Jean Eudes Demaret se fait trimer > de cycliste pro retraité à championnat de France de Tri LD.

Jean Eudes Demaret a créé la surprise en reportant le championnat de France longue distance en Juin dernier. Si l’athlète est toujours amateur, son passé est pourtant celui d’un pro en cyclisme (Cofidis). Trimes s’est entretenu avec lui pour en savoir plus sur son cheminement dans le sport triple et son avenir. 

Tu as un passé de cycliste pro, dans ton cas, c’est la maladie de Crohn (problème intestinale) qui t’a contraint à arrêter. Ton retour sportif s’est fait en triathlon. Qu’est-ce qui t’as décidé à te lancer dans le sport triple?
Effectivement, j’ai stoppé ma carrière fin Août 2012 (GP de Fourmies). J’ai passé dans la foulée mon Brevet d’Etat (Cyclisme) que j’ai obtenu en Décembre. Durant cette période et les mois suivants, l’inactivité m’a permis de me refaire une santé et de soigner mon corps. J’ai également pris pas mal de poids (8-9kgs). Je me suis lancé le défi d’un semi en moins d’1h30 (réussi) … puis avec mon rôle d’entraineur au sein d’une équipe cycliste j’ai repris gout « au travail physique » en voyant mes anciens coéquipiers.
Je voulais tenter ma chance dans un sport mais il était hors de question de donner la priorité au vélo. J’avais de bonnes sensations à pied et comme un ami était sponsor d’un club de Triathlon autour d’Annecy, l’idée m’est venue.
Je me souviens avoir appelé le Président lors du trajet en voiture d’un stage de l’équipe pro en Espagne en Janvier. 15 jours plus tard, au retour du stage, je me suis présenté à une séance de Natation que le club m’avait « ouverte » afin de prendre un avis. Je nageais comme un Fer à Repasser (8′ au 400m en petit bassin) mais j’avais l’envie, du coup 2 jours plus tard je suis revenu et j’ai signé ma licence !
J’imagine que pour un sportif de haut niveau, tu as du passer par des périodes très difficiles… et que cela peut modifier tes envies…
J’ai le gout de la performance. Quand je fais un truc c’est pour le faire à fond en me donnant les moyens d’obtenir 100% de moi même. Être un inactif ? Non ! Etre heureux d’être actif ? Oui mais alors Etre heureux d’être un actif performant : ok ça me va!
desmAs-tu le sentiment que ton passé de cycliste t’as beaucoup aidé? Je ne parle pas dans le fait que tu étais un excellent cycliste, mais surtout parce que tu étais familier aux exigences du point de vue de l’entrainement… Tu dois mieux connaitre ton corps que les autres… la gestion de ton endurance ne doit pas avoir de secret pour toi…
Et pour plusieurs raisons j’ai envie de dire! Premièrement, je viens d’un sport d’endurance exigeant. En cyclisme on le sait, c’est beaucoup d’heures de selle, des sacrifices 11 mois sur 12 etc… Alors oui, je connais l’exigence d’une bonne hygiène de vie et de l’entrainement.
Deuxièmement, j’ai une connaissance accrue de mes capacités par rapport à d’autres effectivement.
Même si je ne suis pas un athlète rapide : je suis incapable de nager plus vite sur un S que sur un HIM. Je ne suis pas capable de sortir un 1000 en 3′ à pied par contre, je suis capable de courir à un pourcentage plutôt élevé de ma VMA plus longtemps que la moyenne. Il m’arrive de courir les 5km à pied d’un S à la même allure que sur le 10km d’un M et ceux malgré le double de km en natation et en vélo.
Restes tu étonné par les habitudes du milieu (triathlon), je parle en terme de croyance mais aussi point de vue obsession matériel et même dans la manière de s’entrainer.
Croire que pour être performant il faut se manger 30h/sem de pratique à 15-16ans ok le gamin va être performant à 18ans mais à 22-24ans il sera dégouté et ne progressera plus.
Moi je crois en moi. Je suis confiant de ce que je fais c’est l’essentiel ! les autres peuvent faire ce qu’ils veulent, cà n’est pas mon problème, il s’agit d’un sport individuel ! Pour le matériel, je comprends tout à fait, j’aime également le bon matériel !!! mais quand je vois des triathlètes sortir des roues pleines alors qu’ils n’ont pas les jambes pour emmener ou alors avoir un vélo CLM a 10000€ alors qu’ils ont une position de m**** dessus ça me fait bien rire mais encore une fois, je m’occupe de moi de mes ami(e)s et de ma femme pour les positions sur le vélo et les conseils.
Comment s’est passé ton apprentissage en natation et en course à pied… 
