On refait la course avec Felix Duchampt > 4e à la coupe du monde Salinas.

Felix Duchampt n’a pas disparu. Après une saison compliqué, on a finalement retrouvé le français à l’avant de la scène. Le sociétaire de Montluçon s’est offerte une belle quatrième place pour son retour en coupe du monde. On s’est entretenu avec lui pour faire le point sur sa performance mais aussi son futur. 

C’est finalement fin septembre que tu prends le départ de ta première coupe du monde de la saison, comment cela se fait?

Effectivement, Salinas marquait ma rentrée sur le circuit coupe du monde cette année. C’est un circuit sur lequel je pense pouvoir performer, avec un niveau très homogène et des courses se jouant souvent en course à pied, mais différentes raisons ne m’avaient pas permis d’être au départ d’une de ces courses cette année: petites blessures, déplacements très couteux dans tous les sens du terme, priorité donnée par la fédération aux français plus jeunes et donc hors quota pour l’épreuve de Cagliari, annulation de l’épreuve de Kitzbühel,…

Dans quelles conditions (physique et psychologique) tu t’es présenté à Salinas… J’imagine que tu avais un objectif en tête…

J’ai eu un très bon hiver d’entrainement, puis une blessure au tendon d’Achille m’a ralenti dans mon élan. J’ai beaucoup couru pour «honorer» mes engagements avec mes différents clubs ou partenaires, mais la première partie de saison n’a clairement pas été aussi bonne que je l’espérais. Je suis ensuite monté un peu plus de 4 semaines à Font-Romeu en juillet/août pour préparer cette fin de saison et la situation s’est inversée.

La-bàs, j’ai vraiment bien bossé et je n’ai eu aucun pépin. J’ai passé de bonnes séances, avec les 3 coupes du Monde de fin de saison en tête. Je sais que lorsque je suis en forme, et notamment à pied, je peux jouer les premiers rôles sur ce type d’épreuve. A Salinas, Il y avait une belle start-list avec 8 Olympiens et des gars qui venaient juste après Cozumel. Je savais qu’ils auraient la fatigue « post-objectif » pour eux. Moi, j’étais très motivé et en pleine confiance, alors malgré un voyage très périlleux, tout était possible.

Peux tu nous parler brièvement de cette nouvelle course?

Salinas a déjà été une coupe continentale, mais la fédération équatorienne souhaite développer cette course et on pouvait sentir de l’investissement de sa part. La course en elle même se déroule dans une base militaire et est faite d’une natation en mer, d’un parcours vélo avec un faux plat sur le début et une route vraiment large mais très limite niveau sécurité avec du sable, des trous, des bornes au milieu de la route, des dos-d’âne… et un parcours à pied plat.

Durant la natation, on a vu très peu d’écart entre les concurrents, qu’elle est la raison?

Honnêtement je ne sais pas trop. Le parcours se prêtait à une natation assez dure qui pouvait faire des écarts, avec un départ très inégal, de bons nageurs, quelques vagues, 4 bouées à virer…

Quand tu sautes sur ton vélo, tu te dis?

J’ai pris un bon départ dans l’eau et me suis très rapidement retrouvé dans les pieds d’un des Poliansky, puis apres 150m de Grajales. Je reconnaissais également quelques gars autour de moi qui me laissait penser que j’étais où il fallait.

Lors de la transition, j’ai compris que j’étais à moins de 15 secondes de la tête, puisque les frères russes partaient tout juste lorsque je suis arrivé à mon box. En 500m de vélo, nous étions une vingtaine devant, puis à la fin du premier tour 10 ou 15 gars de plus sont rentrés. Il y avait beaucoup de vent, alors mon but était de rester en milieu de peloton bien abrité, et de préparer sagement la course à pied.

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Face a ce regroupement de 30 athlètes, quelle était l’ambiance? On sait qu’en coupe du monde, les athlètes se connaissent moins et généralement, la dynamique est plus passive, Est-ce que c’était le cas?

Je pense que la plupart des athlètes au contraire se connaissent à peu près à force de courir ensemble, mais effectivement, le vélo n’a pas été hyper rapide. Il y avait pas mal de vent, sur une route très large qui ne favorisait pas les échappées. Il y a bien eu quelques tentatives mais elles n’ont jamais bien pris forme.

Tu pauses le vélo en tête et rapidement un groupe se forme. Qu’est ce que tu te dis?

Je tarde un peu à mettre mes chaussures, mais finalement on se retrouve rapidement à 8 (Grajales, Poliansky x2, Castro, Serrat, McElroy, Léo Bergère et moi-même). Les Poliansky impriment le rythme mais paraissent à bloc, on les entend respirer de l’autre côté de la ville. J’ai l’impression que Léo a un peu de mal mais serre bien les dents et reste dans le groupe, pour les autres ca a l’air d’aller, ca va être une course à pied rapide!

Est-ce que tu commences à penser à un podium et plus?

Dans un scénario idéal comme celui-là, c’est sur que je voulais faire un gros truc. Après, il y avait de gros clients. Grajales est 6è mondial. Les Poliansky dans les 20 meilleurs mondiaux. Castro double champion d’Europe U23. Bergère et Serrat sont en train de devenir très forts et ont un bel avenir. Je connaissais bien McElroy puisque nous courrions ensemble en NCAA et ce n’est pas un peintre non plus avec ses 13.51 sur 5000 et ses 28.36 sur 10000. Finalement, j’étais peut-être le moins fort sur le papier. Mais je savais que tout était possible.

Et cela s’emballe…

Il y avait un enchainement de 2 virages un peu serrés à 400m de l’arrivée. Castro a été très intelligent en attaquant juste avant cela et en étirant le groupe. Moi un peu moins, j’essayais de bien m’abriter du vent, mais je n’étais qu’en 4 ou 5 position. Et finalement, je me suis retrouvé rapidement à 5 mètres derrière les 3 médaillés du jour, pris à mon propre piège en attendant le sprint final. Dans le dernier 200m, on a globalement tous couru à la même vitesse, et chacun a gardé sa position.

Pour toi, que représente ce résultat? As tu l’impression d’être reparti?

Je suis à la fois content de ce résultat puisque c’est de loin ma meilleur performance sur le circuit Coupe du Monde. Il vient valider mon investissement de cet été notamment mais bien entendu depuis de nombreuses années également. Après, c’est forcément un peu rageant de passer si prêt du podium et même de la victoire. Je pense toujours que c’était possible. J’espère que je ne regretterai pas trop longtemps d’avoir seulement fini 4ème. Il reste deux étapes cette année.

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Tu termines premier français et devant des athlètes qui sont régulièrement en WTS. Que faut-il en penser?

Je ne pense pas qu’il faille en penser quoi que ce soit, on ne peut pas tirer de conclusions sur une seule course. En fin de saison, certains athlètes sont fatigués, d’autres plus en forme, il y a parfois quelques surprises. Tout ce que j’en retiens, c’est que j’ai réalisé une course pleine le jour-J, avec une bonne natation et le meilleur temps à pied. Et cela me satisfait en soi, sans prendre en compte les autres. J’étais meilleur que certains ce jour là, j’espère l’être de nouveau plus souvent, mais en analysant simplement cette course, on ne peut pas dire un tel est meilleur qu’un tel. Maintenant, il faudra être régulier à ce niveau de performance.

C’est quoi la suite?

Si tout va bien, je serai, comme évoqué précédemment, au départ des coupes du Monde de Tongyeong (Corée du Sud) et Miyazaki (Japon). Tu connais l’objectif…

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