Charles Paquet est apparu dans le paysage du triathlon par surprise. Chez Trimes, on reste très étonné par le niveau de compétition des jeunes québécois qui depuis quelques années émergent et gagnent leur place en série mondiale.
Dans le cas de Charles Paquet, son cas est encore plus étonnant puisqu’il est originaire du Port-Cartier. On était loin d’imaginer que la prochaine sensation de la scène québécoise viendrait de là. Il y a quelque chose de différent avec lui… Trimes s’est entretenu avec lui pour en savoir plus.
Entre ta participation aux YOG en 2014 et top 10 au championnat du monde junior, on peut dire que tu es de plus en plus sous les feux de la rampe. Es-tu à l’aise avec ce nouveau statut, parce que de l’extérieur, il suffit de regarder ton Facebook pour comprendre que tu n’es pas le plus loquace…
Oui, je ne suis pas très bavard, mais je crois que je n’ai pas encore réalisé ce que je pouvais représenter réellement dans le monde du triathlon. Je me vois encore comme le petit garçon qui vient de débuter et qui s’amuse.
Comment te qualifierais-tu comme athlète et individu?
Tant comme athlète et individu, je me décrirais comme une personne déterminée avec une grande force de caractère. J’essaie d’apprendre des succès comme des insuccès. Je ne suis pas le plus démonstratif, mais je suis fidèle aux gens qui m’entourent
D’ailleurs, j’ai remarqué que la communauté de Port-Cartier était vraiment solidaire avec toi. Ils ont amassé des fonds pour te permettre de vivre ton projet… J’imagine que c’est important d’avoir autant de gens derrière toi et qui croient en toi. Dans d’autres régions, cela ne serait pas possible…
Je suis extrêmement reconnaissant du support que je reçois de la population, avoir le sentiment que plusieurs personnes croient en moi est très encourageant et motivant. Les ressources financières qui ont été amassées auprès de mes commanditaires et les dons de citoyens sont indispensables afin de performer au niveau international. C’est une réelle équipe qui me supporte dans beaucoup d’aspects du sport : soins divers, équipement, supports médiatiques, etc. Je suis vraiment privilégié.
Dis-moi si je me trompe, mais avant le triathlon, tu étais un joueur de foot (soccer) et était aussi nageur, pourquoi as-tu décidé de changer de sport?
J’ai choisi le triathlon d’abord parce qu’il contient trois sports que j’adore, mais aussi parce que le fait de pratiquer trois différentes disciplines met de la diversité dans les entraînements, donc chaque jour c’est différent.
Peut-on dire que le sport individuel a gagné sur le sport collectif?
Peut-être d’une certaine façon le triathlon m’a fait apprécier le sport individuel. Dans un sport individuel, les efforts que tu mets chaque jour à l’entraînement sont pour toi et tu ne dépends pas du résultat des autres. De plus, le chemin que tu parcours pour atteindre tes objectifs est déterminé par une seule personne, toi et personne d’autre ne doit choisir tes objectifs ou ton rêve. Cependant, le triathlon en lui-même devient à proprement parler un sport d’équipe. Mes coéquipiers d’entraînement m’amènent aussi à me motiver et me surpasser.
Tu viens de Port-Cartier et donc d’un milieu rural. Qu’est-ce qui t’a accroché au triathlon?
C’est d’abord le triathlon de Port-Cartier qui m’a accroché, c’est l’événement à ne pas manquer dans notre ville de 6000 habitants. Plus de 300 triathlètes y participent excluant les bénévoles. On peut dire que la ville est complètement mobilisée.
Je crois aussi que la diversité à l’entraînement m’a fait accrocher au triathlon. Chaque jour il y a des entraînements différents et l’approche de chaque sport est particulière puisque nous devons enchaîner les trois disciplines l’une après l’autre.
Tu as tout de suite eu des attentes d’être très compétitif dans le sport?
Assurément lorsque je pratique un sport à chaque fois que je me présente pour une compétition, je me présente pour gagner. Bien sûr je n’obtiens pas toujours le résultat escompté, mais tant que je donne mon maximum et que j’ai le sentiment que je n’aurais pas pu en donner plus je suis content de ma performance.
Ton père est très proche de toi, était d’ailleurs entraîneur en ski. Peux-tu nous parler de ta relation avec lui? As-tu l’impression qu’il te sert de pilier dans ton développement pour gérer tes appréhensions ou te protéger?
Je suis très proche de mon père et il participe grandement à ma réussite. Sans lui je ne me serais assurément pas rendu là où je suis aujourd’hui.
Je n’ai jamais senti de pression de mes parents, mais plutôt un énorme support, cela m’apporte beaucoup de motivation et me permet d’apprécier encore plus notre relation.
