Le week-end dernier, le circuit mondial du biathlon reprenait l’action. En quelques années, cette discipline a su s’imposer. Des courses diffusées en direct sur la télévision gratuite française (l’équipe 21) et internationale (Eurosport). Un succès dont de nombreux sports rêvent…
Alors, comment expliquer cet intérêt depuis quelques olympiades, évidemment, on pourrait vous sortir la carte du chauvinisme. Les Français réussissent. Raphaël Poirée, Vincent Defrasne en ont été les instigateurs et Martin Fourcade le porte-étendard actuel parfait. Rarement un athlète dégage autant de sérénité et de passion dans une carrière sportive en haute performance. Il a le succès humble et la spécificité de son sport y est probablement pour quelque chose. Déjà, l’Équipe le voit comme futur ministre du Sport.
Le comportement des vedettes de ce sport n’explique tout de même pas son succès. Le biathlon a su se moderniser avec des formats innovateurs comme la poursuite (introduit en 2006 aux JO), la mass-start (introduit en 2006 aux JO), en ajoutant des relais mixtes (introduit en 2014 aux JO), en organisant des courses dans des stades et des centres urbains. La force du biathlon, c’est qu’il a su capitaliser sur l’incertitude. À chaque tir, la course peut changer.
Si on fait abstraction de ce dernier détail, tout cela ressemble à la série mondiale de triathlon, enfin à quelques détails près et comme on le dit souvent, la différence est dans le détail.
Je sais, pour beaucoup, tant qu’il y aura du drafting, il n’y aura pas de discussion. On n’est pas de cet avis, le vélo peut-être très intéressant, mais pour cela, il faut l’implication des athlètes, mais aussi des meilleures retransmissions. Seules les caméras embarquées semblent être en mesure de transmettre l’intensité de l’effort.
Dans l’état actuel des choses, difficile de croire que le triathlon élite gagnera en popularité. Certains pointent le doigt vers l’ITU, mais est-ce vraiment le cas?
Il y a deux semaines, on a assisté à une sorte d’accident diplomatique. En donnant une entrevue à un journal britannique, la présidente de l’ITU, Marisol Casado a faussement fait croire que le triathlon olympique serait raccourci pour passer à la distance sprint aux JO de Tokyo. Cette mauvaise maitrise de la langue cachait un projet pourtant emballant soit de travailler afin de présenter 3 épreuves lors des JO de 2024.
Le mal était pourtant fait, de nombreux athlètes se sont révoltés face à cette annonce. La machine s’est emballée et plusieurs ont crié à la conspiration. Couper le spectacle en deux semble être perçu comme un sport pas assez important pour le mouvement olympique, mais dans les faits, des efforts doivent être faits pour rendre le sport plus spectaculaire et donc plus populaire. Chez Trimes, on ne pense pas que cela passe par un changement de distance, mais s’il y a réellement une volonté de faire évoluer le sport triple, pourquoi pas? On profite de l’occasion pour dire que le triathlon sans drafting n’est pas réellement plus spectaculaire…
Ces réactions nous ont pourtant apparu plutôt surprenantes puisque ceux qui gagnent les sprints sont les mêmes qui gagnent les distances olympiques. Les demandes physiologiques entre les deux distances ne sont pas si différentes. Par contre, il est vrai que certains athlètes n’ont rencontré du succès que sur la distance raccourcie.
Cette attitude nous a pourtant démontré qu’il existait un certain esprit conservateur sur le circuit. Malheureusement, si la formule a fait ses preuves lors des Jeux olympiques, il suffit de penser aux fins de course à Beijing 2008 (hommes), Londres 2012 (femmes) et même Rio 2016 (femmes) pour savoir que le spectacle est au rendez-vous. Tout cela est une question de contexte et d’enjeu.
Malheureusement, la recette actuelle renforce l’intérêt pour les Jeux et non le circuit mondial. On pourrait croire que les athlètes sont en opposition face aux changements. Cela s’explique par un rapport de force avec leur fédération nationale, intérêt personnel dans un projet collectif.
Maintenant le triathlon pourrait pourtant jouer les mêmes cartes que le biathlon. Un peu d’histoire, c’est après 20 ans de présence aux JO que le biathlon a obtenu une seconde épreuve individuelle, qui est comme par hasard le sprint (1980). Il a fallu attendre 22 ans de plus pour l’inclusion de la poursuite (2002) et 4 ans pour la mass start (2006).
Est-ce que le triathlon devrait s’inspirer de tout cela. Les différents essais lors des coupes du monde et championnat d’Europe/monde U23-Junior ont démontré que les athlètes peuvent enchainer deux épreuves en deux jours soit sprint/sprint ou olympique et relais.
Alors qu’est-ce qui nous empêche de rêver.
Pourquoi ne pas tenir des mass-start avec une course qualificative (olympique) le jeudi et une course poursuite le samedi avec les 25 meilleurs.
Pourquoi ne pas tenir un relais mixte le dimanche. Tout cela est possible et augmenterait la visibilité du sport. Le triathlon pourrait d’ailleurs profiter des périodes creuses du sport.