Voici notre rapport de la 8e série mondiale de la saison. Si pour certain cette course avait déjà des allures de fin de saison avec son climat automnale, c’était pourtant le début d’un nouveau temps…
Sport post-partum.
Si Edmonton était le retour en action pour la série mondiale, le niveau de motivation chez les athlètes passe du tout au rien. Difficile de se remobiliser lorsque la fin d’un cycle olympique vient de s’achever. Ajoutez à cela que de nombreux élites étaient malades après Rio et qu’Edmonton s’est disputé dans des conditions non clémentes, et l’on comprend rapidement pourquoi certains athlètes avaient la tête ailleurs. Le doute plane actuellement sur qui terminera ou pas la saison. En fin de compte, on vient toujours se questionner si les JO sont vraiment bénéfiques pour le triathlon.
Jodie Stimpson devra s’absenter.
Alors qu’elle fut la première à gagner une série mondiale cette saison, elle a profité de la course pour avouer qu’elle était blessée au pied. Une année pas facile sachant qu’elle probablement la meilleure athlète du circuit qui n’a pas pris part aux JO de Rio.
Edmonton, la fin du mauvais temps.
Après deux années de malchance, l’épreuve d’Edmonton change de date pour 2017. La course sera désormais fin juillet.
Une course au Canada sans ses Olympiens.
Cela reste un fait, sur les 5 olympiens Canadiens de Rio, aucun athlète n’a souhaité ou ne pouvait s’aligner à cette course. Sachant l’impact médiatique des athlètes locaux, Triathlon Canada se retrouve dans une position fâcheuse.
Summer Cook, une véritable surprise? Une impression de déjà vue.
Cette américaine est à l’image du programme américain avec un passé de nageuse. Si cette victoire est vue comme une surprise, son profil était bien connu. Cette gagnante d’une coupe du monde a des lacunes apparentes en termes de vélo. À Edmonton, elle a perdu à plusieurs reprises le groupe de tête visiblement gênée lorsqu’il fallait relancer à vélo. La course canadienne était probablement la course la même technique de l’année. L’Américaine doit encore confirmer sur cet aspect.
Si à l’image d’une Gwen Jorgensen, son retour sur Sarah True semble démontrer qu’elle est un ton au-dessus, cela n’est pas totalement le cas. Son avantage se limite à 12 secondes sur Vicky Holland.
Dynamique de la course féminine à vélo.
L’exercice est particulièrement intéressant. Si un groupe de 8 athlètes s’est rapidement formé, il n’a pas été très agressif sur le premier tour. Leur avance de 40s sur des favorites comme Vicky Holland leur a permis de temporiser leur effort.
Lorsqu’après deux tours les poursuivants ne reprennent pas de temps, elles se sont découragées. En réponse, les échappées y produiront leur meilleur effort et Summer Cook perdra le contact.
Dynamique de la course masculine à vélo, une course par l’arrière.
Chez les hommes, on a observé la formation de trois groupes, soit l’échappé avec J. Brownlee, le premier groupe des poursuivants avec Richard Murray et le second groupe avec Mario Mola.
Si Jonny semble avoir imposé rapidement un rythme pour prendre ses distances, on n’a pas eu le sentiment que ceux qui ont manqué la coupure ont réellement cherché à rejoindre la tête. Si Richard Murray est sorti en 4e position de la T1, il ne s’est jamais rapproché. L’effort de Mario Mola dans le second groupe où il retranche presque vingt secondes sur Alistair montre qu’il y avait de la marge, mais jusqu’a quel prix? Lorsque le groupe de Mola et de Murray s’est rejoint, ils se sont surement posé la question…
Est-ce qu’il y a une certaine prise de conscience à ne pas vouloir absolument se retrouver en échappé avec la tête sachant qu’il est difficile de donner suite en course à pied…
Celui qui part le plus vite garde le plus de vitesse?
Voilà, il existe plusieurs théories, Murray et Mola seraient supérieurs à Jonny en course à pied. Aussi, nombreux questionnent les stratégies actuelles de pacing des élites. Si par la configuration de la course, aucun tour n’affiche la même distance (départ T2, arrivée), on peut voir la relation entre les tours. Jonny parle le plus vite et est aussi celui qui conserve le mieux sa vitesse.
Stratégie commune chez les Britanniques, les impacts négatifs?
