JO Rio > La recette du succès des Brownlee est connue et répétée.

Ces dernières années, les Brownlee ont su garder le mystère, mais au final, Alistair devient le premier triathlète a conserver le titre olympique. L’ainé par 2 ans a su prendre ses distances dans les derniers kilomètres sur son frère Johny (26 ans) qui dans l’opération, échange son bronze à Londres avec une médaille d’argent à Rio. 

Les deux frangins du Yorkshire ont appliqué la recette habituelle en imposant leur tempo dans les 3 disciplines. Si cela donne l’impression qu’il suffisait de répéter l’opération, les ingrédients étaient cette fois-ci très différents. 

Désormais, libéré avec la victoire, Alistair s’est finalement prononcé, « j’étais très confiant que nous allions terminer premier et deuxième, je ne savais juste pas dans quel ordre. J’avais l’avantage sur Johny, mais il m’a tellement poussé à l’entrainement, c’était tout simplement l’enfer. Je me réveillais à tous les jours dans la douleur ». 

Mais si les Brownlees sont probablement les athlètes les plus forts, il fallait s’assurer que la dynamique ne soit pas contre eux.

« La natation n’était pas si rapide, mais on avait déterminé que les deux premiers tours sur le vélo seraient primordiaux. On s’est entrainé spécifiquement pour cela et on l’a fait ».

« À mi-course, on savait déjà qu’on aurait deux médailles et qu’il suffisait de juste courir pour finir ». Arrogance ou pas, impossible d’ignorer leur dominance sur le sport.

Jonny est généralement plus modéré et cela ne change pas, « je suis habitué de me faire battre par Alistair, l’objectif était avant tout le doublé et c’est ce que l’on a réalisé, on avait un plan et on la maintenu, quand Alistair a augmenté le rythme, je savais que je risquais de perdre ma médaille en voulant le suivre ».

Beaucoup se demandent déjà si Alistair pourrait être tenté par la longue distance, Jonny pourrait alors avoir son heure de gloire, mais selon ses propos, cela n’est pas pour tout de suite, « dans quatre ans il sera plus vieux et peut-être moins rapide… mais peut-être que pas! ». 

Derrière ces succès se cachent pourtant des périodes très difficiles. Alistair Brownlee a subi des blessures à chaque saison depuis Londres. Il existait donc un doute sur sa capacité à rester suffisamment longtemps pour atteindre son pic de forme. Jonny s’est aussi infligé une fracture de stress qui lui coutera la saison 2015. 

Les absences répétées sur le circuit ont permis à d’autres athlètes de prendre leur place. Lorsqu’ils sont revenus à l’entrainement, il a fallu changer les méthodes. Après l’opération à la cheville d’Alistair, il ne pouvait plus faire autant d’intensité et de volume. 

La planification s’est donc faite plus progressivement durant l’année avec l’objectif final d’atteindre son apogée à Rio.

Tout cela n’a pas changé la distinction d’Alistair, « J’aime la douleur, pas juste dans une situation de compétition comme pour suivre quelqu’un, mais aussi tout seul, j’aime me dépasser et m’investir dans l’effort, je n’ai aucune idée d’où cela vient! Mon père vous dira que la première fois que j’ai fait du ski de fond à 6 ans, j’avais déjà l’air de quelqu’un qui allait mourir d’épuisement, alors c’est peut-être inné ». 

Mais dans les raisons de son succès, on évoque généralement cette rivalité entre les deux frères. Alistair est reconnu comme le bordélique et Jonny l’ordonné,  l’impulsif et le rationnel, l’un crie, l’autre s’excuse. Il y a donc toujours cette confrontation. Même s’ils sont différents, ils s’assemblent. 

Après la victoire aux JO de Londres, on a justement eu le sentiment que ce rapport dominant et dominé devenait de plus en plus invivable pour les deux. Le livre autobiographique ne s’en cachera pas. 

D’ailleurs, lors de la Grande Finale de 2014 à Edmonton, alors que Jonny est encore dans la lutte avec Javier Gomez pour le titre mondial et qu’on aurait supposé qu’Alistair aide son petit frère, il lui volera la vedette en allant chercher la victoire jusqu’à aggraver sa blessure. 

Jonny avait donc tenté de prendre ses distances, quittant l’appartement commun et décidant ses propres entrainements, mais cela sera suivi par des blessures. 

À l’approche des Jeux, on a finalement retrouvé les deux frangins dans une certaine harmonie et synergie. Ils ont cette force de pouvoir s’entrainer avec leur plus grand rival. Il est donc impossible de tricher à l’entrainement puisqu’ils profitent toujours d’avoir cette référence que les autres n’ont pas. 

Ajouté à cela Richard Varga, un athlète slovaque reconnu pour ses grandes qualités dans l’eau et les frères savent toujours ce qu’ils doivent faire pour réussir à suivre qui est le meilleur pour ouvrir le chemin dans l’eau. 

Si certains squad internationaux tentent de répliquer cette méthode, depuis Londres, la marge des frangins est pourtant demeurée intacte. Les choses auraient pu être différentes avec la présence de Javier Gomez. Si le combat n’a pas eu lieu à Rio, il a pourtant eu lieu avant. Les Brownlees ont eu battu l’espagnol à l’usure en imposant un niveau qu’ils sont les seuls à pouvoir atteindre. 

Lors des deux dernières olympiades, on a la certitude que cette formule du triathlon avec drafting si décriée n’a pourtant pas empêché de récompenser les athlètes les plus complets de son histoire. 

Et la suite? 

 

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