Après avoir étonné le monde de la longue distance à Cannes, Etienne Diemunsch a renoué avec la victoire sur le circuit du coupe du monde en gagnant à nouveau à Cozumel. On s’est entretenu avec lui pour en savoir plus sur son actualité.
Ta fin de saison de 2014 (victoire à Cozumel WC) t’avait permis d’être considéré dans le projet olympique. Ta prépa hivernale se compliquera et tu ne pourras pas saisir tes chances en WTS, est-ce que cela a mis ton avenir en ITU en danger? Surtout après ton succès au Polar Triathlon de Cannes, cela a marqué les esprits…
J’avais il est vrai bien terminé ma saison 2014, et par la suite j’avais effectué une très bonne prépa hivernale, enregistrant mes meilleures séances jamais réalisées, c’est lors du début de saison que ça s’est compliqué, avec différents soucis de santé (infection, virus …) qui m’ont mis hors service pendant plusieurs mois. Je n’ai par la suite jamais réussi à revenir dans la partie… Donc c’est vrai que se pose la question de continuer à m’acharner (c’est le mot) en itu ou pas et comme tu dis d’autant plus avec une perf en début de saison sur half à laquelle je ne m’attendais pas. Ça donne quelques idées … Et puis que mon hiver a été difficile à pied, donc je voulais juste revenir une dernière fois sur ce type de course pour voir si j’avais encore la capacité de perfer.
La semaine dernière tu prenais la 9e place à Madrid en coupe d’Europe, sans dire que c’est un mauvais résultat, est-ce que cela a joué sur ta motivation pour Huatulco?
Si si, on peut dire que c’est un mauvais résultat! Après je ne pense pas que cela ait joué sur ma motivation ici, dans le sens augmenté cette dernière. Au contraire, je suis persuadé que la victoire engendre la victoire. Ce que je veux dire c’est qu’ il est préférable de rentrer dans une dynamique positive. Après comme je n’avais pas trop relâché l’entraînement avant Madrid et que j’avais eu quelques pépins mécaniques sur la course, je restais un minimum confiant sur mes chances à Hutulco, course que je connais bien.
Parlons de la course, comment se passe la natation? Étonnement, les athlètes sortent les uns à la suite. Il n’y a pas d’écart… comment faut-il l’expliquer?
Oui mais je suis passé proche de la correctionnelle! Je m’attendais à mieux nager, car les séances dans l’eau étaient plutôt bonnes ces derniers temps. C’est vrai qu’il n’y a pas eu de gros écarts, d’une part par l’absence de très gros nageurs, mais les conditions de chaleur, même si elles étaient moins compliqué cette année, font que les athlètes ont tendance à temporiser plutôt que de relancer. Enfin le parcours avec une 1ere boucle de 1000m permet un peu moins de bataille aux bouées je pense et favorise le regroupement.
Quand tu montes sur le vélo, tu te dis quoi?
Je me dis qu’il faut embrayer fissa si je ne veux pas regretter d’être venu! C’est du reste ce que j’ai fait, en rentrant sur la tête relativement vite.
Parle-nous de la dynamique à vélo. Cette épreuve était primordiale pour certains athlètes (processus olympique), de loin, c’était plus un vélo sur la défensive que l’offensive, non?
Probablement, même si j’ai un peu de mal à vraiment l’analyser. J’ai souffert un peu sur les premiers tours, et j’ai assez vite compris qu’il serait difficile de refaire le coup de 2014 en s’échappant à 4/5 gars. Et finalement ça a été une course d’usure avec élimination par l’arrière / déraillement / chutes / crevaisons. Sur les 3 derniers tours, j’ai décidé avec Aurélien notamment d’être plus actif devant et durcir systématiquement la montée en prévision de la course à pied, pour user les organismes.
Lorsque tu poses le vélo, tu te dis?
Rien de spécial, je me suis juste concentré à refaire une transition devant, ce qui m’avait fait défaut la semaine dernière.
Huatulco est reconnu pour son climat humide et chaud, est-ce que tu prends cela en considération durant ton effort?
Si jamais tu ne prends pas ça en considération à l’avance, tu le prends directement à la descente de l’avion! Donc oui. De plus c’était la 4ème fois que je venais ici, donc je connais bien cette course et les conditions. Cette année suite à l’hécatombe de 2014, et vu que ça repassait sur un format DO, l’horaire avait été considérablement avancé, ce qui a très nettement amélioré les conditions de chaleur, même si l’humidité reste la même.
D’ailleurs, on est curieux! Est-ce que tu avais bien suivi un protocole pour t’adapter à cette chaleur?
Oui le protocole du galérien, en réservant un airBnB pas cher, mais sans clim’! Par ailleurs j’avais pris soins de me complémenter toute la semaine en minéraux et autres électrolytes.
Durant la course à pied, est-ce que tu as craint certains de tes adversaires? À quel point tu connaissais tes opposants?
Non pas spécialement, mais ici le 1er adversaire c’est avant tout toi même, tu ne sais jamais vraiment comment tu vas réagir après déjà 1h30 d’effort intense dans une chaleur intense. J’ai essayé de partir tempo sans m’affoler, et à ma grande surprise, j’ai directement creusé un écart conséquent.
Peut on dire que cette victoire est vécue pour toi comme un retour des choses? La confirmation de retrouver son meilleur niveau?
Non pas vraiment, je suis conscient que bien qu’ayant une bonne densité, il n’y avait quand même pas beaucoup de « cadors » de la discipline. Et encore une fois c’est une course particulière, qui m’a souri cette fois-ci. Je pense que je suis encore loin de mon meilleur niveau, notamment à pied.
Et le reste maintenant, on sait que le projet olympique est impossible, alors, à quoi tu rêves maintenant?
De long… mais j’adore aussi l’intensité des courses avec drafting, donc cette saison je vais juste suivre mes envies sans me prendre la tête.
Quelles sont les prochaines étapes pour toi?
Dunkerque, puis ensuite peut-être Kraichgau en Bundesliga si Sussën, mon club veut bien me faire rentrer dans l’équipe, pour le moment je ne fais pas partie du 5 de départ!