Si certains trouvent les courses ennuyeuses, la gestion stratégique des courses par la Grande-Bretagne soulève toujours beaucoup de questions. Est-ce que Jessica Learmonth a mené la natation pour faire la sélection pour ses co-équipières? Seule Lucy Hall s’est retrouvée dans le groupe de tête et elle n’a jamais réellement roulé puisque Vicky Holland et Non Stanford était en arrière. Au final, certaines athlètes n’ont toujours pas leur destinée entre les mains…
Stratégie commune chez les Britanniques, les impacts positifs?
Cela fait plusieurs années qu’on s’interroge sur le futur des hommes britanniques. Le succès des Brownlees semblait compromettre le développement de la relève. À Edmonton, on a assisté à un certain réveil plaçant 4 brits dans le Top 7. Est-ce que ces athlètes ont pu profiter du fait qu’ils n’avaient pas le droit de rouler?
Salut, Richard, on se rejoint après 300 mètres de natation.
Royle, allié désigné.
Le plan était parfaitement connu, Jonny Brownlee allait tenter de se faire l’échappée belle avec Richard Varga. Dans ce cas, on ne doit plus parler de domestique, mais bien d’allié. D’ailleurs, Aaron Royle s’est joint. Ce qui est fascinant dans la course d’Edmonton, c’est que Jonny a encore exécuté parfaitement le plan. La victoire est méritée et personne n’a réellement de parade à offrir.
L’entente est parfaite et Aaron Royle (AUS) contribue sans broncher. À Leeds, cette tactique lui avait permis de monter sur le podium avec les deux frères Brownlee. Jonny ira jusqu’à dire après la course, avant la course, j’aurai choisi ces deux athlètes pour une échappée. On pourrait donc dire que l’Australien profite désormais du statut d’allié désigné. Il y a quelque chose d’étrange dans tout cela.
L’importance de la transition.
Summer Cook a perdu 14 secondes en transition sur les meilleurs. Cela s’explique par la difficulté de faire une bonne transition avec des mains froides. Elle concède au total 17 secondes sur Sarah True et gagne pourtant par trois secondes.
Un résultat global influencé par la température…
Est-ce que certains corps répondent mieux aux basses températures? Évidemment, c’est une question d’expériences et dans quelle mentalité l’athlète se trouve actuellement… À quel point cela à modifier les résultats, choses certaines, la densité était plus faible qu’à l’habitude.
Post-olympique, la fenêtre des opportunités.
Si pour le spectateur, l’absence de certaines vedettes du circuit modifie leurs intérêts, on apprécie le fait que de nouveaux talents d’émerges ou à des que certains retrouvent leur confiance.
Les Australiens ont permis à Matt Roberts (33e) et Luke Willian (44e) de prendre part à leur première WTS. L’Israélien Sachar Sagiv qui signe une 8e place à 22 ans et à sa seconde WTS en carrière.
La réponse de Steffen Justus et de l’Allemagne.
Privé de JO alors qu’il était sélectionné, Steffen Justus aurait pu quitter le sport. Les réponses de l’athlète de 34 ans sont pourtant une 9e place à Leeds et une 6e place à Edmonton. D’ailleurs, Jonathan Zipf permet à l’Allemagne de placer deux athlètes dans le top 8.
De plus le jeune athlète Lasse Luhrs (20 ans) continue à faire ses preuves en WTS en obtenant un premier top 20 (16e).
Cette natation…
Edmonton dispose d’un lac restreint ce qui entraine une natation très condensée et avec de nombreux contacts. Cela avantage ceux qui sont capables de se placer rapidement à l’avant au début de la natation. Si Murray était sorti très en retard et Mola très proche de la tête à Rio, on a vu le scénario inverse à Edmonton. Ce qui se passe dans l’eau reste dans l’eau.
Un classement mondial entre deux athlètes?
Fernando Alarza a préféré disputer le championnat espagnol. Mario Mola et malgré ses 4 victoires cette saison, il s’amène au Mexique avec 235 points d’avance. Cela signe qu’il est assuré de gagner son premier titre mondial s’il termine dans les 3 premier.
Chez les femmes, Flora Duffy a manqué une belle occasion avec l’absence de Gwen Jorgensen. La nouvelle championne olympique n’a que 166 points de retard. Elle pourrait faire le premier doublé titre olympique et titre mondial depuis la création de la série.