Romain a dû franchir quelques obstacles cette saison. Malheureusement, cela le privera de Kona. Le membre de l’équipe BMC Etixx ne s’est pas resté abattu longtemps. Il termine l’année 2016 sur une 4e place lors du championnat régional Moyen-Orient Ironman 70.3 au Bahreïn. Trimes s’est entretenu avec lui pour en savoir plus sur sa course, mais aussi sur la suite des choses.
On s’était vu à Kona, tu semblais déjà avoir tourné la page en souhaitant prendre le sport en faisant abstraction de la pression et en reprenant du plaisir. Ce semble plus facile à dire qu’à faire, non?
Je me suis beaucoup remis en question et la première chose à faire était de retrouver cette notion de pratique pour le plaisir, sans stress par rapport aux points pour Hawaii, sans pression des sponsors ou autres choses négatives. Il fallait que je retrouve ce plaisir qui a fait de moi un bon athlète jusqu’en 2014: prendre les courses comme un jeu et faire ce que JE souhaite faire.
Le voyage vers le Bahreïn…
Luc Van Lierde et moi avons eu une discussion à Hawaii, où il m’a demandé quelles courses je voulais faire en 2017. Dedans il y avait le Bahrain, mais à une condition: que mes tests physiques soient corrects, et que je veuille y aller. Début novembre je suis allé en Belgique effectuer les tests natation/vélo et course à pied. Il m’a donné son accord vu que je n’étais pas mauvais malgré le peu d’entrainements suite à ma coupure!
Le vrai Romain est quelqu’un qui aime courir, régulièrement et sans se poser de questions, pour le plaisir de voyager, et ça, Luc l’a bien compris.
On dit beaucoup de choses sur cette destination…
J’ai effectivement lu beaucoup de choses sur le Bahrain, mais sur place je n’ai pas vu grand-chose de choquant. Hormis un nombre incroyable de voitures de police le long des axes routiers.
Le lendemain de la course une amie française vivant sur place nous a emmené dans les quartiers populaires voir des amis à elle, c’était une super expérience humaine, de partage que de se faire servir le thé dans une sorte de ferme… Les habitants semblaient bien aimer le cheik, mais j’ai cru comprendre lorsqu’ils me parlaient des événements de ces dernières années qu’il y avait quelques tensions entre sunnites et chiites…
Le Cheik semble être un homme qui aime vraiment le sport, plutôt abordable.
Parle-nous de la course, tu sors dans la tête de la natation…
Avant la course j’étais plutôt confiant en ma natation, mais j’avais quand même peur du départ, car beaucoup de choses se jouent à ce moment-là. Après 400m à bloc pour se faire une place le plus possible devant, je me suis mis dans les pieds et j’ai attendu la fin. Je savais que j’étais idéalement placé dans les pieds et mes deux seules préoccupations étaient de rester dans les pieds, et faire en sorte que personne ne remonte de l’arrière pour me faire rétrograder…
Lorsque je sors de l’eau et que je vois que je suis 5e en compagnie des costauds, j’ai tout de suite su que j’étais sur une belle rampe de lancement!
Et l’enchainement à vélo… Est-ce que tu avais un scénario en tête?
Le scénario que j’avais en tête était qu’un groupe de 10/15 unités allait sortir ensemble de l’eau, qu’un ou deux allaient avoir un bon de sortie et que les autres allaient se regarder un bout de temps avant de rouler.
Et bien non, dès la sortie du parc c’est parti a une allure de folie, d’abord pour rattraper Raelert qui avait 10/15s d’avance grâce à une transition très rapide, puis lorsque Bozzone à attaqué. C’était vraiment la folie tellement c’est parti vite, j’ai fait les 15 premiers kilomètres à bloc derrière, car je savais que ce groupe-là allait aller très loin. Pour les amoureux des chiffres, j’ai fait les 15 premiers kilomètres à 317 watts de moyenne soit 4,95w/kg.
Terenzo Bozzone imposera le rythme, sachant qu’il avait gagné un ironman la semaine avant…
Il a vraiment fait une course extraordinaire!! J’avais discuté avec Antony avant la course et nous nous doutions bien qu’il allait tenter le coup en vélo puis abandonner si cela ne marchait pas. Mais dommage pour nous, il était tout simplement dans un grand jour et il nous a explosé!
La course à pied…
C’était la discipline où j’étais le plus dans le flou avant le départ. Je n’avais pas fait énormément de séances en intensité, car je travaille beaucoup le côté technique actuellement.
Bref, je suis parti plutôt prudemment en laissant partir Antony et Michael Raelert puis au 5e j’ai vu qu’ils ne me prenaient plus rien. J’ai donc commencé à croire en moi et accéléré un peu. J’ai rattrapé Michael au 9e kilomètre, Antony au 10e. Nous sommes restés plus ou moins ensemble jusqu’au 15e où j’ai senti qu’il avait un coup de moins bien alors j’en ai profité pour l’attaquer. J’étais vraiment fier d’avoir doublé ces deux grands athlètes et dans une sorte d’euphorie et j’ai terminé à bloc ce semi-marathon !
On peut donc parler d’une course pleine et d’avoir retrouvé son plaisir de courir et sa compétivité…
Oui on peut tout à fait parler de course pleine!! C’était pour moi une course de reprise puisque j’ai déjà effectué ma coupure et je fais une performance meilleure que ce dont je pouvais espérer pour le moment.
C’est vrai que j’étais vraiment heureux à l’arrivée de la course, car samedi dernier j’ai pu allier plaisir et performance, je pense aussi avoir retrouvé mon meilleur niveau!
Mais tu dois tomber en pause, non?
Non pas du tout ! J’ai fait ma coupure juste après l’Ironman de Mont-Tremblant et ma saison recommençait justement au Bahrain! Reprise sans stress au Bahrain histoire de couper un peu l’hiver.
Est-ce que cette performance change un peu tes plans?
Avec Luc nous avions décidé de faire la prochaine course sur le 70.3 d’Afrique du Sud fin janvier, et je m’y tiens. Je pense qu’il faut que je reste dans cette dynamique de plaisir, courir quand je veux et où je veux sans penser à Kona. D’un point de vue professionnel ce serait logique de tenter un ironman début 2017 pour marquer des points pour Kona. Mais la première course que je veux vraiment faire est Lanzarote. Fini de regarder les points, maintenant je vais où je sais que je vais prendre du plaisir!
Je reste aussi sur mon projet de prendre des jours de vacances par-ci par-là durant la période des fêtes pour apprendre le snowboard. Je sais maintenant qu’un bon équilibre triathlon/vie personnel est important alors je vais profiter un peu !
Moralité, que faut-il conclure de cette année 2016?
Que je n’ai pas été bon, pas très heureux non plus, mais que cela va beaucoup me servir pour la suite de ma carrière et dans ma vie de tous les jours!