La communauté ITU est généralement un milieu très lisse où les disputes entre fédérations et/ou athlètes sont rapidement étouffées. Même si l’Espagne sort grande gagnante de la Grande Finale en conservant le titre mondial, il existe une certaine rancoeur et surtout un besoin de faire changer les choses. Voilà les deux épisodes.
Mario Mola accuse Alistair Brownlee.
Ce qui se passe dans l’eau reste dans l’eau. C’est une règle d’or en ITU. Même si on est conscient de certains accidents, les athlètes ont pour habitude de s’expliquer entre eux et ne communiquent pas la dessus. De nombreux athlètes ont des réputations. À l’image d’autres sports de contact comme le Hockey, les noms les plus connus ont un certain standard. Seul Alistair Brownlee a déjà exprimé sa position sur le sujet, « Lorsque je suis dans l’eau, j’ai comme un couloir, personne ne doit rentrer dedans », d’ailleurs Jonny ira même dire que son frère l’a déjà frappé durant une course.
Lors de la Grande Finale de Cozumel, Alistair était 19e au monde, il n’était pas dans les premiers pour choisir sa position. Il s’est retrouvé 6 places à droite de son frère et 6 places à gauche de Mola. Dans les faits, il aurait pu partir plus proche de Mario Mola, ce détail est important pour la suite.
Mario Mola, le principal adversaire de Jonathan pour le titre de champion du monde, affirme qu’Alistair se serait acharné sur lui durant l’épreuve de natation, fait que celui-ci nie complètement.
Alistair Brownlee est-il allé trop loin afin d’aider Jonny, son frère cadet, dans la course au classement général de la série mondiale ITU? Les Espagnols ont encore en mémoire les actions d’Harry Wiltshire lors d’un championnat d’Europe (Pontevedra 2011, avec des dossards olympiques à la clé). Le mystère n’a jamais été résolu, mais Harry a martelé de coups Javier Gomez. Intentionnel ou juste accidentel? Certains y voyaient une commande de la fédération britannique, et au final Harry a écopé d’une sanction de 6 mois.
Maintenant, ce qui est très surprenant et vient briser la règle définie entre les athlètes, c’est que Mola s’est confié à Radio Cope et accuse Alistair Brownlee d’avoir intentionnellement arraché son bonnet et ses lunettes dans les premiers 400 mètres de fait.
Après la course, contrairement à son frère Jonathan, Alistair n’aurait pas félicité Mario Mola de sa victoire. « Je me suis toujours bien entendu avec Jonathan… Je ne sais pas si les gestes d’Alistair étaient volontaires, mais si c’est le cas, ça n’était pas nécessaire ».
Dans un live Facebook du portail brésilien (Mundotri), on peut également voir Mario Mola, visiblement énervé, dans une discussion agitée avec Alistair Brownlee. Mola accuse le double champion du monde d’avoir agit intentionnellement. Alistair Brownlee répond que c’est accidentel, et que de plus, Mola l’aurait pour sa part frappé à chaque coup de bras. Encore une fois, Alistair n’a pas non plus choisi sa place sur le ponton à côté de Mola.
Après vérification auprès des élites, les deux athlètes sont connus comme étant agressifs dans l’eau. A ce titre on peut donc effectivement imaginer Mola bousculer Alistair a plusieurs reprises, lequel par un geste de représailles pour se défaire de l’Espagnol lui arracherait par inadvertance son bonnet.
Dans les dernières heures, Mario Mola s’est finalement rétracté. Voici sa version, « certains médias ont rapporté que j’ai perdu mes lunettes et mon bonnet durant la natation. J’en ai discuté immédiatement avec Alistair après la course, ce que je sais, c’est que c’est un accident classique dans une situation de course et que cela arrive avec la proximité entre athlètes .
Pour ce qui est de l’appel de la Fédération Espagnole, je tiens à signaler que je ne suis pas impliqué et que je connais aucun détail et que cela ne concerne pas mon interaction avec Alistiair.
