Derrière une grande course, il y a un organisateur. En juillet prochain, le triathlon EDF de l’Alpe d’Huez y tiendra déjà sa douzième édition. Trimes s’est entretenu avec l’un des rares organisateurs qui est aussi accessoirement un ancien champion du monde LD, soit Cyrille Neveu.
Cela sera déjà la 12e édition du triathlon d’Alpe D’huez, comment tout cela a commencé?
Comme souvent dans ces cas-là, c’est un ensemble de circonstances qui nous a mené à créer le Triathlon de l’Alpe d’Huez. Cela faisait longtemps déjà que la station de l’Alpe d’Huez était mon partenaire. Et j’avais envie de prolonger cette collaboration au-delà de ma carrière sportive. Par ailleurs, ayant beaucoup arpenter la région durant des années, je m’étais rendu compte que nous disposions d’une configuration exceptionnelle dans l’Oisans, avec le lac du Verney (centrale hydroélectrique EDF de Grand’Maison), les mythiques 21 virages du Tour de France et une station offrant des infrastructures d’accueil exceptionnelles. La première édition fût un test pour tout le monde, à commencer par moi. Nous avions beaucoup à prouver, mais tout s’est bien déroulé et les triathlètes ont tout de suite adhéré au concept. Nous avons rempli la course (nous ne proposions que le format CD à l’époque), avec 500 participants.
Mais j’imagine que la course est née d’un désir… Puisqu’à l’époque tu étais encore pro, j’imagine qu’il y avait aussi une volonté de proposer des manières de faire que tu retrouvais ailleurs?
Evidemment, ce qui n’existait pas encore, c’est surtout un triathlon dont le parcours emprunterait les 21 virages. Comme tu le sais, j’ai toujours apprécié les courses avec beaucoup de dénivelé, et à l’époque il y avait déjà Embrun, Nice, Gérardmer. De grosses références. Après, c’est sûr que tout au long de ma carrière, j’ai eu l’opportunité de vivre et d’expérimenter des centaines de courses et d’organisations différentes… Cela m’a beaucoup servi pour fixer très tôt des standards sur notre épreuve. J’imagine que c’était facile pour moi de me mettre à la place des triathlètes. La sécurité, les ravitaillements, l’accueil et la proximité sont des fondamentaux. Pour ce qui est de l’accueil des pros et des élites, je crois aussi que nous avons une approche qui nous est propre. Nous sommes très accueillants, nous offrons beaucoup de facilités aux élites, les prize money sont intéressants, mais nous ne versons jamais de primes de départ. Les triathlètes, quels qu’ils soient, viennent d’abord par aspiration. Après 12 ans, je pense que nous y sommes : il y a un esprit Alpe d’Huez, une organisation professionnelle mais un vrai soucis d’authenticité.
D’ailleurs, avec le temps, as tu le sentiment que la communauté a oublié l’athlète en toi? tu as quand même un sacré palmarès…
Merci ! D’abord, je dois dire que je ne cours pas derrière ma reconnaissance comme « ex-champion ». Ce n’est pas vraiment dans ma personnalité. Je suis ravi de rester connecté au milieu, comme consultant que j’ai été pour Canal+ par exemple ou à travers l’Alpe d’Huez. Tu sais, pas mal de triathlètes continuent de me parler de mon titre de Champion du Monde à Nice, ou aiment échanger sur cette époques, les années 90 et le début des années 2000. Le triathlon était en pleine explosion, et nous étions au milieu de toute cette effervescence. Il y a avait une belle énergie, et encore une certaine innocence. Bref, si la communauté m’oublie je l’accepterai sans problème, mais le fait est que je n’ai pas l’impression que ce soit encore le cas !
La course a su se forger une réputation internationale, elle figure fréquemment dans le top des courses à faire dans les médias internationaux, selon toi, qu’est-ce qui en fait son succès?
Je dirais qu’il y a trois éléments forts. D’une part, et c’est indiscutable, la notoriété internationale de l’ascension de l’Alpe d’Huez a beaucoup compté. La plupart des triathlètes sont amoureux de cyclisme, la tentation est grande pour eux de venir se mesurer à la légende. C’est bien pour cela que nous avons des triathlètes du monde entier présents chaque année, y compris venus de l’hémisphère sud. C’est tout de même un sacré privilège de pouvoir « grimper l’Alpe » en condition de course. Près de la moitié des participants sont étrangers. C’est une vraie fierté pour nous. La deuxième raison vient peut-être des mêmes standards auxquels je faisais référence juste avant. Dès le début, nous avons beaucoup investi dans les structures et dans l’accueil. C’était indispensable, non seulement parce que nous en étions convaincus, sinon pour répondre aux attentes de la station, qui est tout de même habituée à accueillir d’énormes événements sportifs comme la Mégavalanche ou le TDF. Cela nous a donné une certaine stature, rapidement. Enfin, depuis toujours, nous bénéficions d’une belle couverture de la part des médias spécialisés français et internationaux. Il ne nous reste plus que Trimes à convaincre de venir !
L’ironie est que la course va pratiquement a contre sens de la tendance actuelle internationale, puisque les nouvelles épreuves favorisent les parcours très roulant…
Oui, mais cela n’est pas le cas en France. Au contraire, l’essor de belles épreuves comme le VentouxMan, Le Natureman, Le Triathlon du Salagou ou même l’Alpsman dans la catégorie « extrême » me font penser que les triathlons ardus ont encore de beaux jours devant eux. Du moins je l’espère. Regarde ; Embrun ou Gerardmer ne donnent pas l’impression de faiblir ! Ce qui est vrai, c’est qu’aujourd’hui en France les triathlètes on l’embarras du choix, et c’est tant mieux s’il y en a pour tous les goûts. De notre côté, nous continuons à progresser, petit à petit.
Cela est peu mentionné, mais tu as repris les droits sur la course au groupe international IMG. Est-ce que tu peux nous expliquer le pourquoi et la signification?
Tu as raison, j’ai repris 100% des droits de la course en 2016, après une belle aventure en commun avec IMG. Honnêtement, travailler avec une agence comme IMG nous a permis de rentrer dans une nouvelle dimension. Le développement de la course et sa professionnalisation se sont basés en grande partie sur cette association. Nous nous occupions des opérations, ils géraient tous les aspects marketing. Nous avons énormément appris à leur contact, même si cela n’a pas toujours été facile, avec des visions parfois un peu antagonistes. La principale raison de notre séparation sont les nouvelles orientations stratégiques de l’agence, et le fait que l’épreuve ne correspondait plus vraiment aux besoins du groupe. Ce n’est pas un drame ! Et nous maintenons une très bonne relation personnelle avec l’équipe d’IMG France. Ils sont toujours dispos lorsque nous avons besoin d’un petit coup de main et la transition se déroule pour le mieux. L’édition 2016 a été un très bon cru !
A quoi faut-il s’attendre pour 2017, est-ce qu’il y aura des nouveautés?
Pas de « grosse » nouveauté cette année. Néanmoins, ça bouge quelque peu côté sponsor, et cela aura certainement une influence (positive) sur l’expérience des participants. Vous en saurez plus très prochainement !
Est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose?
Merci à TRIMES pour votre intérêt. Et merci à tous les triathlètes qui nous sont fidèles ! Nous sommes en avance sur les années précédentes en terme d’inscriptions et cela nous fait chaud au coeur. Pour ceux qui ne se sont pas encore décidés, n’oubliez pas 2 choses. Nous avons différents formats de courses qui rendent l’épreuve vraiment accessible à tous les triathlètes attirés par le défi de l’Alpe d’Huez. Et les tarifs augmentent fin février!