Voilà, après 3 années passées en recherche et développement, le Cervélo P5X et finalement sorti. La compagnie canadienne se devait de répondre aux attentes en lançant un produit très innovateur et elle a effectivement produit un vélo qui ne fera jamais l’unanimité. Peut-être que c’est une question de temps avant de devenir familier avec ces nouvelles formes. Selon nous, Cervélo vient tester la loyauté de ses utilisateurs. À l’image d’un Apple qui prend certaines décisions courageuses comme de retirer la prise casque audio sur ses téléphones, seule une compagnie de cette envergure peut décider cela.
Cervélo ne s’en cache pas, ils ont souhaité pousser les limites avec ce vélo.
Le P5X s’adresse exclusivement aux triathlètes, enfin à ceux ont qui entre 11000$ (Ultegra Di2) et 15000$ US (Sram eTap) de budget. Pour un Canadien, Cervélo vient de franchir l’incroyable barrière des 20 000$ CAN.
Pour expliquer ce prix, il y a plusieurs raisons intrigantes. Le cadre est fabriqué par Hed et l’aérobarre, la fourche et les roues par Enve. Cervélo s’est donc exclusivement concentré sur la conception du vélo, ne souhaitant pas mandater sa fabrication avec un prestataire asiatique.
Comme vous devez le savoir, le P5X a été dévoilé avec 8 mois de retard. Si Cervélo n’a jamais communiqué sur les raisons, on peut croire que c’est un challenge technique qui a compliqué l’accouchement. Le concept du « Beam Bike » (sans poteau de selle allant jusqu’au pédalier) n’est pas nouveau. Il a toujours été reconnu comme très rapide, mais ce sont avant tout des problèmes de rigidités qui ont mis un terme à ce concept.
C’est donc 15 ans plus tard que les constructeurs comme Diamond, Ventum, Tririg profitent des outils pour pallier à ces défauts et rendre justice à un concept prometteur. Dans le cas de Cervélo, tous les retours parlent d’un vélo très rigide est sans le fameux flex du Soft bike et vient crédibiliser le besoin de trouver des nouvelles formes.
Ce qui reste étonnant dans ce vélo, c’est que pour l’athlète il est difficile de pointer l’aspect qui le rend supérieur aux autres. Véritablement plus rapide que le P5?
Un vélo à mutliface.
À chaque fois que je vois ce vélo, j’ai l’impression d’en voir un nouveau. Il existe une multitude de configurations possibles. Si Cervélo permet à l’athlète de tout embarquer, il sera peut-être perdu avec toutes ces possibilités.
Au total, il existe 3 compartiments. Le Speedcase (retirable) au-dessus le boitier du pédalier, le Stealthbox qui est intégré directement dans le cadre en avant du pédalier et le smartpak storage qui est une bento box en arrière de la potence.
À cela, Cervélo à créé un nouveau système pour placer une bouteille en arrière de sa selle. Mais aussi une fixation pour placer un bidon entre les barres.
Évidemment, tout cela finit par se ressentir dans le poids. Si le vélo est juste 1 kg. plus lourd qu’un vélo concurrent, le P5X encourage le triathlète à embarquer plus, ce qui viendra logiquement alourdir le vélo.
Aérobarre, un nouveau standard?
La force de ce vélo est probablement dans son aérobarre. Puisque le vélo utilise le principe de la bayonette (concept développé par Look et qui a été abandonné depuis sur leur vélo de triathlon) il n’est plus nécessaire de couper le tube. L’aérobarre est désormais comme un poteau de selle, il est possible de la monter et de la descendre par un simple réglage. De plus, afin de faciliter le transport, elle se sépare en deux morceaux. Cela a surtout un côté pratique puisque cela évite de dérégler les câbles des freins.
Fait rare, les aérobarres sont aussi inclinables de 0 à 12 deg. Le guidon est aussi reversible. Au final, les ajustements sont très faciles à faire et ce vélo fera le bonheur des positionneurs.
Freins à disque pas totalement hydrauliques?
Cervélo a finalement opté pour les freins TRP. Ils ont la particularité d’utiliser des câbles traditionnels tout en offrant la modularité de l’hydraulique. Cela est rendu possible avec la présence d’un piston hydro dans l’étrier. Si cette solution semble être en attente, Shimano et SRAM développent des poignets de TT hydraulique, elle vient aussi rassurer tous ceux qui ne souhaitent pas jouer avec les fluides.
L’autre challenge avec cette technologie, est que vos anciennes roues sont désormais obsolètes.
Et l’avenir?
Déjà, on entend parler d’un P6, une version améliorée du P5, mais UCI légal. Malheureusement, avec le P5X, on vient de perdre cette impression que le vélo innovant sera rapidement décliné en une version plus accessible. La fin d’une logique? Diamondback a une tarification nettement plus agressive avec un premier prix à 4779$, est-ce que la différence de prix se justifie?