Le groupe de tête sort de T2. La course jusqu’à présent, a été menée sur un train de folie et l’on devine aisément que les dix hommes de tête en ont sans doute plein les jambes. Ils ont tous bossé pour se donner un avantage qui parait décisif sur le groupe de chasse, mais Ali et Johnny ont été les plus actifs, comme souvent… Comme toujours j’ai envie de dire…
Très vite, les trois plus rapides à pied « sur le papier » s’échappent et s’isolent en tête. C’est Johnny qui mène le rythme devant Vincent Luis et Alistair, légèrement décroché, semble à la peine. Il fait de grands signes aux bénévoles à l’approche du premier ravito puis s’arrose abondamment… Il fait chaud, Vincent Luis reste impassible et ne laisse rien transparaitre derrière ses lunettes de soleil lorsque Johnny lui demande de prendre un relais… Ca sent bon, très bon la médaille et pourquoi pas du plus beau métal…
Pourtant, quelques hectomètres plus loin, Alistair est passé comme un mirage. Il a allongé son immense foulée de coureur de 1500m et a emporté avec lui le petit frère sur son porte-bagage… Vincent, plus fort que jamais en course à pied cette année, s’est pris un vent et l’on a soudain l’impression qu’il est bien lourd face aux deux flèches anglaises. C’est fini pour le titre et pour la médaille, le gabarit de poche d’Henri Schoeman se rapproche dangereusement, bientôt il déborde le Français qui reste sans réaction…
Plus fort physiquement et tactiquement impeccables, La British team s’envole vers le doublé. Les gazelles du groupe de chasse sont trop loin… C’est le crime parfait, il s’est déroulé en trois actes et le scénario tant craint, s’est déroulé sans accrocs… C’était pourtant presque « écrit »…
Acte 1 : Richard Varga envoie les watts dans l’eau… Le Slovaque n’est pas le domestique officiel des deux frérots, il leur sera pourtant d’un bien plus grand soutien que Gordon Benson, englué dans la masse des nageurs… La longue accolade d’Alistair à Richard après la course an sera la plus belle démonstration…
Acte 2 : Le départ vélo est stratosphérique à l’avant sous l’impulsion de Johnny dans la bosse et permet de réduire le groupe tête à un nombre d’unités suffisamment faible pour éviter les perturbateurs et autres parasites susceptibles de gêner sa progression par la suite… Pierre Le Corre, Ryan Baillie, Tyler Myslawchuck, Tony Dodds, Dmitry Polyanski, Alexander Bryukankof, Tamas Toth, et Jason Wilson en font les frais et se retrouvent à quelques mètres en haut du mur… Quelques mètres, ce n’est rien, mais c’est fini, leur rêve de médaille olympique s’envole… Celui de Dorian Coninx s’est évaporé quant à lui dès la sortie de T2 lorsque le Dauphinois à perdu sa chaussure… On ne le saura jamais, mais peut être qu’avec la mésaventure de Dorian, c’est aussi la médaille de Vincent qui s’est fait la malle…
À l’arrière, la chasse s’organise, mais un hameçon nommé Benson reste aux avant-postes du groupe de chasse et à s’applique perturber la bonne entente…
Acte 3 : En course à pied, Johnny sera le « super domestique » d’Alistair encore sur cette Olympiade… Incroyable, mais vrai… c’est pourtant bien le cas : le petit frère va donner le rythme pendant qu’Ali va bluffer le plus dangereux des adversaires des deux British. Vincent, en sur régime, va croire à l’exploit… Nous allons tous y croire d’ailleurs… jusqu’à ce que le big boss ne montre qu’il ait réellement deux niveaux au-dessus… tout simplement… et fasse exploser notre champion.
Henri Schoeman, lui, montre tout son talent et attrape un bronze amplement mérité… Ce petit bonhomme n’a pas de point faible et sa discrétion n’a d’égal que son talent… Ceux qui sont étonnés de son résultat ne se rappellent pas de quoi Henri peut être capable. Je leur conseille d’aller jeter un oeil à la seule WTS « dantesque » de l’histoire du côté de Kitzbuhel il y a quelques années pour se faire une idée… Quand c’est dur, il est devant… toujours…
Les « vainqueurs du groupe de chasse » sont Richard Murray et Joao Pereira… Ils terminent au pied du podium. Richard, avec une natation dans les profondeurs du classement était sans doute le seul « physiquement » capable de contrecarrer Alistair car son retour en vélo puis en course à pied est phénoménal. Seulement voilà, le triathlon, c’est aussi la natation…
Avec la 6e place de Marten Van Riel, c’est la jeunesse qui triomphe. C’est aussi plus que mérité tant le Belge a été actif en vélo. Martin, seulement 23 ans, est un sacré gros moteur et il ne m‘étonnerait pas de le voir passer encore un cap bientôt, très bientôt…
Vincent 7e… C’est une énorme déception, il ne faut pas se voiler la face. Luis, en champion, assumera d’ailleurs totalement cela dès la ligne franchie. Notre fer-de-lance a perdu pied là où on ne s’y attendait pas : dans le troisième acte. Sur sa course, il n’y a pourtant pas grand-chose à dire, le scénario était idéal. Sur sa préparation, nous n’avons que peu d’éléments. Sur sa saison, tout ce qu’on peut observer, c’est que c’était jeudi son premier triathlon distance olympique cette année, une distance qu’il a toujours eu un peu de mal à dompter pour la gagne. Il n’aura, par ailleurs, couru qu’à deux reprises : le GP de Valence et les Europe de sprint. Des courses d’un niveau qui n’a rien à voir avec le contexte olympique.
Le sociétaire de Sainte Geneviève a annoncé qu’il voulait repartir sur une olympiade… Jamais deux sans trois Vincent, on espère que la prochaine sera la bonne…
Le dernier « finaliste » était le favori numéro 1 des bookmakers avec Alistair. « Super Mario Mola » a été anonyme cette fois-ci et n’a jamais pesé sur la course et pourtant… Sa natation fut tout simplement énorme pour lui… mais ça n’a pas suffi… Le dernier invité du 1er groupe : Ben Kanute, sortira de T1 huit malheureuses secondes devant le speedy Gonzalez espagnol… Il sera même un peu plus proche sans doute au début du vélo juste avant la bosse… à 50 m du bonheur sur les images de la télévision brésilienne… Une image belle et cruelle à la fois que de voir le petit gabarit de Mario tenter de faire la jonction, seul, à l’avant du groupe de chasse, en vain…Kristian Blummenfield, quatre secondes derrière lui à la sortie de T1 va arriver juste après… un tout petit peu trop tard… À quoi peut passer une médaille, voire un titre parfois…
Mais franchement… Que cette course olympique fut belle et passionnante !