Puisque les sports fédérés s’articulent principalement autour des Jeux Olympides, la première année d’un nouveau cycle est perçue comme la saison de transition. De nombreuses vedettes choisiront de déserter la série mondiale quelque temps pour essayer de nouvelles expériences.
C’est d’ailleurs le cas avec l’actuel champion olympique, Alistair Brownlee puisqu’il souhaite prendre part au circuit Ironman 70.3 cette année. Même si l’ont peut s’attendre à le voir au départ de Leeds WTS ainsi qu’à la grande finale, son frère, Jonny devra faire, pour le moment, sans lui.
D’ailleurs, dans cette fameuse année post-olympique, l’absence annoncée d’Alistair provoque le scénario inverse. Que cela soit Javier Gomez, Jonny Brownlee mais aussi Richard Murray, Henri Schoeman, Mario Mola, ils ont tous mentionné leurs intentions de jouer à fond la carte du titre mondial. D’ailleurs plus d’une dizaine d’athlètes, dont les Français et les Australiens, souhaitent jouer à fond la carte du classement mondial. Pour cela, il faudra être plus présents sur le circuit et régulier en termes des performances.
Sans la pression olympique avec l’obtention d’un dossard et d’une sélection, les athlètes veulent profiter de leur liberté retrouvée afin de faire leurs marques.
Jonny Brownlee, l’homme sans titre ou presque…
Si le nom Brownlee est synonyme de succès et de domination, malgré ses titres mondiaux en sprint (2) et U23 (en 2010), Jonny n’a remporté qu’une seule fois la titre mondial de la WTS (2012). Depuis, on pourrait même parler de malédiction. En 2013 et 2014, le titre lui avait passé entre les doigts lors durant les courses clôturant ces saisons. Et puis sans son coup de chaud à moins d’un kilomètre de l’arrivée lors de la Grande Finale de Cozumel, les choses seraient différentes.
Le double médaillé olympique souhaite changer les choses pour 2017. Comme on peut le lire dans le Métro (édition britannique) « cette année sera plus relaxe que 2016 parce que tout ne se jouera pas sur un jour comme avec les Jeux olympiques … je veux être champion du monde et faire Leeds, il y aura moins de contraintes cette année … j’espère passer plus de temps à Leeds. Pour moi, personnellement, je souhaite rester en triathlon pour les quatre prochaines années tant que le corps tiendra », dit Jonny.
Si son frère laisse son trône, la succession ne sera pas automatique.
Lorsque les deux frères sont réunis, ils ont toujours su imposer leur style et repousser ce que l’on croyait possible de faire en termes de dynamique. Lors de la course de Stockholm 2014, les deux frangins ont pratiquement roulé seuls l’intégralité du vélo (en excluant la chute de leur compagnon et ailier, Richard Varga) pour franchir la ligne avec plus d’une minute d’avance sur les autres. Cela leur a permis de faire comprendre à leurs adversaires qu’ils étaient mieux de collaborer avec eux puisqu’ils n’avaient pas besoin d’eux pour gagner.
Depuis plus d’une demi-décennie, les Brownlee offrent des efforts pleins dans toutes les disciplines afin d’éliminer de la course toutes adversaires ayant une simple faiblesse dans l’eau ou à deux roues. Si leur adversaire historique est Javier Gomez, il existe une sorte d’accord entre gentleman qui impose un travail partagé à vélo et que seule la course à pied décidera du résultat final.
Pour 2017, la conjoncture sera nettement plus incertaine puisqu’il ne pourra plus compter sur l’aide de son grand frère. Si Alistair savait dicter sa loi et obtenir la coopération des autres, Jonny a aussi hérité de son don, mais dans son cas, il devra se trouver de nouveaux alliés. Cette aide pourrait venir de l’Australien Aaron Royle puisqu’il aurait décidé de rejoindre le squad de Leeds. En gagnant la grande finale et la médaille de Bronze et habituel compagnon d’échappée de Jonny, le Sud-Africain, Henri Schoeman est désormais une menace dans le plan habituel. On espère aussi que les Français, Vincent Luis, Pierre Le Corre et Dorian Coninx pourront aussi jouer aux trouble-fêtes.
Des adversaires mieux préparés?
La force des Brownlees, s’est d’avoir imposé un régime. À chaque course, ils ont su convaincre leurs compagnons d’échapper de rouler avec eux et même si cela n’était pas totalement de leurs intérêts. Cela leur a permis de cloisonner des athlètes comme Richard Murray et Mario Mola.
En connaissance de cause, on voit de plus en plus des athlètes former des nouvelles alliances. Si certains squads sont désormais plus restreints, l’objectif de réussite est de plus en plus collectif et passera forcément par une entraide durant la course.
Sommes-nous réellement en pleine mutation et à la fin d’une ère, les premiers indices seront connus dans moins de deux semaines lors de la série mondiale d’Abu Dhabi.