Daniela Ryf continue à réécrire l’histoire du triathlon. Elle devient la première athlète féminine à gagner deux courses de distance Ironman en 7 jours.
Alors que son entraineur, Brett Sutton attaquait à nouveau Ironman en critiquant le fait que le circuit imposait à ses champions du monde de courir un Ironman pour se qualifier, la Suissesse est sa propre antithèse.
Alors qu’elle aurait pu se contenter de finir la course afin de valider sa qualification pour les prochains championnats du monde Ironman, elle signe un nouveau record pour cette course avec un temps total de 8:51 (55:16 / 4:46:30 / 3:07:31) soit une amélioration de 22 minutes en comparaison avec sa première victoire en 2014 (9:13).
On rappelle qu’elle a manqué de reprendre le record du monde Ironman/Roth à Chrissie Wellington pour 7 minutes. Ces deux athlètes partageaient justement le même mentor, soit Brett Sutton. Les carrières de ces athlètes sont pourtant si proches et si différentes à la fois.
Lorsque Chrissie Wellington, quadruple championne de Kona avait décidé de prendre sa retraite à 35 ans, Sutton avait déclaré que Chrissie n’avait pas su bien gérer sa carrière en voulant courir toutes ses courses à fond. Ryf semble être faite dans le même moule dans leur emprise sur leurs adversaires. À nouveau, cette athlète est tout simplement au-dessus.
Alors que 2 Ironmans par an sont souvent évoqués comme la limite absolue pour qu’un athlète soit en mesure d’avoir une planification optimale que faut-il penser de l’exploit que vient d’effectuer Daniela Ryf. Est-ce qu’il ne vient pas de remettre en cause tous ces athlètes qui remettent en cause un système qui leur impose de faire des ironmans pour aller à Kona.
2 Ironmans en 7 jours Pourquoi Ryf en est capable?
À écouter certains élites, ils ne sont pas réellement étonnés qu’un athlète puisse effectuer deux ironmans en seulement 7 jours. Est-ce que les contraintes sont différentes pour les hommes parce que la densité est plus forte? Un écart qui peut paraitre minimal en termes de performance peut rapidement se transformer en une mauvaise opération en termes de classement et de bourse. Est-ce que Ryf profite d’une certaine marge sur sa concurrence, sans aucun doute. Après, sa réussite, ce double challenge passe forcément par un énorme volume à l’entrainement. Plus un athlète est familier à une charge importante à l’entrainement, plus il peut encaisser rapidement une course.
Même si le challenge peut paraitre physique, il est avant tout mental.
Dans le cas de l’actuelle championne du monde Ironman, son cheminement est très différent des adversaires. Ironman peut-être considéré comme une seconde chance. L’ancienne championne U23, 7e au JO de Beijing (2008) a connue un début de carrière très prometteur en ITU (triathlon avec drafting).
Sa victoire en série mondiale en 2010 (Séoul) a pourtant marqué un tournant dans sa carrière avec une fin de cycle olympique plus compliqué. Terminant à une modeste 40e place aux Jeux olympiques de Londres, elle a fréquemment été plongée dans l’ombre de Nicolas Spirig.
Son départ vers la longue distance est alors vu comme un besoin de voir ailleurs. Ce changement sera médiatiquement éclipsé par la venue de la vice-championne olympique, Lisa Norden sur le circuit Ironman 70.3. Ryf deviendra pourtant championne européenne de 70.3 dès sa première vraie saison.
Gagnant son premier Ironman en 2014 par erreur, puisque son coach souhaitait utiliser cette course comme un entrainement, elle deviendra championne du monde de 70.3 à Mont-Tremblant et vice champion du monde Ironman quelques mois plus tard.
En 2015, elle deviendra la première millionnaire du sport en gagnant le défi Triple Crown.
Si l’on fait abstraction de son récent abandon lors d’Ironman Franckfort, personne ne semble être en mesure de pouvoir rivaliser. Jusqu’à quand… est-ce que ses futures grandes rivales sont encore sur le circuit de l’ITU… comme une autre disciple de Sutton…
À suivre.