Christophe Croze se fait Trimer > L’homme qui n’oublie pas les légendes.

Dans ce monde de superlatifs et de buzz, on se questionne rarement de ce que fût le triathlon. Pour la nouvelle génération, à part avec Mark Allen et Dave Scott, que sait-elle des autres? Christophe Croze, ancien triathlète élite s’est donné comme mission de créer un espace (page Facebook) afin que les pionniers du sport triple ne soient plus oubliés. En consultant ce travail d’archive, on ne peut que se questionner sur le développement du triathlon. Trimes s’est entretenue avec Christophe pour en savoir plus sur son initiative et ses impressions sur l’état actuel du triathlon.

Lien » Triathlon : plongée dans l’histoire avec les légendes à bord


 Tu es derrière la page Facebook : plongée dans l’histoire avec les légendes à bord. Peux-tu nous dire ce qui t’a motivé à faire cette page? Est-ce que tu es nostalgique de cette époque?

J’ai effectivement créé ce groupe il y’a maintenant presque 2 ans. Au départ, il s’agissait tout simplement de réunir quelques anciens collègues pros avec qui j’avais évolué durant ma carrière de triathlète et partager de bons souvenirs. La page a immédiatement connu un immense succès et de nombreuses légendes des années 80 à 2000 ont rejoint le groupe. Il semblerait que notre sport était en demande d’un volet plus historique et mon groupe est venu combler ce manque. Depuis, l’aventure continue et nous nous amusons bien !!!

En ce qui concerne la nostalgie, non, je ne suis pas nostalgique du tout. Dans la vie on ne peut pas être et avoir été et il faut savoir tourner les pages et les chapitres du roman de sa vie. Nous avons eu la chance de vivre les années charnières de notre sport dans un esprit de pionniers et nous nous sommes tous fait bien plaisir. Je conserve de merveilleux souvenirs de ma carrière, mais je suis passé à autre chose depuis 1995 (année de l’arrêt de ma carrière).

Mais, as-tu l’impression que l’esprit du triathlon original s’est perdu en route? Et que dire du passage du triathlon en sport olympique…

Pour être totalement franc, il m’est très difficile de déterminer si l’esprit originel du triathlon s’est perdu en cours de route puisque je ne fréquente plus les courses ni les athlètes d’aujourd’hui. La seule chose que je peux constater c’est que les athlètes d’aujourd’hui qui appartiennent à mon groupe semblent avoir la même humilité et la même disponibilité (pour la plupart) que les anciens. Il semblerait également qu’ils soient contents de découvrir l’histoire de leur sport.

En ce qui concerne le passage du triathlon à l’Olympisme, j’ai au contraire vu cela d’un bon œil, car cela permettait de médiatiser davantage la discipline et de trouver des fonds pour les athlètes de haut-niveau. En revanche, ce qui ne me plaît pas dans notre sport c’est l’apparition du drafting qui a totalement dénaturé l’esprit originel et qui a peu à peu changé le profil des triathlètes…

Y a 30 ans, c’était qui celui qui voulait se lancer dans le triathlon?

Nous venions, pour la grande majorité, de l’un des 3 sports qui composent le triathlon. Nous avions besoin de plus que ce qu’un seul sport était capable de nous offrir. Lorsque nous avons découvert le triathlon, le challenge s’est avéré à la hauteur de nos espérances.

Parle nous un peu de ton histoire dans le sport triple.

J’ai commencé le triathlon au printemps 1986 avec le triathlon promotionnel des Mureaux. Cette première rencontre avec le triple effort a constitué une révélation. Je me suis aussitôt inscrit dans le club de la ville que j’habitais alors, le TC Nantes.

Cette saison s’avéra être une grosse confirmation avec plusieurs victoires (9) au classement « espoirs » de l’époque. Qualifié pour la finale de la Coupe de France, j’ai eu l’immense honneur d’être contacté par Georges Belaubre pour intégrer le club de Poissy l’année d’après.

En 1987, je me retrouve donc professionnel dans la meilleure équipe de l’époque, une sacrée fierté pour moi. Par la suite, je me suis également retrouvé dans les équipes premières du Racing Club de France, du Stade Français et de Sartrouville, rien que des grands clubs. Je dois avouer avec grande humilité que je n’étais pas un grand champion avec un palmarès long comme le bras, mais un honnête professionnel qui a bien aidé ses différentes équipes à remporter de nombreuses courses.

Mais, as-tu encore un intérêt pour la nouvelle génération, entre les Gomez, Brownlee, Luis et autres français…

Oui bien sûr, je continue à aimer passionnément mon sport et je continue à regarder les courses et à suivre l’actualité. Le parcours pédestre des 2 Britanniques lors des Jeux de Rio m’a impressionné, de même que le festival Frodeno à Hawaï.

Chez Trimes, on dit qu’on a souvent la mémoire courte, on évoque certaines idées pour rendre le sport plus populaire…. Mais il l’a déjà été non?

Le triathlon est un sport qui aura toujours du mal à devenir véritablement populaire pour la bonne et simple raison que le citoyen moyen ne peut pas s’identifier aux triathlètes. Pour lui, le triathlète est un surhomme, une espèce d’extra-terrestre qui va au-delà des limites de ce qu’un individu moyen peut supporter. Pour lui, le triathlon est réservé à une élite dont il ne fait pas partie…

Et le triathlon est tombé dans un certain matérialisme, non?

Au vu des parcs à vélos et du « matos » exhibé par les concurrents de tous niveaux, j’aurai tendance à croire que oui. Toutes ces histoires de matos dernier cri, de watts et j’en passe, me font bien rigoler. À notre époque, nous ne nous embarrassions pas de tant de données et nous n’étions pas plus mauvais…

Le mot de la fin…

Il appartient à tous les triathlètes et anciens triathlètes de propager l’histoire du triathlon. Qui d’autre pourrait mieux le faire ?

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