Bonjour Dr Trimes, est-ce que j’ai bien remarqué, Jan Frodeno semble utiliser des roues avec des pneus, je pensais que cela était moins performant, comment est-ce possible?
Effectivement, en termes de rendement, les boyaux ont longtemps été plus performants que des pneus. Cela n’est plus réellement le cas, des modèles comme Michelin Power, Continental Compétition sont offerts en pneu et présentent des chiffres identiques. Il y a quelques saisons, Tony Martin avait marqué les esprits en utilisant des roues en pneu (Specialized Turbo Cotton). L’Allemand est d’ailleurs devenu champion du monde avec cette technologie.
Avec les progrès des roues en carbone, les différences sont de plus en plus négligeables. Les cyclistes continuent d’avoir une préférence par les boyaux parce que les sensations sont différentes, de plus, ils seraient plus résistants aux crevaisons.
Dans les faits, il est beaucoup plus sécuritaire de rouler avec un boyau crevé qu’un pneu. Un pneu qui explose en pleine descente et les risques de chuter se multiplient. De plus, un boyau peut-être utiliser avec une pression plus basse et s’avère plus confortable. C’est un détail qui se marginalise avec la popularité des pneus plus larges (23, 25 mm).
Le boyau offre d’autres avantages le poid de l’ensemble. Sur certains profils plus montagneux, cela n’est pas négligeable. De plus, lorsque les freinages sont répétés, la jante à pneu carbone risque de surchauffer.
La construction d’une jante à boyau est plus simple, elle est donc moins cher à l’achat et généralement plus solide/rigide.
Mais voilà, pour un triathlète qui n’a pas forcément un mécano à sa disposition, rouler en boyau implique quelques complications. Installer des nouveaux boyaux prends du temps et une certaine technique. De plus, lorsqu’un triathlète est en déplacement, il est préférable de voyager avec deux paires de roues afin de préserver des boyaux déjà installés.
À cela il faut ajouter la difficulté de changer un boyau lors d’une course. Même s’il existe des solutions comme le pit-stop (produit à injecter dans le boyau pour boucher un trou), réussir à décoller un boyau et à en remplacer un nouveau n’est pas donné à tout le monde.
De plus, pour un triathlète élite consciencieux, en cas de pluie, il peut rapidement changer ses pneus en conséquence.
Sachant que la différence en termes de performance est de plus en plus négligeable, alors pourquoi se compliquer la vie? Les deux ont leurs avantages et désavantages.
Le choix doit être dicté par vos réels besoins. Avant d’investir dans des roues aérodynamiques, n’oubliez pas certains détails comme le choix des pneumatiques. Leurs formes peuvent gâcher l’ensemble.
Dans le cas de Jan Frodeno, l’utilisation des roues à pneus peut tout simplement être encouragée par son fournisseur puisque cela permet de mettre en valeur un produit plus accessible en termes de mise en oeuvre pour le triathlète moyen. Dans le cas de Jan Frodeno, il utilise les roues Zipp 808 NSW® CCL et un disque Zipp Super-9 CCL.
Sachant que la différence en termes de performance est de plus en plus négligeable, alors pourquoi se compliquer la vie?
-> c’est même l’inverse, les pneus sont plus performants niveau rendement que les boyaux, cf pleins de tests dont ceux d’Alban Lorenzini, ou de Michelin, justement a propos de son nouveau power : « Pas de boyau non plus, la firme clermontoise ne jugeant pas nécessaire de produire un boyau Power qui serait de toutes façons moins performant qu’un pneu. »
En cas de crevaison en course, un boyau correctement collé est bien plus rapide à changer qu’une chambre à air : j’arrache l’ancien, je place le nouveau, je gonfle et c’est reparti. Avec un minimum d’entraînement, ça prend moins de 2 minutes…