Olympic Drama > La fin du manège pour Jarrod Shoemaker

À l’approche des Jeux, beaucoup se réjouissent, mais pour certains le processus olympique entraine plutôt une remise en question pour la suite. Yokohama représentait pour beaucoup la course de la dernière chance.

Avec le parc d’attractions qui entourait le site de la course, on ne pouvait s’empêcher le rapprochement. La carrière d’un athlète de haut niveau, c’est comme les montagnes russes, des hauts et des bas. Malheureusement, dans certains cas, les athlètes peuvent manquer de vitesse et il devient alors difficile de remonter la pente. Mais pas évident de savoir s’arrêter au bon moment.

Du côté des athlètes américains, aucun homme n’a encore décroché de médaille olympique. Pour cette nation qui est pourtant dans le haut du classement total des médailles, on s’impatiente, la situation devient gênante et des critiques commencent à se faire entendre.

À l’image de Lukas Verzbikas, cette impatience peut rapidement élever un athlète au sommet des attentes et le faire chuter dans l’anonymat presque aussitôt.

L’illustration parfaite de cet insuccès prolongé est Jarrod Shoemaker. Cet athlète est arrivé sur le circuit à un moment où on croyait qu’un triathlon se gagnait uniquement sur la course à pied.

Jarrod était passé au triathlon après une carrière de course à pied entachée de nombreuses blessures. Cet ancien coureur de la NCAA connaitra un succès presque immédiat en triathlon, et devient champion du monde U23 en 2005. Malheureusement, son épopée sera abrégée par l’apparition des Brownlee et de Gomez. Celui sur lequel tout un pays misait n’a jamais su retrouver sa place.

Cet athlète qui n’a jamais spécialement briller par ses capacités à vélo avait décidé de quitter Joel Filliol pour rejoindre Neal Henderson. Neal coache quelques-uns des meilleurs cyclistes américains, comme Taylor Phinney du World Tour, et entraine d’ailleurs celle qui est reconnue comme la meilleure cycliste actuelle en ITU, à savoir Flora Duffy.

Le 14 mai dernier à Yokohama, Jarrod Shoemaker espérait encore réussir à arracher son billet pour les Jeux après un été 2015 compliqué. En effet il tombera à vélo lors d’un entrainement avant le test event de Rio et se brisera la clavicule, compromettant ses chances. Il parviendra ensuite à prendre le départ de la Grande Finale à Chicago mais abandonnera la course.

À Yokohama donc, Jarrod avait besoin au minimum d’un top 8 pour espérer une qualification. Contrairement aux autres années, la sélection se basait sur un classement combinant plusieurs épreuves clés.

La dynamique de la course semblait jouer en sa faveur. Entrant en T2 dans le groupe principal, tout jouait en sa faveur. comme ce fut d’ailleurs le cas à la Grande Finale d’Edmonton en 2014 où il prendra la 7e place. Shoemaker aime d’ailleurs à rappeler que cela représente le meilleur résultat masculin des Américains lors d’un championnat du monde…

Malheureusement, dans cette course japonaise, Jarrod n’aura pas les ressources nécessaire pour boucler comme espérer. Il terminera 40e avec un nouveau cycle olympique qui lui file entre les doigts.

Dans le milieu, on savait très bien de Yokohama serait le début de la fin pour nombre d’athlètes. D’ailleurs Jarrod annoncera rapidement que c’était sa dernière course sur le circuit de la série mondiale. L’athlète de 33 ans tourne la page et s’en va vers l’ironman 70.3.

Une carrière aigre douce? Il y a une sorte de décalage entre son palmarès et le personnage. Jarod a multiplié les accidents avec sa fédération, mais aussi avec les athlètes. Avec le temps, il est devenu une cible facile. Comme toujours, certains ne se gênent pas pour se moquer d’un athlète qui ne répond plus aux espérances.

Justifié ou pas, son palmarès n’est pas anodin, puisqu’il reste le seul athlète américain à avoir gagné une série mondiale (Hambourg 2009). Aucun autre américain n’est d’ailleurs monté sur le podium de la WTS. Jarrod en avait pleine conscience et se comportait en conséquence.

Nous on préfère le voir comme un symbole. Un athlète qui n’a pas su s’adapter aux nouvelles exigences du circuit. Cet Olympien de 2008 nous rappelle aussi la fragilité d’une carrière. Monter sur un podium quelques saisons avant les Jeux n’est pas forcément de bonne augure pour la suite.

Fin du manège. Une sortie déjà oubliée et sans lumière.

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