Le milieu de l’ITU que l’on connait est très secret, alors que les meilleurs cyclistes au monde partagent leurs fichiers de puissance, ce n’est toujours pas le cas en triathlon. Il y a toujours cette crainte de donner des indices aux adversaires. Dans la même veine, il est toujours difficile de savoir si les athlètes effectuent le volume annoncé.
À ce jeu, nombreux voient des photos d’entrainements comme un acte de confidence. Cette culture du secret incite donc à chercher. Étonnement, il est très difficile d’avoir des repères de performances sur les athlètes. Lorsqu’un athlète de renom prend le départ d’une course dans une seule discipline, cela est vu comme une information essentielle.
Ce week-end, Nicola Spirig a pris part à un 3000 mètres. Elle l’a couru en 9:07. Toujours dans cette idée d’en dire, mais pas totalement, la Suissesse ajoute que cet effort a été précédé par une semaine très chargée.
Évidemment, en rendant publique cette information, l’athlète de 34 ans souhaite lancer un message à ces adversaires. Elle vient tout simplement de battre par 13 secondes son temps référence effectuée peu avant les Jeux olympiques de 2012. Cette marque lui permet d’être la suissesse la plus rapide sur cette distance depuis les 8 dernières années.
Le message est donc clair, si vous pensiez que Nicola Spirig ne serait de la partie pour les Jeux de Rio, voici le petit mémo pour dire qu’elle se présentera encore meilleure.
Étonnamment ou pas, Brett Sutton vient de relancer les dés en publiant son texte, Olympic Selection Issues. Son but est clair, jouer dans la tête des adversaires de Nicola Spirig. Ses argumentaires sont clairs, il attaque la décision d’USAT de ne pas avoir sélectionné une domestique. De plus, il condamne le fait que les athlètes britanniques et américaines soient sélectionnées à un à l’avance.
Débatable? Comme le soulignera Benjamin Maze, DTN adjoint de FFtri, 5 des 6 médailles à Londres ont obtenu leur sélection une saison avant.
Pour l’aspect du domestique, USAT a joué la carte d’emmener 3 athlètes potentiellement médaillables. Étonnement, aucune fédération ne semble vouloir jouer la carte du domestique chez les femmes. À nouveau, seuls les Brownlee devraient avoir ce privilège.
Connaissant le talent à pied de Gwen Jorgensen, l’utilisation d’une domestique semblait totalement appropriée, mais malheureusement, dans leur bassin actuel d’athlète, personne ne peut remplir ce mandat. Au lieu de contester la composition de l’Américaine, les failles sont avant tout sur les méthodes de développement des athlètes.
La saison 2016 a été marquée par le talent généralisé des Britanniques à vélo. Que cela soit en série mondiale, mais aussi en coupe du monde et d’Europe, il suffit de penser à Lucy Hall, India Lee ou encore Learmonth. Du côté des Américaines, on voit des athlètes qui se contentent de suivre et qui affichent des faiblesses techniques.
À nouveau, Brett Sutton vient de toucher un point sensible là où le milieu préfère généralement être très silencieux. Évidemment, lorsque l’entraineur de l’actuelle championne olympique se prononce, ce n’est pas pour valider son savoir, mais bien pour semer le doute chez ses adversaires.
Les Jeux olympiques, c’est aussi la guerre des mots, et même si Sutton joue très bien, cela ne tombe jamais dans l’oreille d’un sourd. Pour le moment, celui qui a une médaille d’or dans sa musette, c’est bien la Suisse.
Crédit photo : Christian Merz / Zsz.ch