On s’est attaché à Cédric Lassonde, pas par ses résultats, mais parce qu’il ne demande rien à personne. Dans le rapport du pro versus AG, celui qui est à la tête d’un label de musique le jour et DJ le soir est un exemple à suivre. Vivre sa vie en fonction de ses passions. Dimanche dernier, il a pris le départ d’Ironman Nice dans l’anonymat et termine l’épreuve dans le temps pas anonyme de 8:52 (9e pro). On a décidé de refaire la course avec lui.
Dans quelles conditions t’es-tu présenté à Ironman Nice? D’après ce qu’on a compris tu as avoir beaucoup changé tes plans dernièrement?
L’ironman de Nice a toujours été dans mes plans comme une des 3 courses ‘A’ de l’année. C’est vrai que j’étais tenté par l’IM New Zealand en début d’année, mais niveau budget c’était compliqué en fin de compte.
Je suis allé début avril à Malte faire un Xterra en étant malade et j’étais à la rue complet. C’était là une grosse idiotie de ma part…mais j’avais ‘besoin’ d’une course (après un hiver difficile). Je me suis reposé, on est parti en Grèce il y a 4 semaines pour un autre Xterra où là ça allait beaucoup mieux. Depuis la forme est là.
Pour rappeler les faits, tu es DJ et vis à Londres. J’imagine que c’était l’hystérie quand tu t’es pointé à Ironman Nice. Ca doit être fatigant de donner tous ces autographes (rire)…
Effectivement, tous ces fans m’ont bien perturbé pendant mon échauffement… bien sûr, je rigole, je fais partie d’une scène assez ‘niche’. Si hystérie il devait y avoir, ce serait dans le club avec un public en général averti. Pas sur la promenade des Anglais quoi.
Quel était ton objectif réaliste?
J’avais plusieurs objectifs, le premier étant de finir après 2 DNFs en 2 participations (blessé en 2011, malade l’an dernier). Cette course me tient à coeur, car ma grand-mère habitant ici j’y suis venu (à Nice) pratiquement tous les ans depuis que je suis minot et j’ai toujours rêvé de cette finish line sur la promenade. Après les objectifs réalistes étaient un sub 9 heures et un sub 3 heures sur le marathon. Je me doutais que si tout se passait bien, le top 10 (pro) ne serait pas loin (vu que la moitié des pros abandonnent!)
La natation pour toi?
Plutôt bien pour une fois, je n’ai que rarement été aussi près de la tête. Comme souvent je suis parti trop vite, au bout de 500m je ne peux plus suivre et je me demande ce que je fais là, puis après quelques minutes je trouve un groupe à mon niveau. Cette fois j’étais avec Marceau et les 2 premières féminines donc c’était pas trop mal!
Il faut souvent faire des choix à vélo, comment ça se passe pour toi?
Je comptais surtout gérer mes efforts en fonction des sensations afin d’être capable de courir correctement.
Est-ce que tu avais un plan en tête avant?
De suivre tes conseils dans l’article de Trimes: tout donner dans les côtes! En fait j’aime bien grimper et je déteste la partie de faux plat descendante du parcours, donc la tactique était facile. En plus Del Corral et Vistica m’ont rattrapé assez rapidement, ce qui m’a permis de m’accrocher à eux jusqu’au sommet du col de l’Ecre. Del Corral a même mis plus de la moitié du col avant de me doubler, donc je savais que je ne tournais pas mal.
Et après le 120e kilomètre il n’y a plus de difficulté, on a largement le temps de récupérer jusqu’à la T2. Ce parcours n’est pas dur en fait, surtout sur des routes sèches. Rien à voir avec Embrun ou même Lanzarote.
Tu poses finalement le vélo à moins de 15 minutes de la tête. Sachant que tu es un coureur… tu te dis quoi?
Je me dis que je n’ai jamais été aussi près de la tête…mais que quoiqu’il arrive les gars courent très vite devant. Et moi, bien qu’étant coureur à la base, je n’ai que trop rarement réussi à transférer mon niveau de c.a.p sur un triathlon. Donc l’objectif restait le même, courir en un peu moins de 3 heures. Je me doutais bien que certains allaient sauter devant. Ce qui ne m’a pas empêché de partir trop vite (19:15 aux 5km)
Finalement tu termines 9e avec un temps de 8:52, as-tu le sentiment d’avoir effectué la meilleure course de ta carrière?
Certainement ma course la plus aboutie, en tout cas le premier triathlon où je n’ai aucun regret sur les 3 disciplines, je n’aurais guère pu faire mieux.
Comment l’expliques-tu?
La détermination que j’avais de faire cette course correctement, de ne pas arriver fatigué comme l’an dernier. Aussi mes parents et ma copine ont joué un rôle primordial, avant et pendant la course. C’était vraiment un travail d’équipe.
Sachant que ton emploi du temps s’apparente à celui d’un AG, en terminant à 22 minutes de la victoire… ça donne matière à réflexion, non?
Vu les résultats (il y a un AG juste devant moi avec un marathon en 2:45) je pense même que certains AGs s’entrainent bien plus que moi! Mais comme je te l’ai déjà dit, j’ai découvert le triathlon par hasard à 30 ans, après 7 années sans sport, donc je suis déjà arrivé à un niveau bien plus haut que ce que j’aurais pu imaginer. Si j’avais attaqué le tri à 18-20 ans, ma vie aurait sûrement pris une autre tournure. Mais pas forcément pour le meilleur!
Mais au final, c’est le plaisir qui l’emporte de toute façon, non?
Oui bien sûr. Mais on se fait quand même bien plus plaisir quand on tourne bien.
Parait qu’on t’a remis un trimes d’or… (rire)
Merci! C’était mon objectif non avoué en fait!
C’est quoi la suite?
Pas mal de gigs/soirées dans les semaines à venir, à commencer par Lisbonne jeudi puis Londres samedi. Puis je vais me concentrer plus sérieusement pour le Norseman début août, avec le Xterra France en guise de prépa. Et enfin les championnats du monde de Xterra à Maui fin octobre, 3 jours avant mes 40 ans (!) que je compte fêter comme il se doit sur une plage paradisiaque au bout du monde.