Vingt jours quasi polaires, une bonne grippe, la mascarade Trump, et Mr propre François Fillon qui se prend les pieds dans le tapis… Cette année 2017 commence bien moyennement…
Bien chafouin, je le suis, c’est clair, d’autant que le triathlon français serait en crise aux dernières nouvelles… Tout le monde (ou en tout cas un bon nombre à en croire les réseaux sociaux…) se plaint du manque de considération des licenciés de la part de nos élus, d’une faillite de la gestion du haut niveau pour notre discipline et d’un récurrent problème de créativité / renouvellement de notre politique fédérale… Moi le premier d’ailleurs !
Pourtant, lorsque je me suis rendu il y a 15 jours à l’invitation de Florent Roy du côté de Châtenay-Malabry, haut lieu du sport français, nous étions… dix personnes et seulement trois clubs différents pour échanger, tenté d’y voir un peu plus clair et pourquoi pas apporter des solutions… Un peu court non ? Où sont les autres ?
Se plaindre, et ce n’est pas nouveau, demeure le passe-temps favori des Français. Mais quand il s’agit de mettre les mains dans le cambouis pour agir, il n’y a plus grand monde. Dans ces conditions, je me dis que, finalement, nous avons les dirigeants, les épreuves, les conditions de pratique… Bref, le sport que l’on mérite…
La France est belle, la faillite des politiques nous la rend difficilement supportable et nous fait nous méfier et même parfois nous haïr les uns les autres… L’analogie est osée, mais j’ai presque envie de dire que le triathlon est beau, mais… de moins en moins et surtout, lui aussi, de plus en plus clivant…
Pour être honnête, je ne sais pas si la candidature de Florent Roy est meilleure que celle de Philippe Lescure. Le problème de fond n’est pas là d’ailleurs. Le problème est de voir une énième élection se dérouler sans véritable débat ni réelle possibilité de peser le pour et le contre. Ce débat, c’est une erreur de penser que c’est nos élus qui en seront à l’origine. C’est à nous de l’impulser en manifestant un intérêt réel qui va au-delà de quelques phrases un peu faciles pour vilipender l’équipe en place.
À ce niveau, plusieurs sujets importants sont encore sans réponse en ce qui me concerne. Ils sont, pour la plupart, directement liés à la dérive dangereuse de notre sport vers une pratique de « bobos suffisants et incultes ».
Alors voilà, afin de savoir un peu plus ce que proposent les candidats, où ils veulent aller, avec qui et avec quel budget, je propose qu’on « mette les pieds dans le plat »… En quatre points… (pour l’instant !)
1. Aujourd’hui, la référence, c’est l’IRONMAN…
Je ne parle pas de la distance, je parle du modèle économique : Toujours plus cher, toujours plus de concurrents, toujours plus de tralala sans queue ni tête pour gonfler les égos des pauvres petits champions de quartiers que nous sommes… Et en récompense : des pompons girls, de la moquette dans les aires de transitions et un speaker pour vous crier dans les oreilles « you are an IRONMAN »… La belle affaire !
Quand et surtout comment va-t-on stopper la hausse vertigineuse du prix des épreuves sur l’Hexagone ? Comment valoriser les petites courses régionales afin qu’elles subsistent, voire fleurissent ? Pourquoi ne pas établir nos propres labels à nous pour des épreuves peu chères, bucoliques et garantes par exemple d’un nombre maximum de concurrents permettant d’endiguer le drafting ?
À quand la fin des catégories « groupes d’âge » qui ne servent à rien sinon faire du fric sur le dos de quelques-uns d’entres nous pour qui ces pseudo titres sont le Graal ultime. Est-ce si difficile de faire une course avec un podium pour les juniors, un pour les seniors et un autre pour les vétérans ? Petite anecdote (loin d’être anodine…) : Le week-end dernier, j’ai assuré le rôle de speaker pour le bike and run du Roi à Versailles. J’ai eu plusieurs personnes qui sont venues me demander s’il y avait un classement par catégories d’âges… Et une qui est partie en me montrant ostensiblement sa déception (pour ne pas dire plus), qu’il n’y en ait pas… Un simple bike and run en janvier… Une course qui ne doit servir qu’à se marrer quoi ! Non, mais où va-t-on ?
