Après les Jeux olympiques, les deux frères Brownlee ont mis sous écrit en publiant leur livre. Dans cet ouvrage, ils abordaient la problématique presque trop commune entre deux frères. Ce rapport de force entre le dominant et le dominé, le petit frère qui souhaitait prouver qu’il pouvait battre son ainé. Cette rivalité provoquera un besoin de changements, pendant qu’Alistair souhaitait se qualifier pour le 10 000m des Jeux du Commonwealth, Jonathan a tenté de s’émanciper, avoir son propre appart, s’entrainer dans son coin avec des entrainements en fonction de ces besoins…
Dans cette culture où tout va très vite, les Brownlee paraissent presque chose du passé, pourtant, les frangins du Yorkshire ont tout de même permis à la Grande-Bretagne d’amasser le plus de victoire en WTS. Mais voilà, avec leurs différentes blessures, il parait très loin le temps ou les enfants terribles du triathlon se présentaient tous les deux, dans leur meilleure forme.
Stockholm 2014 était probablement la dernière épreuve où les deux frangins étaient simultanément au mieux, enfin même là, c’est à matière à débat puisque Alistair était déjà embêté par une blessure naissante. Malgré tout, ils avaient tout simplement repoussé l’impossible en dominant la course de A à Z.
C’était probablement la dernière fois que l’on a vu un plan être exécuté à la perfection.Seuls les Brownlee peuvent lancer une offensive sachant que leurs adversaires n’ont pas encore de parade. Leur général Richard Varga avait appuyé la natation, ils avaient fait le reste.
Le final offrira l’une de ses images mythiques, deux frangins assis sur le bord attendant pendant presque une minute les autres. Tout cela en conjonction avec les propos d’Alistair, je ne veux pas juste gagner, je veux gagner avec le plus de marge possible sur mes adversaires.
Insolent, déterminé, génie, fou, un peu tout à la fois, reste que les Brownlees ne sont jamais rentrés dans une dynamique où il fallait remplir des critères, ils ont préféré en définir des nouveaux.
Malheureusement ou heureusement pour les autres, 2015 fût une année compliquée.
Les Brownlee avaient en quelque sorte, le début de saison en garde partagé, réuni pour une seule course en 2015 à Londres, lorsqu’un s’offrait la victoire, l’autre était sur la pente descendante et cachait une blessure à venir. Je me rappelle encore très bien d’une discussion avec un directeur technique nationale après le sacre d’Alistair à Londres, il a encore démontré qu’il était le plus fort au monde, maintenant sa victoire dépendra de sa capacité à se présenter en forme à Rio. De notre côté, on se demandait si certains athlètes croyaient vraiment dans leurs capacités afin de battre les Brownlee… Ce droit semblait être réservé à Javier Gomez ou potentiellement à Mario Mola, sur un malentendu… et puis, il y a eu cette nouvelle génération, Vincent Luis, Richard Murray, Joao Silva qui battront Jonathan à Abu Dhabi, cela a semé le doute.
Et si la concurrence pouvait finalement se rapprocher… Et si elles pouvaient désormais ne plus se soumettre aux ordres des deux frangins pour courir selon leurs intérêts. Le 31 mai sera la dernière fois où l’un des deux Brownlee se présentera sur un départ avec une force suffisante pour imposer la dynamique de son choix.
Cette extinction s’expliquera par les demandes de la fédération pour obtenir leur sélection olympique. Le critère était alors de monter sur le podium au Test Event de Rio ainsi qu’à la Grande Finale de Chicago. Le corps n’aura pas de réponse. Ironiquement, la GBTri fera un tour de passe-passe. Conscient de pouvoir compter sur les deux meilleurs athlètes, elle ne souhaitera se retrouver à nouveau avec des athlètes passant plus de temps en soin qu’à l’entrainement. Elle décidera de les sélectionner tout de même en précisant qu’ils ont démontré leur potentiel d’obtenir une médaille aux Jeux. Figure imposée inutile?
Malgré tout, le doute s’est installé. Alistair s’est finalement fait opérer à son pied. Une opération risquée qui ne lui offre pas l’assurance totale de pouvoir retrouver ses pleines facultés.
À Gold Coast, on se retrouvera donc avec deux Britanniques qui devront refaire leurs preuves et marquer à nouveau la course.
Le grand bluff.
La dernière année olympique est toujours une année spéciale. Les séries mondiales sont fréquemment utilisées pour marquer son territoire, casser le moral des adversaires. En gagnant avec la manière, cela plonge vos adversaires dans le doute, cela les forces à en faire trop durant la course, mais aussi à l’entrainement.
Une victoire peut cacher des grandes lacunes et vice-versa.
L’ironie de l’ITU est qu’un athlète qui remporte une course n’est pas forcement un athlète qui a le plein contrôle de sa destinée. Une question de circonstances.
Alors que pour la majorité des athlètes, le retour des Brownlees est synonyme de perdre 2 places au classement général. Pour certains, cela jouera dans leurs faveurs. Les Français ont su s’adapter aux exigences des Brownlees.
La natation pourrait redevenir la porte d’entrée pour la sélection du fameux club des 8. Lui qui était si proche de déclarer faillite, faute de véritable repreneur, pourrait finalement reprendre du service pour de bon.
La règle d’or est simple, il faut sortir de l’eau avec moins de 15 secondes de retard pour être admis. L’échapper belle est alors inévitable. Dirigée par les deux frangins, la T2 se présente avec une longueur d’avance sur les non admis.
Gold Coast, cet inconnu.
Est-ce que les Brownlee reprendront la course comme si rien n’était arrivé ? C’est la grande question! Ils nous ont habitués à faire des retours fulgurants. Leur absence à Abu Dhabi peut faire présager qu’ils avaient besoin de plus de temps. Dans la réalité, et c’est la magie ou pas de l’ITU, il n’y a pas d’indice qui traine…
Est-ce que leurs adversaires sauront remettre en question la monarchie. Tout laisse croire que leur exile a permis à d’autres athlètes de prendre confiance dans leurs capacités.
Gold Coast avec sa natation en mer et son circuit de vélo qui est probablement le plus invitant pour les athlètes qui refuseront d’attendre la T2, le scénario devrait s’avérer très différent.
Ce qui est certain, c’est que le retour des enfants terribles du triathlon ne laissera personne indifférent.