Cette course à Cozumel est celle qu’on se rappelera. Nous avons vécu un moment incroyable en voyant les deux frères s’entraider, cela a touché le monde entier ».
Ce ressenti que Mario Mola avait envers Alistair Brownlee durant la course peut expliquer cette scène finale où on le voit célébrer sa victoire devant un Jonathan Brownlee à terre. Ou alors Mola fait-il cette déclaration pour ne pas passer comme le méchant garçon et légitimer son titre mondial?
Il est clair aussi que le camp espagnol ne voit pas les frères Brownlee avec la même admiration que les autres. Tout cela peut se comprendre puisque les deux frangins ont privé les Espagnols de plusieurs médailles olympiques. D’ailleurs, la fédération espagnole ne s’est pas dégonflée et a décidé de faire appel.
Si plusieurs voient cet acte comme une insulte, dans les faits, on a appris que la version espagnole du règlement ITU stipule qu’aucune assistance n’est possible, alors que la version originale en anglais nuance ce point.
Maintenant, Fernando Alarza vient aussi de rentrer dans la danse. Il décrit l’acte d’Alistair comme dangereux et pas du tout héroïque. Pour l’Espagnol, une disqualification de Jonny lui permettrait de gagner un rang mondial et de terminer second.
Alarza va plus loin dans son entrevue avec le journal Marca, « Les Brownlee sont fréquemment à la limite de l’illégalité. Son acte est dangereux et ne devrait pas être considéré comme un exemple. Pourtant, il passera à la postérité, et ce n’est pas la meilleure vitrine pour le triathlon ».
Depuis la publication de l’article, Alarza vient aussi de se rétracter et accuse le journal Marca d’avoir déformer ses propos.
« Bonsoir à tous,
Je crois qu’après ce qui s’est passé dans les dernières heures, je me sens obligé d’écrire quelques mots.
Tout ce qui s’est passé ce week-end sans doute va passer à l’histoire de notre sport. Chacun peut avoir sa propre opinion sur ce qu’il vient de se passer… Je ne veux pas entrer dans plus de polémique, je suis très heureux de ma troisième place mondiale. Face à la polémique avec les Brownlee, on a tous son opinion et il faut respecter l’avis des autres.
Je ne veux pas qu’on ait une image erronée sur moi puisque les médias ont détourné mes propos. J’ai une excellente relation avec les frères Brownlee. Pour moi, ce sont les meilleurs triathlètes de l’histoire. Ils sont capables d’atteindre un niveau de souffrance que très peu de gens peuvent atteindre.
Et je tiens aussi à souligner mon admiration par Mario Mola, ce champion du monde est un exemple pour tous, en et hors compétition.
Au sujet de la disqualification ou non, c’est aux juges de décider, c’est leur travail et nous devons accepter leur verdict.
Sur mon interview dans la presse, cela ne correspond pas à mes propos. Ils ont déformé mes propos pour faire du sensationnalisme. Mon erreur a été de leur accorder cette interview, qui, comme je l’ai dit, a duré plus d’une demi-heure…
En résumé, je veux juste être tranquille, je suis très heureux avec ma troisième place. Chacun a le droit à son opinion. Mais comme je l’ai dit, je dis et je dirai toujours, pour moi les Brownlee sont des extraterrestres et ils nous poussent à nous améliorer, on doit les remercier, ils rendent notre sport spectaculaire.
Et bien sûr, pour terminer, je tiens à féliciter Mario pour ce championnat du monde.
Avec ça, j’espère que tout ça sera réglé, si j’ai quelque chose à dire sur le podium qui a dérangé, je tiens à m’excuser. Nous avons tous notre façon de penser et de voir les choses.
Merci beaucoup pour vos messages et même aux critiques. Cela nous pousse à devenir meilleurs sportifs et des personnes.
Chose certaine, le conflit entre les Espagnols et la Grande-Bretagne est désormais très médiatisé. Est-ce que l’ITU devait passer par là pour susciter l’intérêt des amateurs de sport? »