La chronique de Xa’ > Jeux de massacre à Gold Coast

Il est environ 1h30 cette nuit lorsque mon réveil sonne… Magie d’internet, quelques clics plus loin, me voilà à l’autre bout du monde, sur la Gold Coast Australienne pour assister à la 2e manche de la WCS 2016. En premier, c’est la course des filles et je me dis que ça tombe bien que ce soit dans cet ordre là, car il s’agira surement d’une simple mise en bouche avant le choc des gladiateurs, un peu plus tard, vers 4h30 du matin…

Dans ma tête, c’est assez clair : Gwen Jorgensen va contrôler tranquillement jusqu’à T2 et s’enfuir à grandes enjambées vers la victoire… Fermez le bal ! Et en natation, tout se passe comme prévu pour la grande américaine dont on ne vante pas suffisamment les qualités de nageuses de tout premier ordre. Je m’applique donc à tenter de voir où se trouve Emmie Charayron… Et je n’en crois pas mes yeux lorsque je distingue un maillot tricolore aux avants postes à la sortie de l’eau… Le problème, c’est qu’Emmie n’est ni grande ni blonde et je réalise alors qu’il s’agit de Michelle Flipo, notre « néo tricolore ». Emmie, elle, se trouve « à sa place normale » aux côtés, en particulier, de quelques bonnes rouleuses, dont la vice championne olympique Lisa Norden. Dans le petit groupe de devant, ça remue dès le début du vélo et notre nouvelle Française est la 1re à « sauter » devant les coups de boutoirs de ses camarades de jeux. Sa dégringolade s’arrêtera à une anonyme 45e place à plus de 10 minutes de la lauréate du jour.

Le parcours de la Gold Coast est un véritable « vire vire » et à ce jeux, on sait que Flora Duffy, la championne du monde XTERRA, se sent toujours comme un poisson dans l’eau… Andréa Hewitt, elle aussi, secoue le cocotier plus souvent qu’à son tour et à force de relance, les deux meilleures en vélo hier, finissent par se faire la belle en prenant sur leur porte-bagage Helen Jenkins qui n’en demandait pas tant ! L’écart monte régulièrement et à T2, c’est avec un bon matelas d’une minute trente que les trois fuyardes s’élancent. Gwen peut remercier sa compatriote Katie Zaferes, mais aussi le plus improbable soutien de Claudia Rivas sans qui l’addition aurait été encore plus salée… Le groupe « Charayron » est relégué à un peu plus de 3 minutes et ne jouera au mieux qu’une place dans le top ten. Helen Jenkins contrôle magnifiquement, et comme aux plus beaux jours, le troisième exercice pour s’envoler vers une victoire nette et sans bavure… Vite dit, mais cela faisait une éternité qu’une athlète n’avait réussi l’exploit de dominer l’Américaine. Derrière la grande Anglaise, Andrea et Flora ne cessent de se doubler et redoubler, tandis que l’ombre de Jorgensen se rapproche au fil des tours. Les 500 derniers mètres seront cruels pour Flora qui se verra débordée par Andrea puis Gwen pour mourir au pied du podium. Jorgensen réussira dans un finish époustouflant à coiffer Hewitt sur le fil pour le 1er accessit. La course la plus aboutie de la petite « franco / Néo Zélandaise » depuis longtemps… Emmie Charayron accroche une solide 17e place avec une jolie course à pied dans des conditions difficiles. C’est moins bien en terme de rang qu’à la 1re WCS, mais étrangement, je trouve sa performance de cette nuit tout aussi convaincante…

J’avais tout faux, cette course fut loin d’être une mise en bouche, elle fut ébouriffante, haletante et presque, au final, émouvante…

Trois carrés de chocolats, et une mini sieste nocturne plus tard, je m’éveille à nouveau. il est 4h30, mais ce n’est  même pas dur tant le spectacle s’annonce passionnant…

Dès le départ, c’est une interminable course poursuite qui commence. Presque sans relâche et dans laquelle, le fait d’appartenir à un groupe ne garantit aucune tranquillité tant les relances et les attaques seront incessantes durant toute la course. Jonathan sera le 1er en action pour tenter de faire vivre l’échappé de tête. Repris, c’est le grand frère qui tentera un rush, en solitaire cette fois-ci, pendant plusieurs kilomètres… Qu’est-ce que j’aime ça quand les deux trublions du Yorkshire sont là !

Pourtant, une fois n’est pas coutume, Alistair et Johnny se bruleront les ailes à leurs propres jeux de massacre. Un jeu qui fera un nombre de victimes inhabituel : près de 19 abandons. Le plus notable sera celui de Richard Murray sur chute avec, a priori, une fracture de la clavicule. Énorme coup dur pour le Sud africain qui affichait depuis le début de l’année, la forme de sa vie… Mario Mola, lui, semble plus fort que jamais et surtout, d’un sens tactique inébranlable. Le lutin espagnol sait toujours trouver les alliés de circonstances qu’il faut quand il faut. Bien caché, on ne le verra quasiment jamais sauf à T2 où, pour une fois, il réussira une transition éclair pour s’élancer en tête. Mario ne lâchera définitivement un Johnny magnifique de courage que dans le dernier tour pédestre, mais, à vrai dire, l’issue semblait inéluctable dès le début du dernier acte… Victime d’un coup de chaud, Johnny, lui, vivra un dernier kilomètre dantesque pendant lequel, j’ai bien cru qu’il allait s’écrouler dans les barrières. Mon « English préféré » va finir en titubant à la 3e place après avoir été, en toute logique, déposé par le métronome espagnol Fernando Alarza, le plus méconnu des tops athlètes mondiaux !

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Sans aucun temps mort, la course fut aussi belle que dure. Les défaillances et les écarts presque surprenant  à ce niveau l’attestent. L’Espagne avec trois athlètes dans les sept premiers malgré l’absence de Javier Gomez, encore blessé, fait désormais figure d’épouvantail. Après deux manches, Mario parait être le nouveau dominateur du circuit… Viva Espana !

Pour nous autres français, c’est un peu la soupe à la grimace : Anthony Pujades qui abandonne et Simon Viain très loin, les temps sont durs pour les tricolores…

Mais patience, Vincent Luis, notre meilleur atout, attend, tapis dans l’ombre, j’espère, le bon moment pour rentrer dans la danse…

Il est six heures et demie lorsque je referme enfin mon Mac.  Je m’accorde une dernière pause de 45’ minutes avant de me lever pour aller retrouver mes secondes 11 au lycée. Presque deux nuits blanches en deux jours, Il faut j’arrête d’écrire pour TRIMES, tout cela n’est pas bien raisonnable ! Si je continue, je risque d’avoir moi aussi, tôt ou tard, comme Johnny aujourd’hui, un léger coup de chaud !

2 commentaires
  1. Bravo… Une belle preuve d’une conscience professionnelle sans faille. Je suis sûre que ces secondes auront droit à un cours de qualité…

    1. Ils l’ont eu ! Je te rassure Tititoto ! Mes passions se rejoignent, d’ailleurs mon métier en fait partie 😉