Seulement 55 athlètes pourront s’aligner au départ des prochains Olympiques. Pour se tailler une route pour Rio, nos élites se devaient de répondre à trois exigences. Obtenir un dossard pour sa nation, se maintenir dans le top 140 d’un des classements ITU (olympique, mondial saison 2015 ou actuel) et être sélectionné par sa fédération.
Pour attribuer les dossards, l’ITU a développé un système très sophistiqué.
Des dossards étaient attribués pour les vainqueurs ou médaillés à des courses championnats comme les Jeux Pan Américains ainsi que la Grande Finale de la série mondiale de 2015.
Malheureusement, aucun Canadien n’a été en mesure d’obtenir un dossard par cette voie directe. À cela s’ajoute un dossard à la nation hôte, un dossard par nation émergente par continent ainsi que 2 dossards qui seront déterminés par la commission tripartie.
C’est donc une quarantaine de dossards qui sont désignés en fonction du classement olympique. Ce processus d’attribution s’effectue sur la période de 15 mai 2014 au 15 mai 2016.
Seules 8 nations peuvent se munir au maximum de 3 dossards. On peut déjà dire que cela a d’ailleurs créé des situations frustrantes puisque certaines nations débordent de talent. À titre d’exemple, la gagnante de la première série mondiale de la saison, Jodie Stimpson sait déjà qu’elle ne sera pas du voyage olympique, la fédération britannique ayant préféré trois autres athlètes. Pour les spécialistes, il ne fait aucun doute que Stimpson avait des chances légitimes de remporter Rio. Son palmarès comporte des victoires à Auckland et à Kitzbuhel, cela témoigne du talent de la Britannique à deux roues.
Distinction très importante.
Même si c’est le classement d’un athlète qui permet à une nation d’obtenir un dossard, sa fédération garde le droit de l’attribuer à l’athlète de son choix. Tout athlète étant classé dans le top 140 dans l’un des classements ITU est éligible. Par ce fait, les fédérations qui profitent d’une grande densité préfèrent sélectionner leur athlète sur une ou deux courses dites sélectives.
Au total, seuls les 14 meilleurs résultats échelonnés sur deux périodes seront comptabilisés.
En fonction du niveau de compétition, les athlètes marquaient des points. À titre d’exemple, la grande finale est sur la base de 1000 points, une série mondiale 900 points et une coupe du monde 500 points. Seulement les 50 premiers athlètes marquent de points. Les points diminuent par 7.5% par place. Le gagnant de la grande finale marque 1000 points, le second 925, le troisième 855,62, ainsi de suite…
La série mondiale de Yokohama viendra donc clôturer un long processus olympique.
L’équipe canadienne, la lutte entre la tortue et le lièvre.
Malheureusement pour le Canada, cette période coïncide avec des blessures de plusieurs athlètes. Leurs absences prolongées durant le processus olympique se font sentir. De plus, les nouveaux talents fraichement arrivés sur le circuit international comme Amélie Kretz ou Tyler Mislawchuk n’ont pas ramassé des points dès le début du processus olympique (15 mai 2014).
On fait don face à une situation hasardeuse. Même si l’équipe canadienne profite du potentiel nécessaire pour obtenir 3 dossards, nos athlètes ont accumulé un retard qui les place à risque. Tous les scénarios sont encore possibles, positifs ou catastrophiques.
Que cela soit chez les femmes et les hommes, on pourrait autant ne voir que 3 canuks qu’aucun sur la plage de Copacabana en aout prochain.
Cette difficulté à sécuriser ses dossards cache un autre problème. Contrairement aux éditions passées, aucun Canadien n’a été en mesure d’obtenir sa sélection automatique en terminant dans le top 8 du test event de Rio ou de la Grande Finale) lors de la saison 2015.
On est donc tombé dans la phase 2. Celle tant redoutée par l’équipe technique.
L’ancienne directrice haute performance, Libby Burrell, soucieuse d’aligner un athlète capable de répondre aux exigences de Rio avait alors identifié les 3 seules courses de distance olympique de la série mondiale de 2016, soit Abu Dhabi, Gold Coast et Yokohama.
