Rodolphe Rudy Von Berg est un jeune athlète de 22 ans. Cet athlète belgo, italien et américain que l’on retrouve régulièrement dans le sud de la France a dérogé à nouveau à la règle en prenant le départ des championnats du monde de 70.3 à Wiesbaden. Une semaine après avoir représenté les États-Unis au championnat du monde universitaire, Rodolphe est allé chercher une 6e place significative terminant tout juste derrière l’Olympien et vétéran, Justus Steffen. Le résident de Boulder est probablement à l’image de sa nouvelle génération où il faut désormais être fort dans les trois disciplines. On s’est entretenu avec Rodolphe pour faire l’état des lieux.
Tu cours désormais pour les États-Unis, en 2015, tu as obtenu ta première sélection pour courir les championnats du monde U23, cette année tu as obtenu ton premier départ en WTS. Cela peut paraitre étonnant de te voir à nouveau en 70.3, alors que tu étais au championnat universitaire la semaine dernière?
Oui je continue de jouer un peu sur les 2 tableaux, en ITU et en no draft et 70.3. Inévitablement je vais passer sur le long, mais je ne sais pas quand encore, même si la distance half ironman me plaît énormément. Je continue malgré tout les ITU parce qu’au final j’ai tout de même une chance pour Tokyo 2020, et je veux tout de même monter les échelons en ITU. Je n’ai pas l’impression d’avoir performé assez en ITU pour déjà partir dans le long. Comme on le dit en anglais, I have « unfinished business ».
Pourquoi Wiesbaden, quand tu commences ta carrière sur le circuit Ironman, les courses continentales offrent des plateaux plus denses ou il est donc plus difficile d’obtenir un résultat encourageant…
Je voulais courir à Wiesbaden, un championnat continental avec un plateau très dense, car d’abord je voulais faire une course en Europe avec des parcours vélo tout de même beaucoup plus beau et accidenté que dans les Amériques. Et puis surtout, vu que je ne fais qu’en gros 2 half par an, je voulais en faire un d’un gros niveau pour prouver que je suis dans le rythme à moi-même et à de potentiels sponsors.
Est-ce que tu t’étais donné un objectif précis?
Sur cette course, je ne me donnais pas de limites, mais Top10 était vraiment ce que je visais au pire. Et puis Top5 était ce que je cherchais si tout était parfait. Je finis 6e. Assez satisfait, même si je sais que je peux faire mieux. Après une natation moyenne, en T1 mon casque est à 7m de mon vélo de l’autre côté de la barrière avec la visière enlevé. Le temps de tout remettre, je pars en gros dernier du 1er groupe de 20-25 ce qui me fait tout de suite perdre la vue des meilleurs qui vont assez vite s’envoler à vélo. Sans mon petit problème, j’aurais pu partir avec eux au début et perdre moins de temps.
Comment se passe la natation, sachant que tu viens de l’ITU, peux-tu nous parler des différences?
En natation, c’est clair que ça nage moins vite. Mais c’est aussi parce que les mecs se donnent moins en 70.3 en natation. Sur cette course précise, ça a nagé assez fort et c’était assez violent vu qu’on sort à 20-25 en 30-35secondes. Dans d’autres courses que j’ai pû faire en half, on se fait plus plaisir en nat, vu qu’on se tape dessus moins.
Parles nous du vélo, est-ce qu’il y a une que certains roulent tout simplement trop fort pour toi?
En vélo il y en a qui sont vraiment très fort comme Dreitz, Sanders et Stein. Sanders a tenu 341 watts de moyenne avec une puissance normalisé de 367 watts! C’est très élevé, surtout qu’il perds 4 minutes sur Dreitz et 3′ sur Stein. Donc ça roule très fort c’est clair et je ne suis pas à ce niveau encore. Mais je ne suis pas trop loin derrière (6′ de Sanders) et j’ai vraiment géré la fin du vélo pour bien courir. Et puis je me suis fait plaisir sur ce magnifique parcours. Ca n’empêche pas qu’il y a des moments, surtout au début quand j’essaye de recoller, mon coeur est au-dessus de 180, ce qui est à près de 93-94% de mon max.
Est-ce que tu calques ton effort sur certains athlètes?
Sur la fin du vélo j’ai calqué mon effort sur Bart Aernouts, Will Clarke, Ruedi Wild, qui en général court très fort donc je me suis que j’étais en bonne position. J’ai peut-être perdu un peu trop de temps en me calquant sur eux. Puis à pied j’ai fait 5km avec eux, et puis 16km « à fond » en essayant d’aller chercher des mecs devant.
Lorsque tu poses le vélo, tu te dis…
La course à pied, je pars assez frais vu que la fin du vélo était en descente et que je n’ai pas forcé les 20 derniers kilomètres. Je fais une boucle de 5km vite, mais en contrôle, et puis je donne tout sur les derniers 16km. Vu qu’à Boulder 70.3 j’avais craqué à 3-4km de l’arrivée, ici je faisais bien gaffe de prendre tout ce que je pouvais aux ravito. Et ça s’est bien passé, à l’arrivée je me sentais encore bien. Je suis content, car je cours fort pendant 15 bornes et je suis récompensé en rattrapant 2 mecs dans les 3-4 derniers km.
Tu termines finalement 6e, qu’elle est la signification de ce résultat pour toi?
Pour moi 6e ça veut dire que je suis largement dans l’allure, et que je peux jouer avec les meilleurs du monde dans un futur proche.
Tu nous avouais être très attiré par la longue distance, est-ce que tu vas continuer à résister?
C’est un dilemme presque permanent, surtout quand je dois acheter des vols pour le bout du monde en ITU, où je vais gagner peu ou pas d’argent. Et puis je me fais plus plaisir en half. Mais en ITU il fait courir beaucoup, sinon on descend au classement, et puis c’est difficile de rentrer dans les courses.
Dernière question, est-ce que ta charge d’entrainement est modifiée pour réussir sur 70.3 et ITU?
Mon entraînement est en gros exactement le même en natation et à pied pour le half et l’ITU. Seule chose est qu’à pied la sortie longue de la semaine est plus longue (22-24km) que si je ne faisais que de la ITU (18-20km). En vélo la différence est que je dois faire des efforts longs de type 4×20′ ou 3×30′ sur le vélo de CLM en position CLM la grande majorité du temps.