Le triathlon olympique est un sport fédéral. Même si les médailles sont attribuées à des athlètes, ce succès est généralement impossible sans la contribution d’un système fédéral ou privé qui demande l’implication d’une équipe technique importante.
Lorsque l’athlète choisit de se joindre à un squad international, il doit avoir préalablement obtenu son autonomie à l’aide de résultats dans le passé.
Les fédérations sont celles qui inscrivent les athlètes aux épreuves ITU. Elles gardent le pouvoir décisionnaire sur les élites, d’autant plus que ce sont elles qui déterminent le support financier des athlètes. À l’exception d’une douzaine d’athlètes en WTS, il est impossible d’avoir une carrière internationale en ITU sans le soutient fédéral. Les athlètes doivent donc suivre les règles du jeu et accepter d’être des investissements qui doivent constamment répondre à leurs exigences.
À chaque olympiade, il y a des leçons à tirer. Même si la WTS est de plus en plus compétitive, les stratégies mises en place aux Jeux Olympiques sont uniques. On voit aussi des athlètes qui ont dédié toute leur préparation à cette course.
Lors des Jeux de Londres, les échappés durant la natation n’ont pas réussi à donner suite en augmentant leur avance lors de la partie cycliste.
Pour beaucoup, le futur champion olympique se devait d’être absolument un coureur à pied d’exception. Alistair Brownlee gagnant avec une marge importante à Londres, à cette époque, nombreux pensaient que son futur rival n’était pas encore sur le circuit. Son sens tactique à rendre plus difficile la course dans les deux premières disciplines limitera l’émergence d’athlètes unidimensionnels.
Chez les directeurs HP (haute performance), les calculatrices ont pourtant bien commencé à s’emballer. Que cela soit pour les hommes ou les femmes, les conclusions étaient simples, il fallait courir encore plus vite pour Rio. Nicola Spirig investira d’ailleurs en course à pied en dédiant plus de 2 ans au marathon. Son objectif était clair, retrancher plus de 20-30 secondes sur 10km pour garder son titre olympique. La course devait à nouveau se jouer essentiellement sur la partie pédestre.
Dans les documents fédéraux, même si les chiffres peuvent être ajustables car fonction des conditions atmosphériques, le niveau de performance attendu pour la victoire à Rio est de 28:30 pour les hommes et de 32:20 chez les femmes.
Trouver la parade…
Alistair s’est d’ailleurs lancé dans le challenge du 10 000m (piste). Soi disant pour se qualifier pour les jeux du Commonwealth, tout cela était surtout un pretexte pour devenir un meilleur coureur et commencer son investissement pour Rio.
À cette époque, les athlètes ne connaissaient pas encore le parcours olympique et ses deux fameuses côtes et nombreux étaient dans l’erreur en croyant que le cahier des charges n’allaient pas continuer à évoluer.
Le plan de l’oncle Sam
Les Américains n’ayant toujours pas obtenus de médaille olympique en triathlon, un véritable affront pour eux, ils passeront en mode chercheur de talent.
On dit fréquemment que des médailles coutent très chères. Par cela, il faut comprendre qu’une fédération riche peut se permettre d’avoir un plus grand nombre de projets. Les États-Unis ont ce bassin d’athlètes venant du sport universitaire en course à pied et en natation qui leur permet de multiplier les investissements. Si la réussite est au rendez-vous chez les femmes, avec une densité plus forte, chez les hommes, il est nettement plus difficile de se faire une place. D’ailleurs, aucun athlète américain ne réussira à obtenir une sélection directe en obtenant un top 8 sur une WTS désignée.
L’USAT (fédération américaine) n’était pourtant pas restée inactive. En premier lieu, Lukas Verzbicas sera le grand élu. En battant les différents records nationaux en course à pied chez les moins de 18 ans et en devenant champion du monde Junior en 2011, les attentes seront alors très grandes. Indécis sur ses perspectives d’avenir entre la course à pied et le triathlon, l’USAT multipliera les opérations de séduction. Il quittera l’université de l’Oregon pour se consacrer totalement au triathlon et évoquera même l’idée de sa qualifier pour les JO de Londres. Le projet ne se réalisera pas car il sera victime d’une chute majeure. Après plusieurs mois de ré-éducation, Verzbicas reviendra sur le circuit mais il ne sera jamais en mesure de retrouver sa vitesse en course à pied. Une question de temps… Malgré son passage avec Brett Sutton, il est depuis très silencieux et sa carrière semble en suspens.
Après les Jeux de Londres, l’USAT avait décidé d’investir dans un autre projet, celui d’Alan Webb. Détenteur du record du mile américain, Webb a longtemps été considéré comme le meilleur coureur américain « blanc » en demi-fond. Olympien à seulement 21 ans (JO Beijing), il ne sera pas en mesure de sa qualifier lors des deux autres olympiades. Webb trouvera une nouvelle motivation avec le triathlon. Pour cet athlète qui avait justement un passé de nageur, tout le monde le voyait déjà comme le nouveau grand rival des Brownlees.
Battu au sprint par Kyle Jones lors de sa première course en ITU (Magog), il comprendra rapidement que ses qualités de coureurs ne lui permettront pas de bruler les étapes. Après un an à peaufiner sa transformation en triathlète, il obtiendra son meilleur résultat en WTS avec une très modeste 56e place à Abu Dhabi. Le projet finira avec une chute à vélo ne lui permettant pas de se rendre au test event de Rio.
Ces deux projets qui devaient être l’avenir du triathlon américain sont déjà des dossiers classés. Dans un sport qui a tant de mal à se rappeler de son passé, il ne faudrait pas oublier des femmes comme Emma Snowsill (AUS) ou Carol Montgomery (CAN).
La meilleure réponse pour battre les meilleurs coureurs n’est pas en courant plus vite, mais en étant plus complet. Les fameux programmes de talent ID ont justement leurs limites parce qu’il est impossible de connaitre leur capacité à s’adapter/répondre aux éxigences dans les deux premiers sports.
D’une certaine facon, le génie des frères Brownlees, c’est d’avoir continuer à exiger toujours plus de leurs adversaires. Au final, des talents prometteurs n’ont jamais réussi à se faire une place.
Même si Gwen Jorgensen est à l’image du cahier des charges de l’USAT, est-ce qu’elle pourra vraiment répondre aux attentes imposées par l’utlra rouleuse, Flora Duffy?
Le sport en constante évolution ou pas?