À travers le temps, les fédérations nationales ont appris à être très prudentes avec les sélections des athlètes olympiques. C’est un processus qui devient d’autant plus compliqué lorsque les athlètes doivent faire face à certains obstacles. D’ailleurs, il est important de rappeler qu’un athlète n’est jamais réellement sélectionné, mais bien pré-sélectionné. Il doit toujours répondre à certaines conditions avant de pouvoir être inscrit aux Jeux Olympiques.
L’athlète est donc proposé par la fédération au comité olympique francais (CNOSF). Le CNOSF valide le choix en s’assurant de la légitimité de la proposition et que les règles ont bien été respectées et appliquées. Ce processus à plusieurs étapes est en place pour respecter les droits des sportifs. Un athlète à toujours le droit de s’opposer à une décision. Les institutions doivent donc définir des modalités de sélection très claires pour éviter tout litige.
Un exemple qui a marqué.
Lors des Jeux de Londres, la Canadienne, Paula Findlay avait obtenu sa sélection grâce à ses résultats de 2010 et 2011. Malheureusement, sa préparation hivernale sera coupée par une blessure majeure à la hanche.
La fédération canadienne n’avait pas mis au clair précisément la manière dont l’athlète devait confirmer son état de forme. En fin de compte, Findlay participera tout de même aux J.O. sans avoir pris le départ d’une WTS en 2012. Elle terminera dernière ce qui provoquera de vives polémiques les semaines suivantes.
Ce type d’imprévu alimente évidemment un long débat parce qu’il est mal compris par les amateurs. Rappelons que la FFTri a comme premier objectif l’obtention d’une médaille. Ce qui n’est pas le cas de toutes les fédérations. De plus, la fédération française s’efforce d’aligner uniquement des athlètes avec le potentiel raisonnable d’être finaliste (top 8). C’est d’autant plus important que les résultats olympiques auront une influence sur le financement de la fédération.
Et la France ?
La FFTri et le CNOSF se sont donc mis en accord sur des critères. Lorsqu’un athlète a obtenu sa pré-sélection en fin de saison 2o15, il doit ensuite valider sa sélection en remplissant un autre critère:
– être à minima classé-e au classement olympique devant l’athlète attribuant un 3ème dossard à la dernière nation bénéficiant de trois (3) dossards à la date du 15 mai 2016.
Document de référence > http://fftri.com/files/pdf/150408%20Modalit%C3%A9s%20de%20s%C3%A9lection%20JO.pdf
La situation des pré-sélections…
En France, on a pu noter l’absence répétée des deux sélectionnés de l’équipe de France sur le tapis bleu de l’ITU. Les athlètes ayant déjà leur pré-sélections, il n’y avait pas cet impératif à reprendre tout de suite la compétition. Les deux athlètes ne prendront finalement pas le départ à Cape Town. Blessure mineure pour Vincent, manque de forme pour David.
Vincent Luis, même en n’ayant pas encore repris de dossard cette année, est assuré de valider sa sélection. C’est le seul français à avoir gagné une WTS. Sa seconde place au championnat de France de Cross, ainsi que la consultation de ses entrainements hivernaux par la fédération seraient des éléments assez rassurants pour la suite. De plus, il est toujours classé 5e au classement olympique avec 7936.95 points. À l’image de sa saison 2015, Vincent prend son temps.
Pour David Hauss, la situation est nettement plus compliquée.
Rappelons que cet athlète exceptionnel a terminé 4e en 2012 aux Jeux Olympiques de Londres et qu’il est considéré comme l’homme des grands jours. Son titre européen acquis l’année dernière à Genève ainsi que son incroyable retour en course à pied durant le Test Event de Rio lui ont permis d’obtenir sa pré-sélection. Une partie du chemin était donc effectuée.
Pourtant rien n’est acquis pour les Jeux. En effet, accusant un retard de 40 points sur le dernier athlète à obtenir le fameux 3e dossard. David se devait donc d’aller chercher une belle performance pour repasser devant cet athlète au classement, au risque de perdre son droit à la sélection.
C’est ce qu’il a tenté de faire à la Coupe du Monde de Cagliari. Malheureusement, David Hauss termine 29e en Italie tandis que Miguel Arraiolos finit 10e à Huatulco. Le portugais ajoute donc 250 points à son total de 2634 points.
Annoncé pour Yokohama, David Hauss a pourtant préféré se retirer de la série mondiale qui aura lieu ce week-end.
