Faire du sport quand on est touché par un cancer ou en rémission d’un cancer présente de multiples bénéfices tant physiques que psychologiques : amélioration de la qualité de vie, baisse du risque de dépression, diminution de la fatigue, réduction du risque de rechute, amélioration de la survie… Un constat qui a d’ailleurs conduit la Haute Autorité de Santé, en 2011, à reconnaître l’activité physique et sportive comme une thérapeutique non médicamenteuse.
1/ Activité Physique et cancer : quels bienfaits ?
Les bienfaits de l’activité physique sur un organisme atteint de cancer ou en rémission sont aujourd’hui reconnus par de nombreuses études scientifiques.
- en limitant la masse grasse, l’activité physique diminue la sécrétion de certaines hormones et les facteurs de croissance favorisant l’expansion tumorale (comme l’insuline, les estrogènes, l’IGF1).
- en réduisant la production de leptine (facteur de croissance des cellules tumorales) et en augmentant la sécrétion d’adiponectine (facteur de blocage de la croissance des cellules tumorales), elle freine le développement tumoral.
- le sport réduit pour 80% des patients la fatigue associée à un cancer.
- le sport limite les effets secondaires des traitements : en fabriquant de nouvelles fibres, l’activité physique compense la fonte musculaire et permet de maintenir la masse musculaire, ce qui a pour effet de lutter contre la toxicité des traitements anti-cancéreux. D’autre part, préserver sa force musculaire aide à lutter contre les douleurs osseuses et musculaires provoquées par certains traitements anti-cancéreux et les corticoïdes.
- Le sport réduit considérablement les risques de rechute et de mortalité. Une méta analyse réunissant 6 grandes cohortes montre qu’une femme atteinte d’un cancer du sein localisé a un risque de mortalité réduit de 34% si elle pratique régulièrement une activité physique soutenue. Même observation faite chez les personnes atteintes d’un cancer du colon (jusqu’à 50 %).
- La mortalité est également réduite de 49 à 61 % chez les hommes souffrant d’un cancer de la prostate et pratiquant du sport plus de 3 heures par semaine.
- Et encore au delà, la pratique d’une activité physique après le diagnostic d’un cancer réduit le risque de rechute, notamment de 24% chez les femmes atteintes d’un cancer du sein.
Anti-stress, anxiolytique et antidépresseur naturel, l’activité sportive pratiquée avec plaisir améliore l’état psychologique des patients atteints d’un cancer et permet au malade de se réconcilier avec son corps et de retrouver l’estime de soi.
2/ Intensité, Durée, Fréquence : comment pratiquer ?
Pour être efficace, une activité physique doit répondre aux critères d’intensité, de durée et de fréquence déterminées dans les essais cliniques.
Pour aider les patients souffrant ou ayant souffert d’un cancer, la CAMI Sport&Cancer a conçu grâce à l’expérience sportive hors norme de son co-fondateur, le judoka Jean-Marc Descotes, une méthodologie spécifique, le Médiété.
Cette approche pédagogique Médiété prépare le corps afin qu’il soit capable d’exécuter n’importe quel exercice physique de manière efficace et sûre, et de manière à atteindre des seuils d’intensité suffisamment élevés dans la discipline choisie pour être bénéfiques.
3/ Le sport sur ordonnance c’est pour quand ?
Défendu par l’ancienne ministre des Sports Valérie Fourneyron, le sport sur ordonnance a intégré la loi de modernisation du système de santé (« loi santé ») promulguée le 26 janvier 2016. L’article 144 de cette loi autorise désormais le médecin traitant « à prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque du patient…dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d’une affection longue durée. ».
Cet article est une réponse concrète à la 6ème action de l’objectif 8 du Plan Cancer 2014-2019 qui est de « promouvoir chez les patients l’activité physique et les comportements nutritionnels adaptés ».
Un décret d’application, qui n’a pas encore été publié, devrait préciser les modalités de prise en charge de la pratique, le niveau de formation requis et les compétences nécessaires pour les professionnels qui vont accompagner les patients.
Il semblerait cependant qu’on se dirige presque exclusivement vers une prise en charge de la part des kinés, avance Jean-Marc Descotes, co-fondateur de la CAMI.
L’ activité physique est donc encore insuffisamment proposée et accessible pour les patients souffrant ou ayant souffert de cancer.
C’est la raison pour laquelle en juin 2015, la CAMI Sport & cancer et Amgen, entreprise du médicament engagée dans les soins de support en oncologie, ont lancé une vaste enquête nationale auprès de patients atteints de cancer ainsi qu’auprès de soignants, pour mieux comprendre ce qui conditionnent et motivent leur adhésion à la pratique d’une activité physique et sportive.
Au total, ce sont 1554 patients et 894 soignants qui ont répondu à cette enquête qui confirment les bienfaits liés à l’exercice d’une activité physique mais l’accès à une pratique encadrée et à une information adéquate encore insuffisants.
Même si certains acteurs mutualistes tels que Malakoff Médéric ou la MAIF sont aujourd’hui engagés dans cette démarche d’accessibilité du sport pour tous les patients ou anciens patients, l’ambition de la CAMI est, à terme, de faire prendre en charge les activités physiques et sportives adaptées par la sécurité sociale.
Le projet d’une étude pilote avec la Caisse d’Assurance Maladie est lancé afin de prouver l’intérêt économique de faire du « sport sur ordonnance ».
Alors, à quand la licence de triathlon prescrite par le médecin traitant ?
Références :
Physical activity for cancer survivors : meta-analysis of randomized controlled trail, BMJ 2012;344:e70
Risque de mortalité réduit de 34% chez les femmes atteintes d’un cancer du sein pratiquant une activité physique soutenue – Ibrahim EM, Al-Homaidh A. Physical activity and survival after breast cancer diagnosis : meta-analysis of published studies. Medoncol 2011 Sep;28:753-65
Pour en savoir plus :
Fédération Nationale CAMI Sport & Cancer : www.sportetcancer.com