Une natation peu sélective?
35 athlètes à moins de 18 secondes de la première. Il n’y a pas eu cette véritable cassure attendue. C’était aussi le cas chez les hommes. Il faut se rappeler que contrairement à la série mondiale, la natation s’effectue en un seul tour et par ce fait, les segments sont plus longs. Avec les mouvements de la mer, la navigation est plus difficile. De plus, la mer porte et peut niveler certaines faiblesses.
Spirig a aidé Gwen Jorgensen à la victoire… Acte 1.
Beaucoup affichent une certaine déception puisqu’ils évoquent que Flora Duffy n’a pas été assez offensive. On le répète, le relatif point faible de Gwen Jorgensen n’est pas à vélo, mais dans la transition et l’activation entre les deux sports. Flora Duffy est sortie de l’eau en 11e position avec un temps de 19:08. Gwen Jorgensen était seulement à 4 secondes en arrière. Si l’athlète des Bermudes avait pu répéter ses récents exploits de WTS en partant seule, le gros problème c’est que Gwen Jorgensen a pu profiter de la présence de Nicola Spirig ou encore de Lisa Norden en début du vélo pour revenir.
Cette étonnante densité en sortie de l’eau a probablement désavantagé les offensives. À plusieurs reprises, on verra des athlètes se faire décrocher en arrière puis revenir sur le groupe. Gwen Jorgensen a justement eu son moment de faiblesse et a ce moment l’à, on a aussi cru que les carottes étaient cuites pour l’Américaine. Il faudra revisionner, mais on à ce sentiment qu’il y a toujours eu un certain ralentissement avant les montées. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les athlètes se réservaient avant les montées par peur de ne pas en avoir assez.
Spirig a aidé Gwen Jorgensen à la victoire… Acte 2.
Au tour de France, lorsque les équipes ne veulent plus voir des coureurs tenter de s’échapper, elles s’efforcent d’instaurer un tempo très rapide où il devient alors impossible de faire la différence. Nicola Spirig a probablement passé 60% en tête du groupe. Son allure était toujours très rapide, il est alors devenu impossible de faire la différence pour Flora Duffy ou autres athlètes. On assiste donc à une neutralisation par la vitesse.
Il faut faire attention avant de faire des jugements sur la passivité de certaines athlètes. Au final, on remarque que 5 athlètes réussissent à courir sous les 35 minutes. De plus, une dizaine d’athlètes perdront le contact avec la tête parce que cela va tout simplement trop vite. Dans ce cas, on retrouve justement nos Françaises et les Canadiennes.
2015 VS 2016.
Gwen Jorgensen
Temps en course à pied 33:57 vs 34:09. (+13 s en 2016)
Temps de vélo 1:01:21 VS 1:03:42.
À l’image des hommes, le vélo a été effectué deux minutes plus rapidement lors des JO. Cela vient expliquer un certain recul dans les performances en course à pied.
Vicky Holland
Temps en course à pied 34:41 vs 34:54. (+13 s en 2016)
Il y a probablement des lecons à en tirer. Au lieu de croire que les athlètes seront plus rapides aux Jeux olympiques, il faut avant tout comprendre que c’est l’effort en vélo qui fera la différence. Maintenant reste à savoir si cela se confirmera à Tokyo.
Sutton avait raison… enfin presque
Depuis le titre de Nicola Spirig, la Suissesse n’avait jamais affronté Gwen Jorgensen. On a assisté à un long tango ou Nicola Spirig se désistait des courses si Gwen Jorgensen s’y présentait. La préparation finale de Spirig s’est d’ailleurs faite dans les derniers mois sur la distance 70.3. On peut spéculer que dans cette opération, elle ne voulait pas offrir de références à l’américaine.
Gwen Jorgensen, un projet développé sous nos yeux.
Le cahier des charges était connu pour Rio. Elle a su progresser année après année. On ne peut tout simplement plus dire qu’elle se résume à être juste une excellente coureuse. Jorgensen sait prendre le contrôle des courses à sa manière, c’est tout. Stratégiquement, elle n’a rien à gagner en durcissant le vélo. Ses adversaires l’acceptent.
La grande question… L’individualité qui perd?
