La série mondiale est un exercice de style médiatique avec ses contraintes. On oublie fréquemment que les athlètes se présentent à ces courses dans des conditions, contextes et objectifs très différents. Certains veulent marquer les esprits en démontrant leurs forces, d’autres utilisent ces courses comme répétitions. Rares sont ceux qui jouent encore la carte du titre mondial et les plus jeunes sont là pour commencer à se faire une place pour la suite. Au final, il est très compliqué d’analyser ces courses, mais le constat est toujours le même, une poignée d’athlètes reste toujours en mesure de contrôler la dynamique d’une course.
Dernier chapitre avant Rio?
Même si c’est Hambourg qui sera la dernière série mondiale avant Rio, on s’attend à voir un roulement avec les athlètes. Les absents à Stockholm seront en action à Hambourg et vice versa. Est-ce qu’il y a entre certains une volonté de s’éviter? Oui et non, pour beaucoup ils préfèrent peaufiner leur préparation en partant en altitude.
N’oublions pas…
Revenant d’une blessure au pied, Alistair n’avait participé qu’à Hambourg en 2012 et avait tout de même gagné les JO… L’importance des reflexes de courses est à relativiser et reste un aspect très individuel.
Flora Duffy, le pari impossible gagnant.
C’est la première fois qu’une athlète en série mondiale (depuis début 2009) réussit à gagner en effectuant tout le vélo en solo. C’est généralement une stratégie à proscrire parce que l’athlète dépense trop d’énergie à deux roues et n’est pas en mesure de courir correctement derrière. Ce ne fut pas le cas pour Duffy.
C’est très important de bien comprendre sa stratégie. Elle a attaqué les deux premiers tours afin d’exploiter le fait que ses poursuivantes allaient mettre trop de temps à s’attendre. L’écart est rapidement monté à une minute. Dans la seconde partie du vélo, son effort était moins soutenu, non pas parce qu’elle n’avait plus de force, mais parce qu’elle se préservait pour la course à pied. Sa victoire n’est pas le fruit de son talent à vélo, mais bien de sa gestion de l’effort dans les trois sports.
Pierre Le Corre gagnant?
L’ancien champion du monde U23 monte pour la seconde fois sur un podium de la série mondiale. Évidemment, cela arrive au meilleur moment possible. Il a démontré qu’il pouvait retrouver une aisance dans un parcours technique. Restant continuellement à l’avant du groupe et retrouvant la tête en natation, tout est en place. Lui et Tony Moulai ayant décidé de faire une grosse semaine d’entrainement en altitude avant Stockholm, cette troisième place est acquise avec une course à pied prudente. Une histoire à suivre…
Une étape suédoise… avec juste un suédois…
Gabriel Sandor était le seul représentant local à cette étape de la série mondiale. Lisa Norden, a préféré continuer son entrainement…
Alistair Brownlee à deux doigts.
Agacé d’être accompagné par une douzaine d’athlètes, Alistair a attaqué dans les derniers kilomètres. Il est passé à deux doigts de chuter à vélo. Cette manoeuvre nous a rappelé que la route pour Rio pouvait s’arrêter sur un mauvais geste.
Parcours technique, offensive VS défensive.
Ce qui est le plus frappant dans cette course, c’est que les meilleurs voient les virages serrés comme une opportunité à faire la différence et non comme un danger. Rouler en peloton devient rapidement un désavantage sur des formations plus restreintes. Moins vous êtes nombreux plus vous avez de la place pour vos manoeuvres.
Dans le cas de Flora Duffy, elle ressort probablement 10km/h plus rapidement que ses adversaires et par ce fait, sa relance est moins appuyée. S’il est facile de juger du niveau athlétique d’un athlète, il faudrait aussi mesurer ses capacités techniques. Pour cela, les entraineurs peuvent facilement créer des parcours et se munir de baromètres. Exécuter des virages en 360 degrés (U-Turn) est juste un prérequis parmi beaucoup d’autres.
Il est important de noter que Flora Duffy s’est échappée à toutes les courses de la saison et que le nombre d’adversaires qui peuvent la suivre et inversement proportionnel à la technicité du parcours.
Les absents ont toujours tort?
Dans cette année olympique, les athlètes ont des choix à faire dans leur planification. Au final, dans le duel à 6 entre Gomez, les Brownlees, Mola, Murray et Luis, on est toujours dans l’inconnu et on manque de références.