Pour répondre aux critères, un athlète se doit de terminer dans le top 8 de l’une de ces épreuves et avoir obtenu précédemment un top 8 en WTS (Sprint ou olympique) entre le 2o mai 2014 et le 15 mai 2016.
Abu Dhabi et Gold Coast étant déjà passé. Seuls Andrew Yorke et Paula Findlay peuvent encore remplir ces critères pour obtenir une sélection automatique.
Pour le reste des athlètes, les coupes du monde de Cagliari et de Huatulco sont les dernières opportunités pour les athlètes de récolter des points, mais aussi d’impressionner les sélectionneurs.
Actuellement, on a déjà la certitude que le Canada devra sélectionner au moins un athlète par un processus descritionnaire.
Chez les hommes, dans un scénario idéal, le Canada récolterait 3 dossards. Kyle Jones (Olympien en 2012), Andrew Yorke et Tyler Mislawchuk sont actuellement les 3 seuls canadiens à considérer. Dans le cas contraire, le Canada se devra se tourner vers un comité pour choisir le ou les 2 athlètes ayant démontré les meilleures aptitudes pour obtenir du succès à Rio. C’est un processus qui est malheureusement difficile et qui est sujet à polémique.
Andrew Yorke occupe actuellement le 51e dossard (2444 points) et Kyle Jones le 52e (2399 points), ils sont les deux derniers athlètes du classement olympique à obtenir un dossard. En conséquence, Tyler Mislawchuk avec 2334 points n’a actuellement pas de dossard.
Nos Canadiens n’ont plus le droit à l’erreur s’ils veulent maximiser leur chance.
Rappelez-vous qu’une coupe du monde se joue sur la base de 500 points et de 900 points pour une série mondiale. Autant dire que le classement peut encore beaucoup évoluer. Les écarts sont si faibles entre les athlètes qu’il est encore impossible de favoriser un scénario.
D’ailleurs, il n’est mathématiquement pas impossible que le Canada ne présente aucun athlète à Rio. Il suffirait que 3 athlètes étrangers dépassent nos athlètes et qu’un athlète du continent américain obtienne plus de points qu’un Canadien pour que cela soit le cas.
Mike Lori étant au départ de Yokohama, il a lui aussi une carte à jouer.
Oublions ce scénario catastrophe, et concentrons-nous sur la lutte finale qui devrait se faire avec le Mexique, la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne et l’Afrique du Sud.
Chez les femmes, la situation est assez semblable. Même si on compte dans nos rangs des athlètes comme Kristen Sweetland et Paula Findlay qui sont déjà montés sur les podiums de la série mondiale, leur longue absence a malheureusement un effet néfaste sur leur classement.
Kristen Sweetland (2856 points) et Sarah-Anne Brault (2719 points) occupent actuellement le 43e et 46e dossard. La Belge, Claire Michel est la dernière obtenir un dossard. Elle est la 47e. Tout comme les hommes, elles n’auront pas le droit à l’erreur si elles veulent conserver leurs dossards.
Paula Findlay avec 2214 points et Amélie Kretz avec 2003 points sont les deux dernières chances pour le Canada afin de s’octroyer un 3e dossard.
Tout comme les hommes, Paula Findlay est la seule athlète qui pourrait obtenir une sélection automatique avec un top 8 à Yokohama. Si cela n’est pas le cas, l’équipe haute performance du Canada devra à nouveau baser sa sélection sur les résultats passés.
En se basant sur les athlètes au départ de la série mondiale de Yokohama, le ou les choix devront se faire avec Sarah-Anne Brault, Paula Findlay, Dominika Jamnicky, Amélie Kretz et Kristen Sweetland.
Pour finir, on tient à rappeler que les choses évoluent très vites en triathlon. Même si ce processus de sélection olympique s’avère compliqué, le Canada possède des athlètes avec des potentiels qui permettent tout de même d’espérer à des performances inspirantes aux Jeux de Rio.
Comme beaucoup disent, le plus difficile est de se présenter en santé au départ des jeux Olympiques. La route pour Rio n’est pas un long fleuve tranquille. Ne l’oublions pas.