Voilà, si on doit vraiment refaire la course et avoir des remords, la grande question est de comprendre pourquoi il n’y a pas eu de désir à partir à plusieurs avec Spirig. Si partir seule semblait impossible, difficile de comprendre pourquoi Lisa Norden, Nicky Samuels, Flora Duffy et même Non Stanford et Vicky Holland n’ont jamais tenté de faire quelques choses ensemble. Pourquoi personne ne voulait être associé à Nicola Spirig pour mener un coup d’État?
Lorsque Spirig a pris le contrôle, on n’a plus revu Flora Duffy devant.
Des temps en course à pied très lent?
Après les jeux olympiques de Londres, on évoquait l’idée que la gagnante devrait afficher un niveau de 32:30 et que les athlètes devaient progresser de 30 secondes. Compte tenu du parcours et de la chaleur de Rio, cela donnait une prédiction de 33 minutes. La difficulté du vélo en décidera différemment avec un temps de Gwen Jorgensen en 34:09. À titre de comparaison, Richard Murray à couru 30:30. Cela représente un écart de 3:40 entre les hommes et les femmes et cela est en accord avec ce qui est observé en WTS.
L’avantage de Jorgensen sur les autres est de 41 secondes sur Spirig, 45 secondes sur Stanford et Holland.
2 colocs pour une place.
Vicky Holland et Non Stanford s’entraînent et vivent ensemble. Elles ont aussi fait la course côte à côte jusqu’au sprint final. C’est Vicky qui aura sa médaille. La championne du monde élite de 2013 repart sans rien. Ce n’est pas forcément un épisode facile à regarder.
Compte tenu de la force stratégique de la fédération britannique en triathlon, comment comprendre la passivité des Brits… Probablement qu’ils avaient fait un calcul différent en ne croyant pas que Spirig allait afficher ce niveau. En pensait être les gagnantes dans l’hyperactivité de Spirig.
La déception dans l’équipe est probablement celle de Helen Jenkins. Celle qui avait battu Jorgensen à Gold Coast perd le contact du groupe à vélo. Sa course s’arrête là.
Ces athlètes qui répondent présentent…
Comment ne pas souligner le fait que Spirig va chercher une médaille d’argent en ayant participé a juste deux WTS lors des quatre dernières saisons. Quelle valeur faut-il donner à ce circuit? On doit tout de même dire que cette athlète avait accumulé de l’expérience, mais cela reste impensable pour les autres.
Les trois médaillées de Londres, Norden, Spirig et Densham réussiront à revenir dans le groupe de tête. Compte tenu des dernières années, cela reste une surprise. Emma Moffatt, Barbara Riveros, Nicky Samuels et Andrea Hewitt, en vétérante réussiront aussi à rester dans la course.
Gwen Jorgensen, le vrai mystère maintenant…
La grande question après cette médaille, c’est de savoir si l’Américaine va continuer l’aventure. Elle pourrait aussi mettre en suspens sa carrière. Cela pourrait aussi provoquer un nouveau vide pour le circuit.
Une nouvelle génération en Ironman…
Plusieurs athlètes pourraient rapidement arriver en Ironman ou mettre en suspens leur carrière. Spirig peut déjà être considérée comme une prétendante pour Kona en 2017. Quelles sont celles qui oseront aussi faire le pas. On peut aussi s’attendre à voir des athlètes stopper leur carrière.
Mea-culpa d’une fédération?
Après Henri Shoeman, Mari Rabie signe une très honorable 11e place. Sachant que ces deux athlètes ont dû se battre avec les fédérations pour ne pas jouer les seconds rôles…
On notera aussi que Laura Lindemann (28e) termine devant Anne Haug (30e). Même si c’est presque anecdotique et bien loin des objectifs du comité olympique allemand, Laura termine première allemande alors qu’elle ne devait plus être là.
Des grandes puissances en danger?
La France, l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique, le Canada n’ont aucune finaliste. Les États-Unis et l’Austalie doivent se contenter d’une unique place chez les finalistes. Évidemment, la médaille d’or fait vite oublier l’abandon de Sarah True et la 18e place de Katie Zaferes. On peut dire que le sport s’internationalise.
« On notera aussi que Laura Lindemann (28e) termine devant Anne Haug (30e) »
En 30e position il s’agit de Cassandre Beaugrand… Anne Haug est 36e