Camille Deligny > de mode à la nouvelle sensation féminine en longue distance.

Alors que la France demeure une nation majeure en triathlon, elle tarde toujours à produire une relève en longue distance. Même si Jeanne Collonge et Charlotte Morel semblent être les seules à être appelées pour jouer les premiers rôles, on assiste enfin à l’émergence d’un nouveau talent,  celui de Camille Deligny. L’athlète agée de seulement 25 ans et avec seulement 2 ans dans le sport vient de prendre une belle 3e place à l’Embrunman. Trimes s’est entretenue avec elle pour découvrir plus ce talent qui ne devrait pas rester longtemps inaperçu.

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Tu disais cette semaine n’avoir jamais pensé monter sur le podium de l’Embrunman après seulement 2 saisons… Que signifie pour toi ce résultat?

En effet, j’ai décidé de rajouter l’Embrunman à mon programme de la saison il y a 3 mois suite aux conseils de certains collègues de Monaco. Je l’ai préparé au mieux sans attendre de résultat particulier, mon gabarit ne m’avantage pas en montagne… Cette place et les chronos qui vont avec, sont une vraie surprise pour moi, et pour répondre à la question, ce résultat signifie que mes méthodes d’entrainement sont bonnes.

Cela se prend où un court accéléré de triathlon? Est-ce que tu peux nous parler de ton passé avant cette carrière en triathlon?

À vrai dire, avant de rencontrer mon compagnon, je ne faisais pas d’activité physique, je me faisais même dispenser de sport pendant mes années lycées. J’ai fait 2 ans en école de cyclisme quand j’étais petite et une école de cirque. Je n’ai pas un grand passé de sportive, mais j’ai grandi dans l’univers du cyclisme, c’est une culture dans ma famille.

On me pose souvent la question de savoir comment j’ai pu arriver à un tel niveau en si peu de temps, la réponse ? Je ne la connais pas. Je me sens souvent obligé de me justifier quant à mon niveau, mais je ne peux pas l’expliquer, je sais seulement que j’ai un gros cœur et que plus l’effort dure mieux je suis.

camille2 Quel a été le déclencheur pour que tu souhaites devenir pro en triathlon?

Je me suis essayée directement sur distance Ironman lors de mon premier triathlon en mai 2014 à l’Ironmedoc, j’ai pris conscience qu ‘avec un peu de sérieux dans l’entrainement je pourrais franchir le pas.

Je ne connaissais pas encore le milieu et puis très vite Romain Guillaume, mais surtout Jeanne Collonge m’ont inspiré, car eux aussi sont spécialistes du longue distance.

Mais venant du milieu de la mode, cela ressemble à un volte-face dans tes passions, non?

Lorsque je travaillais dans de grandes maisons de haute couture à Paris, j’avais déjà été médaillée au concours du meilleur apprenti de France, il me semblait avoir fait ce que j’avais à faire dans le milieu et surtout je ne me plaisais plus dans cette atmosphère, il faut bien le dire, un peu superficielle.

Mais dans ce projet, tu as tout de suite voulu être compétitive? J’imagine que cela passe par un engagement total…

Oui j’ai très vite voulu devenir compétitive, j’aime le travail, j’aime me battre, j’aime la pression et surtout j’aime les défis, c’est ce qui me fait vibrer !

De manière générale dans la vie je n’aime pas faire les choses à moitié, quand je décide de m’investir dans quelque chose, je me donne à 100 %, je veux aller au fond des choses.

Mais, as-tu l’impression de bruler les étapes?

Totalement ! J’ai l’impression de braquer une banque depuis mon entrée dans le triathlon. Depuis mes débuts, ma progression rapide suscite la jalousie de certains, quand les critiques ont commencé à pleuvoir j’ai d’abord été blessé, je n’osais plus m’exprimer sur les triathlons, mais maintenant j’ai passé un cap et je me moque des réflexions !

J’avance vite, mais en prenant soin de moi, de mon corps et de ma tête, mon but est de durer dans le métier. 

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Mais tout cela doit correspondre à ta personnalité?

Tout à fait ! Tous les jours je suis à fond du matin au soir, je ne sais pas faire autrement.

Dans cette carrière accélérée, tu dois aussi prendre ta place très rapidement dans le milieu et apprendre son fonctionnement. Est-ce que les réalités des pros dans la longue distance ne te découragent pas dans ta quête?

Je suis consciente qu’une carrière peut être éphémère. Ce qui compte avant tout c’est de ne pas avoir de regrets plus tard. J’ai une chance inouïe de vivre cette expérience, je dois le faire à fond et si tout doit s’arrêter demain je sais que je pourrais rebondir.

Quels sont tes objectifs à court et à moyen terme?

Je serai au départ du Challenge Almere-Amsterdam début septembre, j’aimerais améliorer ma 3e place de l’an dernier. L’an prochain je me tourne vers le circuit Ironman.

Si tu lis régulièrement Trimes, tu dois savoir que l’on se questionne régulièrement sur la place du triathlon chez la femme en France. À voir la répartition des participants, la longue distance semble être hostile pour les femmes… Compte tenu du succès du triathlon chez les hommes, cette absence prolongée féminine des Françaises sur la scène internationale en dit long. Quel est ton sentiment sur cette situation?

Bien sûr que je lis Trimes ! Je n’ai pas le recul nécessaire pour juger la situation… mais à mon point de vue il s’agirait d’un état d’esprit complexé.

Tu es désormais avec le club de triathlon de Monaco, est-ce que tu peux nous parler de ta signature avec cette structure. J’imagine que cela est important d’obtenir leur soutien sur un plan logistique, mais aussi en voyant des gens croire en toi aussi rapidement dans ton projet.

Après Challenge Almere-Amsterdam en septembre 2015, Hervé Banti a été le premier à croire en moi et à me faire confiance, et je l’en remercie.

C’était une opportunité pour moi qui débutais ma carrière, d’être épaulée par l’AS Monaco, la Team est spécialisée sur la longue distance, ce qui correspondait à mes attentes.  J’apprends le métier au sein de l’équipe.

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Est-ce que tu peux nous parler de ton environnement, qui te coache?

En vélo et en course à pied, je suis entrainée par mon compagnon, Florian Gaudilliere, c’est d’ailleurs lui qui m’a fait découvrir le triathlon ! Il vient du cyclisme et surtout il me connait par cœur. En natation, c’est Pierre Gaspariau qui sait tirer le meilleur de moi même. Je vais seule à l’entrainement.

Comment te qualifierais-tu comme athlètes. Point fort et faiblesse?

Au quotidien je suis une vraie pile, mais en compétition je suis une force tranquille,

Je suis toujours dans la gestion, c’est ma plus grande force, mais ça peut être aussi ma plus grande faiblesse, notamment lorsque je m’attaque à des half ou des distances plus courtes.

Ce que tu dois travailler?

Tout ! Je n’en suis qu’au début ! Il faut que je progresse sur half si je veux gagner en vitesse. Pour le moment je n’ai qu’une allure à mon compteur.

Que faut-il te souhaiter pour les prochaines semaines?

De faire une course à mon niveau au Challenge Almere-Amsterdam.

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