C’était malheureusement sa dernière opportunité de marquer des points durant la période, et donc de remonter au classement olympique. Avec 2464 points, il est maintenant devenu impossible pour le réunionnais de battre le fameux 3e homme à obtenir un dossard pour sa nation.
Mathématiquement, cela signifie que David Hauss ne remplira pas le critère de validation de sa sélection. Tout cela était écrit et la fédération n’a pas d’autre option que d’appliquer ses règles.
Est-ce que cela signifie que David Hauss n’ira pas aux Jeux ?
Ce n’est pas si évident.
Il ne reste donc plus un dossard mais deux dossards à attribuer. Quels seront les heureux élus ?
Prenons du recul.
Que cela soit Dorian Coninx, Pierre Le Corre, Aurélien Raphaël, aucun de ces tricolores n’a encore d’expérience olympique. L’équipe technique de la fédération a choisi de ne pas attribuer le dernier dossard sur une course sélective.
Pour cette dernière phase, La FFTRI a décidé de faire son choix au regard des résultats obtenus sur la période olympique et en fonction de la capacité de performance potentielle à Rio.
La fédération prendra sa décision en conséquence.
Rien n’interdit d’ailleurs à la fédération de repêcher David Hauss considérant qu’il lui reste une centaine de jours pour retrouver son meilleur niveau. Il a tout de même été l’auteur d’une belle course à pied à Cagliari. Mais une 29e place en Coupe du monde et sur distance sprint n’offre pas assez d’indices.
Le temps en défaut ?
C’est le 20 mai que la fédération obtiendra la confirmation du nombre de dossards pour les Jeux. Dans ce dossier, la France est déjà assurée d’envoyer 3 représentants. Dans un premier temps, la FFTri devra annoncer la même journée, les athlètes sélectionnables et non les 3 élus définitifs.
Le comité de sélection devra ensuite envoyer les 3 retenus au CNOSF afin qu’ils soient validés par l’instance chapeautant le processus. C’est seulement le 7 juin que les noms seront communiqués. Cela signifie que les performances lors du championnat européen à Lisbonne ne pourront pas être pris en considération.
La route pour Rio est semée de plusieurs embuches. Le vrai courage est celui de choisir parfois.
article très clair sur un sujet un peu abscons pour la majorité des amateurs comme moi… merci !
Merci Xavi, ça fait toujours plaisir et on trouvait cela important de donner toutes les données.
étrange histoire, sans doute démotivant pour les élites. Je ne sais pas ce que font les autres fédés dans le triathlon, ni les autres sports olympiques en France, mais AMHO, je trouve qu’il aurait été préférable d’arrêter le choix fin 2015 de manière à ce que les 3 heureux élus se préparent dans la sérénité. Rien n’empêchait la FFTRI d’envoyer le trinome sur quelques courses internationales (mettons Cape Town par exemple) en 2016 histoire de roder l’entente du trinome, tout en mettant en oeuvre des camps d entrainement commun (avec les filles)
Entente n’est pas compatible avec FFTRI. On le remarque course après course, que cela concerne des athlètes pour aller aux JO, des athlètes qui montent, des athlètes qui sortent du placard, des athlètes protégés…etc.
Sofasthenic, aucune fédération nationale n’a encore fait cela. Pour l’aspect démotivant pour les élites, généralement leur perception est à l’opposée. Lorsque les règles sont claires et respectées, ils n’y a pas vraiment de protestation… Après, cela changera probablement quand les noms seront dévoilés.
C’est vraiment injuste. Ce gars a programmer toute sa préparation pour au top le jour J et pas avant. Son père a pris 6 mois de dispo professionnelle pour le coucher jusqu’à Rio. C’est sur qu’il sera en forme et l’un des favoris à Rio
Ces dispositions de la FFTRI me laisse perplexe. Alors ok il y a le cas Paula Findlay comme écrit dans l’article, mais pour combien de cas où le fait de sélectionner au moins 6 mois à l’avance marche (cf les frères Brownlee, les anglaises qui sont déjà toutes sélectionnées…). Résultat : on va voir 2 mecs nazes à l’approche des JO, seul Vincent Luis semble préserver…
Je ne crois pas que l’on parler de naze, Pierre Le Corre et Dorian Coninx. On parle de deux champions du monde U23 qui ont démontré un très bon niveau de performance à Cape Town. Dans les faits, il y a d’autres exemple comme Helen Jenkins en 2012. Aussi, c est un détail important, le critère de validation n’était pas non plus difficile. Ne pas obtenir de résultat avant les Jeux olympiques n’est pas non plus la meilleure façon de préparer les jeux.