaire du club de triathlon de Versailles et profitant de la double nationalité française, l’année s’était bien mal terminée avec un abandon à Chicago. Dans cette période qu’est les U23, on ne sait jamais si l’athlète va pouvoir y survivre.
Voilà, il y a les champions de la série mondiale, mais parole de Trimes, il n’y a rien de plus satisfaisant que de suivre un athlète en développant, entre les hauts et les bas. On s’est donc entretenu avec lui pour en savoir plus…
La dernière fois que l’on s’est vu, c’était lors des championnats du monde U23… Disons que cela n’a pas passé…
La fin de semaine avant la course des Championnats du monde U23, j’avais eu un petit problème au mollet. Ça s’était amélioré rapidement alors nous avions cru que ça allait être correct pour la course, mais dès le vélo je sentais une raideur au mollet. Je suis débarqué de mon vélo et ai eu un bon départ à pied, mais dès le premier kilomètre la douleur est apparue, et après 5km, avec encore une autre compétition à la saison, nous avons pris la décision de cesser l’effort. C’était assez décevant, car les sensations étaient de loin les meilleures de ma saison.
Et tu avais commencé aussi fait tes débuts en coupe du monde…
Oui, j’ai été très satisfait de ma première Coupe du Monde à Tiszaujvaros, en prenant la 16e position, étant le premier athlète québécois à faire de la sorte. Mon expérience à Alanya a quelque peu été incommodée par ma chute en vélo dès la sortie de transition, mais le tout a été une expérience très positive d’apprentissage!
Est-ce que ton pépin physique en fin de saison t’a rendu plus à l’écoute de ton corps?
Non, j’ai toujours fait très (peut-être même trop!) attention. Évidemment que cela a modifié notre approche pour la fin de la saison, car l’objectif était plus tourné vers la guérison rapide. Après tout, le sport élite demande toujours de flirter avec les limites du corps, et parfois on la dépasse. C’est dans les règles du jeu, et il faut l’accepter quand ça arrive!
Il y a deux saisons, tu me disais que tu étais mal à l’aise à demander du support et d’entrevoir une carrière élite, est-ce que tout cela a changé avec tes 2 récents résultats en Floride (2e à Clermont et 1er à Sarasota)?
La saison d’il y a deux ans a été forte en émotions, et les choses ont beaucoup évolué depuis. J’ai eu quelques résultats encourageants au fil des années qui m’ont motivé à poursuivre une carrière en tant qu’élite, et mes études en commerce m’aident pour la recherche de support et commandites.
Est-ce qu’il y a eu un récent déclic, ou une sorte de prise de conscience sur tes capacités?
Je crois que la saison passée a été une belle saison, c’était extrêmement chargé durant l’été en courses, mais ça a été très bénéfique pour l’expérience de course, étant ma première année senior. J’ai beaucoup appris, et je n’ai malheureusement pas pu montrer ce que j’avais en moi à Chicago. Je crois donc que ces résultats montrent la continuation logique de l’an passé.
Es-tu conscient que tu es le premier québécois à gagner une coupe continentale et de surcroit le premier à devenir champion PANAM sprint?
Non, je n’en avais aucune idée, super!
La seule discipline où il y a encore écart avec les meilleurs mondiaux est en course à pied, est-ce que ca en est devenu ton obsession?
Bien sûr! Nous avons travaillé la course à pied, mais je ne délaisse pas pour autant les autres disciplines. Nous avons construit une bonne base de course à pied les dernières années, et cela commence à ressortir. Après tout, j’étais un coureur plus jeune!
La réussite passe par la conviction qu’on est le meilleur, je te connais depuis plusieurs années, et sans dire que tu étais trop gentil, on ne peut pas dire que tu avais l’instinct du tueur…
Je crois qu’être humble est très important, et ce peu importe le niveau. J’ai eu du succès lors de mes années juniors, et malgré la saison précédente sans ‘’réussite’’ apparente, j’ai acquis de l’expérience qui m’est maintenant fort utile. Je commence simplement à être plus à l’aise, et je vois ceci comme une suite logique!
Avec ton coach. Kyla Rollinson et tes partenaires d’entrainements, vous avez décidé de vous entrainer en Équateur…
C’était en fait tout un évènement, car nous étions le premier groupe d’athlètes étrangers à venir s’entraîner à ce centre national d’entraînement en altitude, et je ne crois pas qu’ils voient de Canadiens tous les jours non plus!
Cela a été une expérience très positive comme premier camp en altitude, et nous y retournerons probablement l’an prochain!
Comment s’est passé la descente?
L’adaptation a bien évidemment été rude, mais l’entraînement s’est très bien déroulé et nous avons pu faire beaucoup de travail de qualité lors de notre séjour de 5 semaines. La redescente s’est déroulée de manière excellente également, et je me suis donc retrouvé en Floride en assez bonne forme.
On sait que les temps sont difficiles avec triathlon Canada, qu’est-ce que cela signifie pour toi? Est-ce que tu obtiens tout de même du soutien?
Évidemment Triathlon Canada traverse une période plus difficile en ce moment, alors je dois me trouver des ressources financières alternatives. Je suis tout de même heureux de faire partie de ma fédération et d’être dans un pays tel que le Canada, chance que je me rappelle lorsque je voyage à l’étranger et rencontre d’autres athlètes qui sont souvent dans des situations extrêmement difficiles!
Quelles sont les prochaines étapes pour toi à courte et moyenne échéance?
À court terme, je me dirige dès la semaine prochaine à New Plymouth pour la Coupe du Monde, puis me retrouverai à la Coupe du Monde à Chengdu deux semaines plus tard. À moyen terme, j’espère accumuler assez de points afin de pouvoir prendre bientôt un départ en WTS!