En sortant son calendrier la semaine dernière, l’ETU vient de confirmer (pour le moment) que la France ne présentera aucune épreuve élite/U23 et junior sur son sol. À cela, il faut ajouter l’absence prolongée de l’hexagone sur le circuit de la coupe du monde et de la série mondiale. On est donc à mille lieux du Canada qui présentera deux séries mondiales en 2017.
L’Exception Française.
Cette nouvelle ne semble plus émouvoir grand monde. Pourtant, avec les championnats d’Europe Sprint à Châteauroux et la coupe d’Europe junior à L’Aiguillon-sur-Mer, on espérait qu’on était rentré dans une nouvelle ère. À titre d’exemple, la France est la seule grande nation du triathlon à ne présenter aucune course internationale en 2017.
Faute de mieux?
Voilà, il ne faut pas lancer la balle aux organisateurs qui ont essayé. Bien au contraire. Tenir un événement ETU et ITU à un cout. Cet investissement se justifie uniquement s’il en découle des retombées. Malheureusement, une course élite ne semble pas être un motif suffisant pour attirer les commanditaires, mais surtout les groupes d’âge.
La France a aussi l’avantage et le désavantage d’avoir le meilleur circuit domestique avec les Grand-Prix. Pour les organisateurs ce niveau de compétition est plus avantageux puisqu’il offre plus de garanties afin de rassembler quelques-uns des meilleurs triathlètes mondiaux.
Organiser une coupe d’Europe rassemblera des athlètes de second ordre. Trimes préférera les qualifier d’émergents. Dans le cas d’une course ITU, cela fait très longtemps que la fédération considère l’événement comme trop cher et donc impossible à rentabiliser. Elle n’a probablement pas tort. Les États-Unis sont à nouveau absents de la série mondiale. Considérant le nombre de licenciés et la popularité du sport triple en Amérique, cela démontre bien qu’il existe une problématique financière, mais aussi culturelle.
Seule une ville comme Paris pourrait relever ce défit et gagner dans cette guerre des chiffres. Ou pourqoi pas La Baule?
Mais quel est l’impact?
Est-ce que l’absence de courses ITU et ETU sur le sol français a réellement un impact négatif?
C’est un long débat en perspective. Si le Grand-Prix reste un circuit très intéressant pour le développement d’un athlète, il n’est pas complet. Mais soyons clair, l’absence de course ITU/ETU en France n’a pas empêcher des athlètes comme Dorian Coninx d’accéder à la série mondiale.
Il en demeure que les résultats en GP sont souvent à remettre en perspective. Un athlète peut avoir été aidé par des coéquipiers, de plus, les meilleurs athlètes mondiaux ne se présentent pas dans les meilleures conditions. Puisqu’il y a toujours un doute dans le niveau offert sur ces courses, un athlète émergent se voit donc obligé de valider ses résultats sur les autres circuits comme les coupes d’Europe et les coupes du monde. Les Grand-Prix ne sont pas des courses de substitutions optimales.
N’oublions pas que l’ITU s’avère très agressif puisqu’elle offrira plus d’une douzaine de coupes du monde en 2017. Cela pourrait avoir un effet négatif sur la densité des Grand-Prix. Si les stars seront toujours là, le circuit domestique doit s’attendre à voir moins d’athlètes internationaux à son départ et donc une densité en baisse. À quel point le circuit national pourra continuer à faire dans la résistance?
Mais cela ne s’arrête pas là, pour les juniors français, c’est une occasion perdue de briller chez eux contre des athlètes internationaux. À nouveau, les tricolores ne sont pas réputés pour leur fidélité aux coupes d’Europe. Pourtant, dans certains cas, c’est un passage obligatoire.
Les coupes d’Europe junior un environnement à apprivoiser pour le futur puisque l’athlète doit apprendre à gérer les déplacements dans un environnement non francophone et avec une autonomie relative. De plus, un junior doit apprendre à mener et prendre les bonnes décisions en conséquence. En Grand-Prix, il subira. Si cela peut lui permettre de se jauger face aux meilleurs du monde, cela peut aussi le décourager.
L’impact sur la culture…
La réelle problématique avec l’absence de course ITU/ETU dans l’hexagone c’est que cela vient réduire/niveler l’importance des autres circuits face au circuit domestique. Pas seulement sur un point sportif mais aussi médiatique.
D’ailleurs, certains athlètes ont plus d’intérêts financiers à accumuler les Grand-Prix que les courses internationales. Est-ce que cela peut ralentir leur progression? Pour de rares cas, oui! À nouveau, c’est l’athlète qui est responsable de faire les bons choix.
Mais le plus grand problème est médiatique. Puisque la France n’a pas de courses ITU/ETU, ses efforts pour mettre en valeur ces circuits internationaux sont moindres, elle doit avant tout placer ses énergies sur les Grand-Prix et c’est la raison qui parle. D‘ailleurs, un athlète qui n’est pas en équipe de France ne profite pas de la même couverture.
On peut d’ailleurs citer Félix Duchampt avec une 4e et 7e place lors des deux dernières coupes du monde et qui tente de se tailler une place pour la série mondiale. Tout cela passe tout simplement sous le radar. Il est pourtant l’exemple parfait d’un athlète qui à la nécessité de briller sur ces circuits.
Mais sans communication fédérale, l’athlète ne profite pas de la même visibilité et aura peu d’arguments pour susciter l’intérêt des sponsors. L’investissement est plus périlleux. Au final, tout le monde y perd.
Malheureusement, s’il n’existe pas une volonté pour développer plus fréquemment l’intérêt du triathlon en élite chez les amateurs, faut-il être surpris si les organisateurs se disent insatisfaits du manque de popularité de ses événements?