En natation, je me suis accroché aux séances du club autant que possible (3x/sem). Ensuite j’ai commencé à y aller de mon côté les autres jours et parfois en mai / juin, j’arrivais à avoir 6 séances / sem ! les progrès se sont fait rapidement. Je suis vite passé de la Ligne 1 (débutant) à la Ligne 2 puis directement à la Ligne 4 ? (sur 4 lignes).
Maintenant je suis toujours en mode « accroche toi » derrière les « leaders » de la ligne. Ce sont des mecs (et une fille) qui nagent 4’40-4’45/400 quand je suis en 5’45. Mais entre nous il y en a en 5′ et 5’20 !
A pied, idem, à force d’abnégation j’ai corrigé quelques défauts mais je ne suis pas un grand fan de la course à pied à l’entrainement à cause des blessures et de la casse musculaire au niveau des fibres … Les séances de vitesse : peu pour moi. Je préfère faire des footings tranquillement ou du trail dans nos montagnes autour d’Annecy en hiver
demaret2Cette année, tu as causé la surprise en gagnant le titre national en longue distance. Est-ce que c’était l’un de tes objectifs ou tu étais toi meme surpris? Et alors, ce titre, cela change une vie? 
En fait, c’était le 1er objectif de la saison car j’avais décidé de couper la saison en 2.
La 1ère partie : les triathlons S et CD pour tenter une performance correcte sur HIM/L. Chose faite. La 2è partie de saison : des HIM essentiellement pour préparer Hawaï. J’ai également fait pas mal d’épreuves FFC avec de bons résultats.
La semaine avant le France LD j’ai préféré faire le Tour du Beaujolais sur 2 jours avec du dénivelé et des cols de 5-6-7kms plutôt que le Triathlon de Chalain comme j’avais l’habitude de faire = bon choix visiblement. Surpris oui car je ne pensais pas pouvoir gagner mais j’étais tout simplement à 100% de mes capacités le jour J je pense. Les absents ont tord donc tant mieux !
Ca ne change pas ma vie, sauf que j’ai récupéré 2 contrats en sup. C’est un plus pour moi et les aides sont toujours la bienvenues.
Mais est-ce que cela change ta vision de ton avenir dans le sport triple et tes ambitions futures?  J’attends Hawaï pour voir comment cela se passe et prendre une décision par rapport à ça 
Comment tu te décrirais actuellement comme athlète?
Triathlète, spécialiste du cyclisme, et de l’effort long.
Quel est ton statut actuel dans le sport? Je crois que tu es avec l’équipe Hoka, non…
Je n’ai pas vraiment de statut particulier mais j’attends Hawaï pour, pourquoi pas, en créer un ! L’équipe HOKA c’est un regroupement d’athlètes selon notre discipline (HOKA TRAIL, HOKA TRIATHLON). On a fait un rassemblement aux Saisies cet hiver afin de mieux se connaitre.
HOKA nous offre la possibilité d’avoir un très large choix de modèles dans sa gamme. De bénéficier d’équipement Running au top du top. Pour info, on devait avoir 7-8 paires de chaussures pour l’année et je dois en avoir 15 au garage ! On a eu le modèle « TRACER » en avant première. On est là avant tout pour du développement de modèles encore non commercialisés
Et maintenant, toute la fin de la saison ce dirige vers Kona… J’imagine que tu as des grandes ambitions… Mais cela sera seulement ta seconde fois sur cette distance.
2ème IRONMAN et 1er HAWAI. C’est un beau ratio mais effectivement je suis plutôt néophyte dans la distance. A Vichy 2015 les conditions n’étaient pas faciles, à Hawaï 2016 elles ne devraient pas être meilleures!
Ca restera de la découverte car sur un tel effort, on ne sait jamais comment va réagir notre corps. Même quand on est bien entrainé, il subsiste un doute. On verra bien. Pas de pression du résultat. Juste l’envie de se donner à fond avec les moyens du jour.
Maintenant, oui, je fais en sorte d’avoir le meilleur résultat possible là bas avec des entrainements progressifs et adaptés puis au dernier moment, il sera temps de faire le voyage et de récupérer pour être au TO ! Si on parle d’ambition, je réponds que je n’ai jamais nagé en mer de toute ma vie (je vais ce week end à Narbonne pour découvrir l’eau salée justement), 3800m sans combi = jamais fait ! Que 180km avec 50km/h de vent, ce n’est pas idéal pour un chrono! Et pour finir, avec un marathon exigeant mentalement (longue ligne droite) et physiquement, je n’ai pas de réellement ambition précise pour le chrono. Se donner à fond et être content de passer la ligne !
Est-ce que tu voudrais ajouter quelque chose…
 Si Philippe Lucas voit l’article et qu’il est non loin d’Annecy j’ai un GROS défi à lui proposer ! mais ça risque de lui prendre du temps! Je l’héberge s’il veut !
Aucun commentaire

Commentaire fermé