Viva Espana…
En ce début de saison, l’Espagne domine outrageusement le circuit mondial. Avec Mola, Alarza, Hernandez et en attendant le retour de Javier Gomez, c’est quatre athlètes capables de faire top 10 en WTS voire mieux, qui arment les rangs de nos voisins ibériques.
Son leader, Mario Mola, intouchable avec deux victoires en deux courses, semble sur une orbite qui pourrait bien le mener jusqu’au sacre olympique en aout. En effet, dans la chaleur, le petit lutin espagnol n’a personne actuellement à son niveau pour le suivre en course à pied. C’est simple, s’il déboule dans le groupe de tête à T2… La course pourra difficilement lui échapper.
« Johnny save the Queen… »
Chez nos « meilleurs ennemies » anglais, ce début de saison est placé sous le signe du paradoxe. Chez les filles, la dynamique est plus que positive et l’Union Jack se présentera avec l’équipe la plus forte du plateau à Rio… Une équipe capable, on le sait maintenant, de contrecarrer les États Unis et la toute-puissance de Gwen Jorgensen… Par contre, chez les hommes, c’est un peu l’inverse : Alistair Brownlee apparait en difficulté et même « vieillissant » et on peut légitimement s’interroger sur la capacité du diable du Yorkshire à retrouver son meilleur niveau, notamment en course à pied… L’atout numéro un, c’est Jonathan, il sera probablement secondé par Tom Bishop mais aujourd’hui, on peut se demander quelle stratégie peut mettre à mal la domination des Espagnols qui cadenassent tout avec un Fernando Alarza absolument épatant dès la natation à chaque fois et qui, comme un hameçon planté dans le pied des meilleurs nageurs, peut à la fois jouer sa carte, et brouiller celle des autres, pour faciliter le retour de Mario dont l’intelligence tactique à fait merveille sur les deux premiers rendez-vous de l’année. Dans ce casse-tête chinois, le salut pourrait venir du sacrifice du grand frère pour Johnny… Ce serait magnifique, mais il faudrait pour cela qu’Ali retrouve ses sensations en natation… Et il faudrait aussi qu’il accepte de le faire… Double inconnue !
V. Luis, la force de l’imprévisible
Chez nous autres français, il y a comme un espèce de grand écart avec d’un côté, une espérance réelle et justifiée autour de Vincent Luis, et de l’autre, un début de saison raté de la part de nos autres prétendants. David Hauss se fait discret, Pierre Le Corre reporte sa rentrée… un faux départ de Dorian Coninx, les contre-performances pour Anthony Pujades et Simon Viain… Aurélien Raphael, tellement plus à l’aise sur les courses continentales qu’au niveau supérieur : tout cela ne prête guère à l’optimisme alors que la saison avance. Reste que je suis persuadé que la stratégie de Luis, en se mettant en retrait depuis le début de saison, est la bonne, car, finalement, son ombre plane sur le circuit… Et quand on connait l’importance de l’aspect psychologique sur ce genre d’épreuve…
Ailleurs, rien de « si neuf » sous le soleil…
Pour « reste du monde », l’Australie a, comme souvent, une « Équipe homogène est forte », mais… sans réel leader… C’est un peu gênant et c’est surtout embêtant pour nos amis Aussies, de constater qu’Aaron Royle, si prometteur l’an dernier, ne semble pas vraiment avoir passé de palier dans l’hiver. Pour la mannschaft, c’est la débandade : le meilleur atout demeure encore et toujours Stephen Justus… C’est un peu insuffisant et surtout, sans doute beaucoup trop vieux… Et Gregor Buchholz, si fort en course à pied, apparait bien loin de son meilleur niveau cette année.
Il existe avec Martin Van Riel, Tyler Mislawchuk ou Jacob Birtwistle, quelques talents en devenir, mais ils seront sans doute trop courts pour Rio… Bref, le seul véritable danger dans le style « électron libre », c’est, ou plutôt « c’était » Richard Murray. La radio de sa clavicule après son crash de la semaine dernière ne rend pas bien optimiste… On espère un rétablissement rapide pour le Sud africain qui donne toujours beaucoup de sel à la course, mais cela semble bien compromis…
Tout perdre quand on est très fort…
Non, à quatre mois des J.O, on a du mal à imaginer l’Espagne passer au travers de cette olympiade… Finalement, son pire ennemie, c’est peut-être elle même, car si Javier revient en forme, on peut très bien se retrouver avec Alarza et Gomez ensemble dans un pack à l’avant et Mario derrière… Que fera alors Gomez ? Se conduira-t-il en coéquipier de luxe ou jouera-t-il sa carte personnelle en roulant au risque de faire perdre le meilleur coureur du circuit ? De son côté, Mario roulera-t-il sur ses deux coéquipiers ? Une situation cornélienne qui pourrait bien profiter à Vincent Luis…
« Triathlon fiction »
Tout cela, c’est « du triathlon fiction », je sais bien, mais ce genre de cogitation, j’adore… et surtout, je me rappelle, il y a un bon moment maintenant (en 2008), que Javier n’avait pas hésité à la jouer perso au détriment de son coéquipier Ivan Rana… Et que tout cela s’était fini en « eau de boudin » pour l’Espagne à Pékin avec une quatrième place pour Javier et une cinquième pour Rana…
Alors, Mario et Javier peuvent-ils se mettre des bâtons dans les roues ? Alistair acceptera-t-il de devenir le coéquipier de luxe de Jonathan ? Vincent Luis saura-t-il naviguer au milieu de tout cela avec talent ? Richard Murray sera-t-il de retour à temps ? Y aura-t-il une surprise de dernière minute pour chambouler la donne ?
Autant de questions qui rendent les mois qui arrivent bien excitants pour « l’aficionados » que je suis !