Les deux victoires de Mario Mola sont obtenues sans la présence des 2 frères Brownlees. Mola n’était pas au départ des deux récents succès d’Alistair Brownlee. Pour Javier Gomez, c’est probablement un léger virus qui l’a empêché de se diriger vers la Suède.
Ce qui est certain, c’est qu’en moins d’un mois, Alistair Brownlee est passé d’un cas incertain à favori principal. Son effort à pied à Stockholm est encore plus solide qu’à Leeds. Les gammes sont répétées et maitrisées.
Maintenant, est-il réellement le plus fort? sans Mola, Gomez, Luis, Murray au départ, impossible de le savoir. Mais la règle qui disait qu’Alistair est tout simplement le meilleur lorsqu’il est à son top semble à nouveau vraie.
À ce jeu, on a le sentiment qu’il est préférable de faire la course que de la regarder…
Marquer les esprits™…
Les deux frangins auraient pu couper leurs efforts. Ils gagnent avec une minute d’avance sur un Pierre Le Corre qui s’est aligné après une grosse semaine d’entrainement. Les deux Britanniques auraient pu en faire moins, on a vu un Alistair effectuer un incroyable sprint sur les 1500 derniers mètres. Même s’il a récemment prit les devants, il n’a pas voulu couper son effort, probablement pour envoyer quelques messages avant Rio.
Dans nos impressions, Johny ne semble plus réellement croire dans ses chances de battre son frère. D’ailleurs, statiquement, lorsque Alistair est à 100%, son frère ne l’a jamais battu sur distance olympique.
Marquer les esprits™ II… Andrea Hewitt
Andrea Hewitt est l’une des favorites pour Rio. À Stockhom, elle a été très impressionnante en course à pied. Enregistrant le meilleur temps à pied, à l’image d’Alistair Brownlee, son sprint démontre qu’elle en avait encore dans la réserve…
Des performances inattendues…
Le Danois Andreas Schilling (4e) et le Turc Jonas Schomburg (7) obtiennent pour la première fois dans leur carrière un top 8.
Le mystère du domestique et des consignes…
Gordon Benson passe à côté de sa course. Il est difficile de tirer des conclusions là-dessus. Nageant seulement 7 secondes plus lentement qu’Alistair, sa transition et son démarrage ne lui permettront pas de se joindre au premier groupe. Il se retrouve alors intercalé avec probablement l’interdiction de rouler.
Évidemment, Rio sera Rio, mais au niveau actuel de la série mondiale on peut demander si le rôle de domestique est vraiment nécessaire…
India Lee était à son premier départ en WTS. Celle qui faisait la loi à vélo au championnat d’Europe ou en coupe du monde était pourtant méconnaissable à Stockholm. Est-ce sa fédération qui lui a demandé de ne pas rouler…?
Pas si loin…
Adam Bowden (GBR), Gregor Buchholz (ALL) et Jelle Geens (BEL) signent des temps à pieds sous les 31:15. Il suffirait de limiter les dégâts en natation pour retrouver le top 8. Ces performances sont au-dessus de celle de Fernando Alarza (ESP), actuel numéro 1.
Non Stanford en doute?
Même si les contreperformances sont facilement oubliées, un athlète doit se bâtir une confiance en répétant des courses avec des exécutions parfaites. Dans le cas de Non Stanford, elle voulait certainement faire table rase de sa déception à Leeds. Stockholm ne sera pas différent. Non abandonnera la course à vélo.
Pour cette favorite pour Rio, elle a toujours besoin de retrouver sa place avec les meilleures nageuses.
Les Britanniques, Vicky Holland et Helen Jenkins n’ont pas été en mesure de suivre les échappées dans l’eau. À leur défense, les conditions du jour avec un fort vent ont probablement eu une influence sur leurs sorts.
Taylor Knibb – 18 ans.
La jeune Américaine à fait sensation en terminant 11e sur une épreuve WTS et de distance sprint. Contrairement à ses coéquipières, sa plus grande force est à deux roues.
Cela a presque alimenté un faux débat à savoir si l’USAT n’aurait pas dû la nommer domestique pour Gwen Jorgensen.
Des athlètes qui ont toujours des lacunes à vélo?
Que cela soit à Leeds et à Stockholm, on voit de plus en plus d’athlètes ne pas être en mesure de rester au contact du premier groupe, même si en 2015 ce ne fut pas le cas. Cela peut s’expliquer entre autres par une nouvelle particularité sur le circuit, avec des routes de plus en plus étroites et entourées par des barrières.