En 2012, dans un sprint final, Lisa Norden était à deux doigts de décrocher la médaille d’or lors des Jeux Olympiques de Londres. Mauvaise foi ou pas, on était nombreux à ne pas voir ce fameux écart. Le clan suédois ira d’ailleurs en appel, mais en fin de compte, Nicola Spirig sera sacrée unique championne olympique.
L’important, c’est de participer? Ironiquement, avec les Jeux Olympiques, rares sont ceux qui sont satisfaits de leur sort. Après Londres, Lisa Norden avait besoin de changements et surtout de mettre fin à une série de sacrifices. Pour cela, elle a voulu miser sur la longue distance. Conseillée par Craig Alexander, le passage en 70.3 ne sera pas si glorieux. Débutant sa saison sur une victoire à Syracuse 70.3, le changement de régime ne lui permettra pas de soulager un pied déjà capricieux (plantar fasciia). Le titre de championne du monde d’Ironman 70.3, si convoité, se transformera en essai manqué.
Elle tentera un retour sur la série mondiale, mais ne prendra part qu’à deux courses sur l’année soit Londres (53e) et Hambourg (20e). Malheureusement, elle sera à nouveau blessée et devra couper court.
À ce jeu, la Suédoise chutera au classement ITU (basé sur les 2 dernières années) et commencera à parcourir le monde pour retrouver sa place. La vice-championne olympique se verra donc forcée de courir et d’accumuler les voyages pour pouvoir à nouveau fouler le tapis bleu de la série mondiale. C’est en juin 2015 que Norden signera enfin un résultat significatif avec une seconde place aux Jeux Européeens de Baku, où elle terminera derrière nulle autre que Nicola Spirig. Le bilan de fin saison sera à nouveau entaché, tombant malade lors du test event de Rio.
Depuis, même si cette ancienne habituée au podium de la série mondiale n’a pas encore complètement atteint son meilleur niveau, elle s’en rapproche. 10e à Abu Dhabi, 12e à Cape Town, 22e à Yokohama, la disciple de Darren Smith n’a pas encore retrouvée toute sa vitesse à pied, mais elle peut faire la différence avant.
Ce sera un combat de chaque instant pour obtenir un dossard olympique. C’est finalement dans ses deux dernières courses qu’elle améliorera son sort. Éligible pour le dossard attribué à la nation émergente européenne, mais aussi vu comme une sorte de repêchage, pour beaucoup, cela faisait désordre.
Généralement, les plus petites nations de triathlon n’imposent pas de critères pour la sélection. Lorsqu’un athlète obtient un dossard, il le garde. Mais la fédération suédoise, détentrice de la médaille d’argent de Lisa, n’a pas voulu appliquer ce principe. Comme d’autres sports, la fédération suédoise de triathlon a des critères plus élevés que ceux du CIO avec son classement d’attribution.
La fédération exigera tout simplement un top 8 (en série mondiale) pour que la sélection soit automatique, que Norden n’oa pas été en mesure d’obtenir. Contrairement à d’autres fédérations pour qui cela aurait déjà été la fin, sa structure nationale lui a permis de plaidoyer son cas.
Pour sa défense, la Suédoise a fait remarquer que ses résultats actuels étaient supérieurs à ceux de 2012. Elle avait couru 33:41 lors des jeux, avait terminé 17e lors de la Série mondiale de Sydney fin avril 2012 et avait abandonné à San Diego pour blessure.
Et si elle pouvait retrouver sa forme londonienne, est-ce que cela serait vraiment suffisant?
Cette fois-ci, dans ce sprint final d’un autre genre, elle gagnera à deux doigts aussi.
Effectivement, c’est le 31 mai dernier que son comité national l’a finalement informée de sa sélection pour les prochains Jeux Olympiques. Comme toujours, on reste étonné par le fait que le destin de ces athlètes reste à la merci de cadres techniques. Est-ce que la Suède pouvait vraiment se permettre de lui refuser sa sélection? Est-ce qu’il était nécessaire de passer par un processus aussi pénible sachant qu’elle est la seule athlète ayant le niveau et qu’un refus pourrait avoir une mauvaise influence sur une relève qui se fait attendre?
Chose certaine, le triathlon n’est pas un long fleuve tranquille et croire qu’il faut dans certains cas permettre à une athlète d’avoir une première expérience olympique pour mieux préparer la seconde, c’est investir dans l’inconnu.