Ma vision n’est pas seulement une vision désuète et romantique, je ne crois pas… Il nous faut retrouver un peu de fraicheur et de simplicité sans quoi nous allons finir comme toutes les disciplines qui ne ressemblent plus qu’à de gigantesques machines à faire du fric.
2. La formation…
Pour avoir suivi celle-ci dans le cadre du BF4. Aucun U.V sur une quelconque connaissance culturelle de notre discipline, rien sur la formation pour apprendre à identifier et à prévenir les conduites dopantes et enfin, des lacunes énormes sur les modèles didactiques qui doivent guider nos futurs éducateurs en particulier sur trois éléments fondateurs d’une pratique pérenne et raisonnée : la connaissance et le centrage sur soi, la recherche du plaisir et enfin, l’importance du partage.
3. Veut-on réellement grandir en termes de licenciés ?
En a-t-on les moyens ? Est-ce vraiment une évolution souhaitable ? Le triathlon est un petit sport… Je trouve que c’est très bien ainsi ! C’est ce qui fait (ou faisait) son charme : une pratique de « géo trouve tout » un peu « originaux » et gentiment exubérants… Ouvrons-nous… mais à ceux qui viennent nous chercher et manifestent une curiosité et un intérêt réel pour ce qu’est notre discipline…
Le triathlon doit rester un but, pas le moyen de…
4. Enfin, le haut niveau…
Je le mets en dernier, ce n’est pas anodin, car c’est la véritable place qu’il doit tenir si on y réfléchit vraiment… Or, la critique la plus dure du mandat de P Lescure sur les réseaux sociaux se situe paradoxalement sur ce point… Un non-sens de mon point de vue…
À ce niveau, plus que d’une vision politique globale, le constat est assez simple : les résultats ne sont clairement pas à la hauteur et lorsque l’on analyse un peu sur le plan des acteurs du système, et bien, il est facile de constater que certains responsables et entraineurs ont leur pré carré depuis de lustres et que le peu de renouvellement qu’il y a, se fait avec les « amis de… ». Est-ce vraiment ça le haut niveau ? Un athlète qui se rate, il me semble qu’on ne lui fait pas de cadeau… Il serait bon qu’aux niveaux des structures d’entrainements fédérales, certains se posent les bonnes questions et fassent leur propre bilan…
Florent Roy pose la question de « quelle fédération pour le triathlon de demain ». Sur pas mal de points, je pense que nous ferions bien de regarder un peu dans le rétro pour voir ce qui donnait à notre sport ce goût si particulier qui, j’en ai peur, lentement mais surement, se dissout peu à peu…
Certes, nos élus ont une responsabilité et l’enjeu de l’élection qui arrive est réel. Impulser une politique, c’est donner une direction, un élan, voire une philosophie… c’est tellement essentiel…
Cependant, j’ai la naïveté de croire que c’est la communauté des triathlètes qui a le pouvoir de dessiner réellement les contours de sa discipline… Et chez nous, c’est une réalité, il y a de plus en plus de pratiquants qui vont au bout du monde chercher leur part de gloriole, passent un nombre d’heures incroyables à s’entrainer, dépensent des cent et des milles dans du matériel haut de gamme… mais sont incapables de trouver cinq minutes afin de se proposer, d’aider, en un mot, de participer à la vie de leur club autrement qu’en assistant aux entraînements…
Lorsque le « triahtlète consommateur » devient lui même la caricature de la société dans laquelle il baigne, il met en péril toute la beauté originelle de ce merveilleux sport…
À méditer…