Il y a toujours une hésitation à partir rouler en automne…
La saison est finie, si je vais m’entrainer, c’est « pour rien », ou en tout cas, mes perspectives sont bien lointaines et floues. Au mieux, cela se passera six mois plus tard… Une éternité pour l’homme pressé que je suis de nature…
Les journées se raccourcissent, la température baisse et le soleil se fait plus rasant : les passages à l’ombre me feront sentir la froideur du fond de l’air et si par hasard j’emprunte une cote exposée au soleil, je vais immanquablement transpirer pour mieux me geler ensuite dans la descente… En court ou en long, plus ou moins d’épaisseur, à tous les coups on perd en automne, mais il faut l’accepter, ça fait partie du jeu…
Pourtant, c’est bien mille et un trésors qui attendent de défiler sous mes roues pour peu que j’accepte de sortir de ma torpeur « pré hivernal ». Le jeu en vaut la chandelle, car en Automne, sans me forcer, je vais plus doucement et je prends le temps de ralentir. J’accepte de profiter et de sortir de ma tête les « indispensables » chiffres et données qui envahissent mon esprit le reste de l’année. Et mon regard s’élève enfin au-dessus de ce compteur, véritable tableau de bord bien trop sophistiqué qui m’envahit trop souvent pour, en définitive gâcher mon plaisir, le vrai…
Ça tombe bien, j’aperçois au loin les premières neiges qui ont saupoudré il y a quelques jours les sommets de mon pays. Mais ce n’est pas encore l’heure chausser les skis et je suis content d’attendre encore un peu… Mieux, tout en roulant, je rêve, un peu égoïstement par rapport à mes amis « du pays »qui vivent de cet « or blanc », d’un début d’hiver doux semblable à celui de l’année dernière. Il m’avait permis de sortir mon vélo encore la veille de Noël pour monter au-dessus de la vallée, route sèche et soleil au zénith pour admirer le lac de Serre Ponçon presque seul au monde… Le genre de truc incongru qui rend votre sortie encore plus jouissive que d’habitude…
J’ai mis quelques minutes à me chauffer, mais ça y est, j’ai trouvée mon allure. Pas si lente que ça en fait ou alors c’est parce que j’ai mis un point d’honneur à passer uniquement par les petites routes… Ça défile toujours plus vite comme ça avec les virages et le grain du goudron plus irrégulier qui donne l’impression que cela va à toute allure. Elles sont un peu « sales » et parfois jonchées de feuilles mortes. Mais là où l’été je peste un peu devant un nid de poule et quelques graviers, j’y trouve en octobre un plaisir nouveau, car c’est le sentiment d’être un peu privilégié de passer là, tout seul, presque « caché » qui prédomine.
Au détour d’un virage, il est l’heure de faire un clic pour immortaliser tout cela. Le vert, le rouge et le jaune prédominent dans ce tableau aux couleurs chatoyantes.
L’orientation de la vallée de la Durance est parfaite en octobre : sud ouest / nord-est, si vous partez en début d’après-midi « d’en haut », vous rentrerez soleil « plein phare » en dominant la Durance par « les traverses ». En partant « d’en bas », il vous chauffera le dos sur le retour si vous décidez de passer au-dessus du lac par Saint-Apollinaire… L’été, je « zappe » souvent cette bosse-là, elle me fait mal aux jambes… mais pas en Automne… Allez savoir pourquoi !
En rentrant tout à l’heure, je vais mettre la douche au plus chaud et y rester plus que de raison jusqu’à m’en faire rougir le dos… Ca aussi, c’est un plaisir d’Automne, pas très écolo j’en conviens… Mais je n’arrive pas à m’en passer, c’est mon côté un peu « snob » et la promesse de ce moment délectable m’accompagne tout au long de ma balade alors…
Une autre promesse aussi, celle que tout soit nickel et en ordre quand j’arriverais, jusque dans les petites madeleines et le thé chaud… Ça, je n’y suis pour rien, je le dois à ma mère et sans doute que cela fait partie des choses qui me font être si casanier dans mes choix de destinations de vacances !
Le ciel sera rouge feu lorsque je prendrai ce goûter réparateur, puis tout s’assombrira jusqu’à ce que les montagnes s’y découpent impeccablement…
Octobre, pour beaucoup, c’est le moment de la coupure… Quel dommage finalement ! Pour moi, loin des considérations liées à la programmation équilibrée de l’année et à « la sacro-sainte » période de régénération, c’est simplement la saison du plaisir…