Dr Trimes, je souhaite faire un marathon un mois avant mon Ironman 70.3, quels sont vos conseils pour bien aborder ces deux compétitions.
Le triathlète a effectivement l’avantage et le désavantage d’être versatile dans sa pratique sportive. D’ailleurs, certains osent dire que le triathlète n’est en fait qu’un athlète moyen dans trois disciplines. Il y a une part de vérité dans cela. Dans les trois sports, la demande est simplement différente. La natation doit être faite tout en vous permettant d’enchainer rapidement. Sur le vélo, il faudra gérer son effort pour garder assez d’énergie pour la course à pied et dans cette dernière discipline, vous devrez réussir à courir correctement sous une fatigue accumulée.
La vérité absolue est qu’il est important de se faire plaisir. Si courir un marathon est un véritable besoin pour vous, allez-y.
Pour beaucoup, cette tentation vient en premier lieu par le besoin de valider une capacité. Courir un PB met toujours un athlète en confiance, mais ironiquement, effectuer un marathon a un impact aléatoire sur la psychologie de l’athlète. À cause de la projection, le challenge d’un ironman peut paraitre encore plus insurmontable.
Rares sont ceux qui sont capables de s’aligner à une course en l’abordant vraiment comme un entrainement et en acceptant de sous performer. Selon plusieurs spécialistes, il faut courir à 93% de ses capacités maximales (projection temps marathon) afin de récupérer rapidement. Alors on vous conseil de faire un marathon avec comme objectif d’accompagner un autre coureur avec un niveau plus faible. Il agira comme limitateur et vous comme motivateur.
Sachez tout de même que oui, certains réussissent tout de même ce double challenge. Cela s’explique avant tout par une capacité à effectuer une importante charge d’entrainement. Plus l’athlète s’entraine, plus il est en mesure d’encaisser des efforts imposants.
Mais maintenant, on va vous expliquer pourquoi il est préférable de ne pas courir de marathon.
Les bonnes priorités » Un athlète a souvent tendance à vouloir rechercher la performance optimale sur toutes ses courses. À moins d’avoir un volume assez conséquent, cela est impossible.
En vous inscrivant à un marathon, il y a un risque que vous changiez votre répartition entre les trois sports pour mettre l’accent sur la course à pied en pensant que cela vous permettra aussi de faire des progrès dans ce secteur pour le triathlon.
À moins d’être un grand cycliste, cette logique est pourtant contre productive. Elle risque de vous mettre en retard sur votre planification avec une charge progressive pour le vélo.
En longue distance, c’est une règle d’or, il est impossible de bien performer si l’athlète n’a pas fait le travail à deux roues. Sur 70.3, un athlète doit facilement être en mesure de rouler 120 km et sur Ironman, les 180 km ne doivent plus être vu comme un challenge. Cela demande généralement une charge hebdomadaire entre 300 et 450 km pour bien performer lors des dernières semaines avant votre triathlon LD.
Le risque de blessure et de disponibilité » Courir un marathon reste très traumatisant. D’ailleurs, on récupère généralement nettement plus rapidement d’un ironman par le fait qu’en triathlon LD, les dommages sont limités puisqu’on est déjà sous fatigue. La vitesse est donc moins grande.
Après un marathon, pour la majorité des athlètes, il faut compter entre 2 à 4 semaines sans course à pied. S’il est possible de nager ou de faire du vélo entre temps, cela vient tout de même compromettre votre planification.
Aussi, que cela soit avant, pendant et après, vous augmentez le risque de blessure. Le triathlète n’a pas la densité osseuse des meilleurs coureurs. Alors en voulant suivre les volumes prescrits par des plans spécialement fait pour des coureurs, vous augmentez les risques de blessure.
Au final, oui, le marathon, c’est la vrai fausse bonne idée.