Il est toujours intéressant d’étudier ce qui nous sépare des élites, notamment en course à pied. Tout le monde a encore en mémoire le dépassement de Chris Lieto par Craig Alexander à Kona 2009 à quelques kilomètres seulement de l’arrivée. La différence de style était frappante, entre le pas lourd de Lieto et la foulée merveilleusement fluide de Crowie. On retrouve cette même sensation de « je cours facile » en observant les marathoniens kényans et éthiopien. Qu’ont-ils de plus que nous ?
Sans s’attarder sur d’évidentes différences sur le plan cardio-vasculaire entre les amateurs et les pros, une récente étude (ici) s’est intéressée à l’énergie dépensée à une même vitesse entre des coureurs occasionnels et les coureurs élites : ces derniers consomment bien moins moins d’énergie, et ce pour un même poids de corps et une même raideur des extrémités inférieures (ensemble jambes-pieds).
La technique de course (ie Crowie) expliquerait cette différence, par des facteurs tels que les propriétés myotendineuses (absorption-conservation-restitution de l’énergie au niveau du tendon d’Achille), la pré-activation musclaire, etc… Donc, le pro est non seulement plus rapide et endurant avec son gros cœur, mais en plus il est plus efficace dans son geste. Double peine pour nous…
Pour nous triathlètes, la donne est un peu différente. Notre vitesse sur marathon IM sera bien inférieure à celle qu’on réaliserait sur marathon sec. Nous démarrons notre marathon sur des jambes fatiguées, avec des réserves énergétiques bien entamées. La technique de course (donc son efficacité) sera ainsi un facteur déterminant afin limiter les pertes énergétiques et terminer le marathon sans connaître un coup de bambou après la mi-course.
Des chercheurs de l’INSEP avait, il y a quelques années, déterminé quelques règles simples pour ne gaspiller notre énergie, notamment celle de « l’excursion du centre de gravité ». En gros, vous chercherez à minimiser autant que possible les mouvements verticaux lors de votre course : avoir une course plate avec la volonté de porter votre énergie vers l’avant, non vers le haut (pas de saut). On peut y travailler à l’entraînement lors de ses sorties longues en raccourcissant sa foulée (quitte à augmenter sa fréquence) et en la rendant « rasante ».
La différence est très visible entre amateurs et pros, mais elle l’est également entre pros même : Lieto a peut-être des capacités cardio-vasculaires plus développées que Crowie (grâce au vélo) mais est bien moins efficace dans son geste, et c’est là qu’il perd la course… Un bel exemple qui allie les deux aspects est Sebastian Kienle : c’est un monstre en vélo qui possède une technique course à pied très propre et économique pour un cycliste !
La foulée « rasante » ne va elle pas à l’encontre de la montée de genoux tant recommandée ?
« Lieto a peut-être des capacités cardio-vasculaires plus développées que Crowie (grâce au vélo) » tout depend si on raisonne en adaptations centrales ou en adaptations peripheriques….