Existe-t-il une recette universelle pour le développement de l’athlète? On pourrait effectivement retenir quelques axes principaux, parmi lesquels les « squads », ces fameux groupes d’entrainement. Un squad réunit plusieurs athlètes, et repose sur une dynamique selon laquelle les meilleurs éléments pousseraient les autres à se dépasser et donc à progresser.
Mais ce qui fait la force de cette méthode peut aussi se transformer en inconvénient, soit une compétitivité entre les athlètes qui peut être synonyme d’insécurité. En effet un squad est forcément moins adapté pour intervenir et adresser les besoins individuels d’un athlète. Dans un squad, tout tourne autour des besoins des 2-3 meilleurs éléments. Un athlète de 21 ans peut rarement encaisser le même volume d’entrainement qu’un habitué de longue date du circuit WTS.
Est-ce que d’autres fonctionnements peuvent être mieux adaptés?
Depuis quelques courses, on a remarqué un point intéressant sur la série mondiale, qui explique probablement pourquoi certains athlètes semblent mieux évoluer dans un environnement aussi compétitif, où les partenaires sont aussi des adversaires.
Par la force des choses, l’école Britannique sera présentée par deux binômes aux Jeux Olympiques, les deux frères Brownlees et le duo Vicky Holland/Non Stanford. Tous ces athlètes partagent des points en commun: ils sont de sérieux prétendants pour des médailles olympiques, mais surtout, ils présentent un profil similaire qui leur permet d’avoir une emprise sur les dynamiques de courses.
Dans un milieu où le succès est individuel et la réussite personnelle, ces athlètes ont une union qui dépasse le sport. Ils partagent leurs entrainements, mais aussi leurs logements et leurs ambitions. L’aventure se passe à deux. On n’est plus dans une culture du secret où l’athlète agit uniquement pour ses intérêts. Dans leurs cas, il n’y a pas de rapport de force entre dominant et dominé. Ces athlètes sont, à quelques détails près, au même stade dans leur cheminement.
Le cas Holland et Stanford.
Holland et Stanford ont étonné la communauté en obtenant leurs sélections pour les JOs, alors que ceci avait des allures de mission impossible. En effet, pour gagner leurs passe-droits, elles devaient monter sur le podium au test event de Rio, mais aussi à la grande finale de Chicago.
Face à ce challenge, les deux femmes n’ont jamais mis de côté leur alliance. Elles ont couru stratégiquement afin que les deux gagnent leurs sélections. Au lieu de voir l’adversaire dans leur partenaire d’entrainement, elles y ont vu une alliance logique et imperturbable.
Un modèle inspiré des Brownlee?
Lors d’une récente entrevue pour CNN, les deux frangins se sont justement penchés sur le sujet.
Les deux, on veut gagner, mais une seule personne peut véritablement gagner. Quand on démarre une course, j’ai pourtant le sentiment qu’on est une seule équipe contre les autres, dit Jonny Brownlee.
C’est une tactique d’équipe parce que nos buts sont communs, mais à la fin, ce n’est pas non plus comme si l’un de nous devait sacrifier sa performance finale pour l’autre, avoue Alistair Brownlee.
Récemment, à la coupe d’Europe de Quateira au Portugal, on a d’ailleurs assisté à un échappé d’un autre duo britannique, celui de Lucy Hall et de Jessica Learmonth. Au final, les deux profiteront d’une avance très conséquente après le vélo leur permettant de monter sur les deux plus hautes marches du podium.
Alors que les concepts de squad et de domestique sont si populaires, on finit par se demander si les Britanniques n’ont pas une longueur d’avance. Dans les faits, même si cette formule pourrait faire penser au duo du moment, Richard Murray et Mario Mola, l’entente n’est pas aussi approfondie. Ces deux athlètes ont des entrainements individualisés.
Dans le passé, on a vu Laurent Vidal avec David Hauss s’approcher de ce type de fonctionnement. Leurs 4e et 5e places n’étaient pas le fruit du hasard.
Que faut-il en comprendre?
Que développer deux athlètes avec des profils très similaires pourrait devenir une tendance commune. Que cela soit Non Stanford et Vicky Holland ou encore les Brownlees, tous ces athlètes sont passés par des périodes de succès, mais aussi de blessures. Pouvoir profiter sans filtre de l’expérience d’un autre athlète et probablement plus efficace que de nombreux spécialistes.
Dans leur cas, on effectivement un effet d’entrainement entre deux athlètes.
Non Stanford et Vicky Holland feront leur retour à la compétition lors de la série mondiale de Cape Town. Cela sera l’occasion de voir si leur duo est toujours un prétendant sérieux pour Rio.