Mes parents, pas seulement mon père, me donnent le support que n’importe quel athlète souhaiterait avoir. Plusieurs autres personnes de ma région natale travaillent à mon développement.
Le plus étonnant, c’est que tout cela est arrivé très vite. Moi, je me rappelle bien qu’à peine arrivé sur le circuit québécois, tu étais au top. Est-ce que cela t’a surpris d’être aussi rapidement compétitif?
Dans les faits, je me suis entraîné avec Christian Lepage et quelques copains nageurs. Nous travaillions à ce moment pour être au meilleur de nous-mêmes sans vraiment regarder ce que les autres triathlètes faisaient. Nous étions un beau groupe d’athlètes qui se suivaient depuis l’âge du primaire dans plusieurs sports : triathlon et cross-country scolaire, natation, vélo sur route…
L’hiver, les entraînements étaient très diversifiés : raquettes, ski de fond, musculation … Nous avions beaucoup de plaisir.
Mais cela semble si facile pour toi, c’est presque perturbant, non?
On a les qualités de nos défauts : je suis difficilement perturbable! ☺
L’année dernière, tu as décidé de déménager pour t’installer à Québec. J’imagine que c’était un sacrifice important…
Lorsque j’ai déménagé, ça allait dans l’ordre des choses. Je devais me rapprocher des grands centres, question de jumeler les études et le sport. La ville de Québec me convenait plus à ce moment, c’était moins dépaysant pour moi en ayant de la famille dans la région. De plus, les installations de l’Université Laval sont fantastiques.
Revenons à la saison de 2015. Avec du recul que penses-tu de tes championnats du monde? Y-a-t- il une certaine frustration parce que cette 9e place cache tes talents en natation. En plus, tu nous avouais que tu n’avais jamais fait de duathlon…
Il y a certainement un peu de frustration, mais seulement parce que je n’ai pas pu me démontrer à la natation. C’était la course la plus importante de l’année et je m’étais préparé en fonction de performer à cette date, donc l’annulation de la natation a été une déception puisque je me présentais pour performer sur un triathlon et non un duathlon. C’était effectivement mon premier duathlon cela à ajouter un petit stress supplémentaire puisque je ne savais pas à quoi m’attendre, mais nous étions tous dans le même bateau et il fallait prendre le départ. En fin de compte, je suis tout même satisfait de ma performance et je compte bien me reprendre cette année à Cozumel.
La question est drôle, mais est-ce que tu avais un complexe d’infériorité face à tes adversaires? Est-ce que tu es du type à vouloir tout savoir d’eux?
Je n’ai pas de complexe, je fais du mieux que je peux, les résultats viendront. Je garde le focus davantage sur le processus que les résultats. J’en tire plus de bénéfices…
Qu’est-ce qui te manque encore selon toi pour faire un podium?
Selon moi, je suis un athlète assez complet et pour un podium au championnat je vais devoir mettre des efforts à la course à pied pour être capable de me démarquer des autres puisque la plupart des gens le savent, une grande partie du triathlon se gagne à la course à pied.
2016 sera ta dernière année en junior, j’imagine que tu t’es donné des objectifs a remplir, peux tu nous les partager?
2016 est une année de préparation pour faire le saut chez les U23-élite. Je m’entraîne pour être à l’ avant poste le temps venu. Les objectifs de cette année sont de prendre de la maturité en compétition internationale et d’analyser les courses une par une et de s’y ajuster.
Est-ce que toi et ton entraîneur Charles Perreault allez aborder la saison différemment? Est-ce qu’on va commencer à te voir sur des distances olympiques en ITU?
Je vais participer à quelques 10 kilomètres pour me préparer à courir cette distance et peut-être en fin de saison je vais prendre 1 ou 2 départs sur distance olympique, mais présentement le focus est les championnats du monde.
Tu as d’ailleurs signé avec le club de Rouen en France, j’imagine que tu veux te servir de ce championnat comme tremplin pour ton développement en compétitionnant contre des niveaux supérieurs…
L’opportunité que j’aurai de compétitionner en D1 permettra d’établir des balises. Le fait de me mesurer aux meilleurs au monde m’apporte les défis qui me motivent au plus haut point, c’est ni plus ni moins de l’essence dans le réservoir.
Que faut-il te souhaiter pour l’année prochaine?
De rester en santé pour être au top niveau et continuer d’avoir le même plaisir que j’ai à m’entraîner présentement.
Est-ce que tu veux ajouter quelques choses?
D’abord merci Alexandre de me “trimer” et mettre à l’avant-plan mon sport que j’adore et qui est tellement excitant à suivre. Continue ton excellent travail journalistique.
Merci à toute l’équipe qui me supporte et m’encourage à continuer, sans les nommer les gens vont se reconnaître.