La chronic’ de Xa’ > Histoire d’une disparition…

C’est un vent glacial qui m’a accompagné ce matin pendant ma traditionnelle sortie dominicale sur deux roues. Un peu plus de trois heures trente d’introspection, ça fait du bien parfois…

Je ne m’ennuie jamais dans ces moments-là. J’ai l’impression de voguer et mon esprit divague à droite et à gauche, bercé par le rythme de ma cadence de pédalage tandis que le paysage défile sous mes yeux sans que je n’y prête réellement attention…

« Seul, mieux qu’à plusieurs », c’est un peu étrange et inquiétant non ? Allez savoir ! Je ne peux pas dire que je « m’amuse », non, pas au sens premier du terme en tout cas. Ce que je ressens est très difficile à définir parce que c’est presque impalpable : un mélange d’effort, de fuite, de voyage et de recherche d’une certaine forme de « déséquilibre ». Peut-être une sorte de « mise en danger » mais raisonnable : partir sans savoir vraiment si on va rentrer, ou en tout cas, quand on va revenir…

Ce que j’adore surtout, c’est qu’un petit coin de ma tête se dit que personne ne sait où je suis, où je vais et combien de temps cela va durer… Aucun compte à ne rendre, pas de portable, rien de prévu ou d’annoncé… Seul maître à bord d’un parcours que j’improvise au fil de la route et au gré du vent, je suis complètement anonyme derrière mes lunettes, sous mon casque et ma casquette. Je « disparais », dilué dans mes gestes, pour n’entendre que le vent, mon souffle et sentir les battements de mon cœur.

« Invisible », mon enveloppe se délecte alors de ce paradoxe ultime qui fait que c’est dans l’effort que je me « repose » enfin…

Du coup, je me suis demandé ce matin, si cette mauvaise habitude de me lever tard cette année le dimanche et ainsi rater systématiquement le départ de la sortie club n’était pas un peu volontaire de ma part. Comme une sorte « d’acte manqué » en définitive…

Rouler seul c’est peut-être avoir l’impression que la route est à soi… Vraiment…

Partir sans contrainte d’horaire, de vitesse ou de parcours, c’est un peu la liberté retrouvée… Une liberté, qui malheureusement nous échappe de plus en plus par les temps qui courent.

À bien y réfléchir, je crois que le contexte politique, économique et social actuel pèse sur moi beaucoup plus lourdement que je ne l’imaginais. C’est amusant comme aujourd’hui d’ailleurs, beaucoup de mes pensées sont allées dans ce sens. Un peu comme si mon esprit voulait exorciser l’inéluctable dérive austère qui nous guette tous et que la majorité semble choisir pourtant « de son plein gré ».

L’un de mes derniers espaces de liberté, c’est lorsque je chausse mes baskets ou enfourche mon vélo… Je me rends compte que ces temps-ci, j’aime le faire seul, beaucoup plus qu’avant. Un peu comme si, même là, pour quelque chose qui me passionne, la moindre contrainte m’était devenue insupportable.

Je ne pense pas être quelqu’un de particulièrement égoïste ou solitaire. Mais j’avoue que ces sessions là me font un bien fou. Peut-être que ce sont les seules pendant lesquelles il n’y a aucun « obstacle » entre moi et ce qui fait le lien profond que j’ai avec ma pratique dans ce qu’elle a de plus intime.

C’est un réflexe naturel, presque « reptilien » finalement que de se rapprocher des besoins les plus fondamentaux lorsque trop de poids vous étouffe.

Revenir à ce qu’il y a de plus simple et essentiel, sans aucun parasite et sans artifice : la route / le vent et un vélo, rien de plus…

Mais le plus important : personne pour me dire où aller, comment m’y prendre, à quelle heure et avec qui…

Et disparaître… pour se retrouver enfin…

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