Special GF Cozumel > L’amour ne dure que 7 ans avec la série mondiale? Nostalgie des championnats du monde.

Cela fait déjà 7 ans que l’ITU a abandonné la formule des championnats du monde pour passer à la formule d’une série mondiale avec 7 à 10 courses par saison. Depuis cette transition, le champion du monde est déterminé par un classement mondial et non sur une unique course où tout peut arriver.

Le titre ne récompense plus forcément l’athlète démontrant le plus haut niveau de performance à la course offrant la plus belle densité. Depuis quelques saisons, les titres ont été gagnés par des athlètes qui ont su rester en santé tout au long de la saison.

Avec une saison qui débute en février et terminant en septembre, il faut faire les bons choix. Si la série mondiale a été créée pour rassembler plus fréquemment les meilleurs athlètes au monde, l’effet n’est pas toujours au rendez-vous. Alistair gagne les jeux Olympiques de Rio avec seulement 3 présences sur le circuit sur une possibilité de 7.

Si Mario Mola a quatre victoires en série mondiale cette saison, trois victoires ont été obtenues avec l’absence des frères Brownlee à ces épreuves. D’ailleurs, les deux seules victoires d’Alistair Brownlee ont été remportées alors que Mario Mola était en pause.

Le titre mondial sera à nouveau gagné sur un jeu de circonstances, soit sur des blessures et des absences. Même si la Grande Finale est une course de 1200 points qui s’ajoute aux cinq meilleurs résultats obtenus cette saison, et par ce fait, tout est encore à faire, enfin en théorie.

Au final, chez les hommes, seuls trois athlètes sont encore dans la course, soit Mario Mola, Jonny Brownlee et Fernando Alarza. Chez les femmes, on est dans un club encore plus restreint avec Flora Duffy et Gwen Jorgensen. Pour les autres, le projet a rapidement été abandonné et on peut même se demander s’il a déjà été considéré.

Tout cela s’explique par un processus olympique déjà usant où certaines fédérations avaient ciblé des épreuves. Les athlètes ont donc logiquement préféré se réserver pour certaines courses.

Cette nostalgie pour cette ancienne conquête, soit les championnats du monde persiste.

Pourtant, le triathlon a toujours besoin d’événements rassembleurs réunissant ses meilleurs éléments. Si la Grande Finale reste l’épreuve la plus importante après les Jeux olympiques, elle n’a pas su garder certains athlètes sur le circuit après les JOs de Rio.

La roue tourne, on recommence un nouveau cycle olympique où il faudra à nouveau s’attendre à voir des courses avec de faibles densités et où il faut interpréter les résultats finaux avec précautions.

L’annonce d’un Vincent Luis qui voulait se donner plus de temps en athlétisme vient à nouveau prouver que le circuit ne satisfait pas totalement les athlètes, les rêves sont ailleurs.

Tout cela n’est pas si nouveau, Lisa Norden, Javier Gomez (70.3), Ivan Rana (cyclisme), Nicola Spirig (marathon), Alistair Brownlee (10 000m) et même Gwen Jorgensen (marathon) ont ou veulent aussi voir ailleurs. D’ailleurs, Cozumel pourrait être la dernière course pour Alistair et Gwen, soit les deux athlètes restent évasifs sur leur avenir.

On doit même se demander si leurs sponsors ne les encouragent pas à changer leurs fréquentations. L’apparition d’un triathlète dans un autre sport est devenu plus médiatique qu’une victoire.

Le triathlon est toujours loin du cyclisme ou du Tennis qui collectionnent les événements majeurs. On ne collectionne toujours pas les événements classiques.

Malheureusement, lorsque les meilleurs athlètes ne se rencontrent plus fréquemment, cela vient diminuer l’importance des courses de la série mondiale. Une sorte de mise en bouche pour les Jeux olympiques. C’est d’ailleurs un chantage avec les athlètes (processus de qualification) qui permet d’assurer une densité minimale.

Pour nous, toutes les courses nous intéressent mais pour le reste, seul les JO suscitent véritablement leurs intérêts.

Les athlètes sont pris à leurs propres jeux. Si une chaine comme l’Équipe 21 a souhaité donner une chance au triathlon, elle s’est retrouvée à court d’athlètes français pour certaines manches. Comment générer un intérêt et une habitude à suivre ces épreuves?

Y a-t-il une explication à tout cela? Le sport reste très fédéré. À l’exception des meilleurs athlètes au monde qui finissent par obtenir une liberté dans leurs choix, les élites doivent constamment répondre à des attentes fixées par leurs institutions. La place à l’erreur est mince. Il faut justifier les investissements et son statut.

D’ailleurs, pour de nombreuses fédérations nationales, les résultats à la grande finale auront un impact sur les statuts des athlètes pour la prochaine saison.

Est-ce que l’ITU peut faire autrement? Cela reste très discutable, le Championnat du monde avait une autre dimension puisqu’il restait l’événement le plus important de l’année. En contrepartie, la densité aux autres courses était encore plus faible. Les athlètes refusaient tout simplement de se déplacer dans certaines zones géographiques.

La situation est presque inchangée.

Alors la relation de 7 ans avec la série mondiale doit évoluer, chacun doit faire des compromis pour que cela dure. On aimerait que les athlètes se donnent comme objectifs d’accumuler les titres mondiaux et les séries mondiales au lieu de vouloir aller ailleurs. Ils ont leurs raisons. Cela reste culturel, des athlètes comme Javier Gomez et Andrea Hewitt sont restés très fidèles à la série.

De l’autre côté, si les athlètes ne participent à la majorité des épreuves de la série mondiales, c’est que l’ITU doit encore augmenter les incitations pour les rendre immanquables. Tant de choses à faire…

Est-ce qu’on est nostalgique a ce fameux championnat du monde, non. Le sport doit se développer et pour cela, il doit gagner en visibilité.

 

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